7 lettres tracées à la peinture blanche, 7 lettres presque effacées à force de passage sur la chaussée défoncée par une vague successive de travaux, un PASSAGE en face du numéro 24 devant le portail vert sale qui ne s’ouvre que rarement, il y a souvent une voiture garée sur le PASSAGE, il n’est pas sage de se garer sur le PASSAGE qui à une lettre près aurait pu devenir paysage ou massage ou encore passade. C’est un lieu de transition de l’espace public vers l’espace privatisé, PASSAGE écrit devant une porte, pléonasme…D’où vient cette nécessité de définir ce que l’on voit. On aurait pu écrire « ne pas se garer devant la porte » « stationnement interdit » PASSAGE n’interdit rien, il s’efface, le jour où il aura disparu est ce que le passage disparaitra ? Le mot a été écrit avant que la chaussée ne soit découpée, le G est coupé en deux, le E séparé des autres lettres. Les lettres utilisées ne sont pas les même que celle du mot PAYANT, qui choisit la police des lettres urbaines ? Existe t-il une typographie spécifique à chaque ville ? C’est un mot dessiné sur la chaussée entre les parenthèses inversées des lignes de délimitation des places de stationnement, c’est un mot qui passe de l’ombre à la lumière quand le soleil passe dans l’impasse.
quel beau mot que passage et dont l’étrangeté d’être inscrit là est si bien rendue.
c’est juste comme un petit signal, une prière, et peut être plus efficace qu’une interdiction
c’est surtout une belle construction de mots