Je me suis dédoublée. J’ai cessé de me laisser porter. Pas d’accord. Le Je indéfini flottant dans l’espace. J’avais la voilure d’un questionnement incessant. Je suis passée à la phase d’attaque. Pas d’accord. Je me suis cachée la nuit j’ai épié. J’ai dit la vérité simple et vraie. Pas d’accord. J’ai utilisé les mots miroirs glaçants effrayants. Pas d’accord. J’étais juste dans la peur et la dérision. D’accord. J’ai réglé la dose de sensibilité sur effroi. D’accord. Je me suis retirée d’emblée du grand jeu. J’ai roulé le tapis volant incandescent. Me suis réfugiée à l’intérieur. J’ai exercé ma lucidité sur autrui. Me suis réfugiée dans les forêts obscures. Ai attribué un état d’âme à chacune de mes pensées. Me suis maintenue dans l’intériorisation qui retient la vie. J’ai déconstruit mes propriétés pierre par pierre.
J’ai débarqué, j’ai marché. On m’a tendu un ballon. Je l’ai pris, ai ouvert les doigts. Je suis passée au travers des fenêtres je me suis enfermée. Différemment je me suis demandée. J’ai regardé en silence dans mon corps j’ai été appréhendée. Je n’ai rien demandé sinon à mes autres je me suis tue. Dans la ronde j’ai participé. Je me suis tue. Désapprouvée je me suis exclue. Je suis entrée dans le silence des mots. J’ai réfléchi j’ai fait sans réfléchir. J’ai fait avec application. Je suis indéfinie. Suis mélangée. Ai bâti un radeau. J’ai dansé. Ai cru. Je me suis tue. J’ai été manipulée. Ai suivi peine perdue. Tenu de beaux discours pour me démarquer. Parfois ai cru savoir j’ai été embarquée. Je me suis arrêtée. J’ai traversé. J’ai écouté. Ai compris. Je n’ai pas compris. J’ai été sujette à des angoisses sous des dehors calmes. Montré les dents sous d’autres inexistants. j’ai regardé derrière le buisson de myrtilles et celui de cassis. J’ai approuvé. Comparé. Dans la pinède enflammée j’ai été utilisée. Me suis tue.
J’ai quitté le royaume des faux complices j’ai vagabondé seule et sur les côtés j’ai compris je n’ai rien compris. J’ai ouvert les yeux et les pages intérieures à lire et à noircir. J’ai embarqué sur une Underwood pour le plaisir de noircir j’ai noirci. Et des cahiers j’ai bleui. J’ai rimbalblémis j’ai maldoré les champs j’ai marché. Je me suis tue. J’ai été perplexe sur toutes les affaires. J’ai lâché. Je me suis retirée. J’ai été tranquille. J’ai été prise de folie savamment contenue. J’ai contenu. J’ai loupé le coche de la révolution j’ai pris l’ennui et le soleil de mai. J’ai été terrassée.
Scission. Je me suis perdue dans un couloir muré. Restée collée un bon moment il ne s’est rien passé. Abandonnée des dieux je suis partie pour obéir ma vie. J’ai connu je n’ai pas connu. Je suis montée dans le train assigné. J’ai suivi la valeur travail et elle seule. J’ai dit oui. Je n’ai pas dit oui.
Je me suis concertée. Me suis enfuie. J’ai marché. J’ai recommencé j’ai aimé. Je n’ai pas aimé. J’ai travaillé j’ai appris. Je me suis perdue. J’ai transpercé. Je me suis assise à l’intérieur j’ai reconnu. J’ai déchiré la paroi, été au cœur. J’ai compris. Je n’ai pas compris. J’ai théâtralisé. Seule en scène, je n’ai pas interrogé. Par deux fois, enchantée je me suis dédoublée. J’ai joué le jeu, j’ai réfléchi.
Fracturée j’ai coulé ai admiré l’essence de la beauté.
Je me suis conduite-intérieure prison j’ai appris. J’ai récapitulé, été jetée, j’ai défait les nœuds, ai reculé. J’ai vu les aigles de ma vie s’envoler et munie des traces je suis partie. J’ai poussé la porte rouillée, cherché une terre d’accueil où noircir recouvrir recommencer. J’ai compris je n’ai pas compris. Je me suis arrachée les yeux pour comprendre connaître savoir pour rien je suis partie. J’ai déconstruit. J’ai extrait tout ce qui pouvait l’être, mis à nu avant l’heure. Je me suis dit d’accepter d’ordonner de trouver le corps, brûler l’ennui replacer la vie je ne sais pas où j’ai été prévue. Je n’ai rien vécu de ce qui m’a appelé. Je regarde pour voir par où je vais bloquer le chemin de la mite insaisissable. Je le noirci dans le confort et l’inconfort, je l’écris. Je virevolte alentour pour le vivre sans la prise de part. Souvent je l’ai vomi l’ai enflé l’ai exploré l’ai expectoré. J’ai pris appui sur des rebords de feuilles en guise d’échafaudages. Je n’ai pas emprunté les sentiers correspondant aux bonnes munitions. En guise de salut j’ai poussé la porte pleine de terre et le refus de renoncer a été mon acceptation . Je n’ai pas emprunté les sentiers correspondant aux bonnes munitions. L’ai écrit l’ai donné pour rien l’ai tendu aux vers qui gigotent avec obstination. Réussi le nuisible. Raté l’important. Enfermée, je me suis tenue devant le mur transpirant et dur.
Je me suis écartée du je. Je n’ai plus joué le jeu. J’ai tendu ma faible part, j’ai noirci rejet transformé, j’ai crû …
Votre JE est très puissant , je trouve, jusque dans les doutes, regrets, bifurcations … ce JE de l’écriture. Merci !
Merci Déneb décidément. Je vais me rendre chez vous de ce pas.