#anthologie #24 | femme qui dort

Elle dort. Je crois qu’elle ne fait pas semblant. Ses paupières tremblent, s’entrouvrent furtivement avant de se refermer, comme si le rêve était trop à l’étroit derrière ses yeux fermés. Son récit cherche une porte de sortie. La bouche articule des phrases incompréhensibles. Parfois, un mot plus clair émerge, mais il est rapidement englouti par le flot incohérent des paroles.C’est Continuer la lecture#anthologie #24 | femme qui dort

#anthologie #31 | Faire parler les morts

Dites-moi, pourquoi vous vous mettez à parler, maintenant que vous êtes morts ? Probablement parce qu’on ne nous donnait pas souvent la parole quand nous étions en vie. Comment vous appelez-vous ? Ça, on ne le sait pas très bien. En arrivant ici, on a changé nos noms. Le mien est Sel à présent. Très bien, Sel. Que faisiez-vous sur la terre ? Continuer la lecture#anthologie #31 | Faire parler les morts

#anthologie #29 | pas un simple oubli

…Il voulait lui dire, n’avait pas réussi, elle viendrait, elle verrait. Je quitte la nationale pour le petit chemin Il y a trois façons d’arriver au village je choisis de préférence le petit chemin qui est goudronné seulement au début et qui n’est pas entretenu je suis secouée dans les ornières Je n’aime pas la route du bas qui quitte Continuer la lecture#anthologie #29 | pas un simple oubli

#anthologie #31 | Sur les bords de l’audible

J’aurais bien envie de me taire. Ce serait bon une chape d’argile, ou de chaux, elle pourrait être une simple sourdine ce serait déjà ça, l’espace d’un papier froissé pour faire virer les mots en murmures. Puisqu’il faut parler, puisque tu écoutes de tout ton chagrin – depuis mon empreinte dis-tu, mais que savent les vivants des traces qu’ils gravent Continuer la lecture#anthologie #31 | Sur les bords de l’audible

#anthologie #31 | parti

Il y a presque quarante ans, je suis mort. Mais aujourd’hui on dirait plutôt : il est parti. Ce n’est pas faux, puisqu’il y a ceux qui restent. Et toi en particulier. Comme tous ceux dont j’étais proche, tu n’y as pas cru: quand tu as appris, tu as pleuré, la nouvelle a tourné dans ta tête, tu as tourné en Continuer la lecture#anthologie #31 | parti

#anthologie #23 | la voisine et Bruno

C’est ici qu’on habite. L’appartement aux murs blancs sur lesquels on n’a rien accroché encore alors que cela fait trois ans qu’on y habite parce qu’on doit choisir à deux et on a souvent eu des désaccord sur les choix esthétiques alors on n’a toujours pas pris le temps de se poser pour pouvoir choisir ce qu’on pourrait accrocher, les Continuer la lecture#anthologie #23 | la voisine et Bruno

#anthologie #31 | après je pars

Puisqu’on parle de moi, je voudrais préciser deux trois choses. On parle de moi. Pas de lui, pas d’elle, pas de lui non plus. On parle de moi mais ce moi leur est inconnu. Il faut mettre du papier bulle autour de ces assiettes, il ne faudrait pas qu’elles cassent dans le carton. Et cette lampe à pétrole pourquoi personne Continuer la lecture#anthologie #31 | après je pars

#anthologie #18 | de photomaton en photomaton

Le photomaton dans le métro de Marseille Que là, quand tu es déjà fatiguée avant de sortir de la maison et puis extenuée avec les deux enfants sur toi et le périple dans le métro de Marseille, avec changement de ligne à Castellane sans escaliers roulants et que tu reviens de l’école, de la crèche et du pédiatre et qu’il Continuer la lecture#anthologie #18 | de photomaton en photomaton

#anthologie #31 | butée

j’avais une névralgie à la main, j’étais en train d’écrire une carte postale (rose verte rouge – j’aime assez les cartes postales), c’est venu tout à coup. Ou alors j’étais en train de prendre en photo le deux cent dix de la rue (si tu veux, je peux te décrire cette image-là mais le mieux serait de te l’envoyer, mais Continuer la lecture#anthologie #31 | butée

#anthologie #31 | Un mort à la table familiale

Note : les phrases en italique sont les dernières de mon texte 26 « Les bruits et les voix de la culpabilité » Étienne s’est arrêté. Il n’entend pas le « hou hou, hou » de la chouette hulotte, ni le chuintement de la dame blanche, ni le coassement des grenouilles du bassin, pas plus que les jappements du chien du voisin. Dans ses genoux Continuer la lecture#anthologie #31 | Un mort à la table familiale