#anthologie #37 | le jour où je vis

Je vis que je n’étais pas morte. C’était dans cet appartement disparu depuis, celui qu’on voit dans l’album, j’avais encore un reflet, même une ombre, seulement je ne me ressemblais plus : l’air de quelqu’un d’autre, avais-je pensé en me croisant dans le miroir. J’aurais pu passer pour ma propre sœur, même mon frère, – je crois que le genre Continuer la lecture#anthologie #37 | le jour où je vis

#anthologie #38 | Annecy 28 juin 1944

Cette date ne serait jamais arrivée ici s’il n’avait pas fallu: Tout ceci ayant été réalisé à partir de quelques consignes ayant conduit durant l’été 2024, près de quatre-vingts ans après les faits rapportés de la tentative d’arrestation de l’oncle par la Milice ou la Gestapo, à rassembler de manière aussi aléatoire que ludique des images, des idées, des informations, Continuer la lecture#anthologie #38 | Annecy 28 juin 1944

#anthologie #37 | Le petit chien blanc

JE VIS le petit chien blanc, un caniche entièrement frisé, trottiner en devançant  sa maîtresse de quelques mètres. Sur le chemin de halage j’avançais rapidement en marche nordique à l’aide de mes bâtons. Nous parlions peu avec ma compagne de promenade, concentrées sur le rythme de nos pas. Au retour nous avons vu le petit chien nageant au milieu du Continuer la lecture#anthologie #37 | Le petit chien blanc

#anthologie #37 | Secteurs thérapeutiques

Je vis un jour à l’hôpital Camille Claudel, une vieille femme très maigre, autour de 80 ans, qui marchait seule dans le couloir en chancelant, vêtue de sa robe de chambre tâchée. Elle s’avançait comme moi vers la salle à manger. Sur les tables, des barquettes en plastique, des couverts en plastique, des gobelets en plastique. Comme elle n’arrivait pas Continuer la lecture#anthologie #37 | Secteurs thérapeutiques

#anthologie #37 I là-bas; ici

JE VIS au fond de la verrière, celle du café restaurant récemment installé dans la cour de l’aître, je vis, un mur végétal vivant, sorte de jardin vertical, un rideau de jungle. Pas de fleurs, seulement de la verdure. Des feuilles dans leur diversité foisonnante – carex, hostas, fougères, fétuques… – un patchwork en camaïeu de verts, du plus tendre Continuer la lecture#anthologie #37 I là-bas; ici

#anthologie #36 | noir et blanc

aller y voir de prèsellipses suspens dimensions dilatations | frontières malléables | limites floues des prairies et du vent | où vais-je porter les yeux à présent qu’ils se sont rencontrés ? très haut du côté des nuages qui modifient l’ampleur du ciel ou alors au ras de l’herbe autour des corps enlacés ou alors depuis la plateforme de l’observatoire qui propose Continuer la lecture#anthologie #36 | noir et blanc

#anthologie #35 | la femme aux mots empêchés (2) : voix-off

QUARTIER DU CARMEL. Il est 13h40. Deux femmes entrent dans l’église. Signes de croix. Vendeuse de fleurs sous un grand parasol. Une femme marche. Voix off : C’est la femme qui avale les visages Soleil rond yeux rond tête ronde Ciel bleu couteau Dans l’air l’odeur soufrée du volcan …les mots roulent dans ma tête roulent de ma tête à ma Continuer la lecture#anthologie #35 | la femme aux mots empêchés (2) : voix-off

#anthologie #36 | Trop lente

(un autre point de vue dans Silence d’été ) Elle entre dans le grand sombre, il est là, droit devant, sa fraicheur l’appelle. Le soleil est trop chaud. Elle le sait, ses dix sept jours d’existence lui ont donné toute la sagesse du monde. Elle le sait quand le ciel brule dans ses dizaines d’yeux il faut rejoindre l’ombre. Jusqu’à Continuer la lecture#anthologie #36 | Trop lente

#anthologie #37 | Dans ma lorgnette

Je vis une pile de livres, la plus haute sur le plateau porté par deux tréteaux. Couverture blanche avec un à-plat rouge. Love story ! Ça ne pouvait pas mieux tomber. Au bout d’une semaine, ils m’avaient demandé un papier, je ne sais plus lequel ; ce ne pouvait être un « extrait de naissance », comme on dit en raccourci, ils en avaient Continuer la lecture#anthologie #37 | Dans ma lorgnette

#anthologie #37 | la foi et la loi

JE VIS un type sortir de cet immeuble de la via Monte Nevoso, c’est à Milan, d’autres avant lui d’autres y étaient entrés, ils portaient des sacs, des valises, des caisses. Ils vivaient là ou ailleurs, je voyais dans leurs yeux quelque chose comme de la fierté de l’espoir ou de la peur. C’était assez mêlé, tout allait ensemble il Continuer la lecture#anthologie #37 | la foi et la loi