90*64 – noir et blanc – format paysage.
La photo est petite, mal centrée avec un cadre trop large en bas. Une empreinte de doigt marque le haut de la photo, une trace de brûlure brunit la marge à droite. Une petite fille d’un peu moins de 4 ans est penchée sur un berceau de bois. Derrière elle, une gazinière en tôle émaillée blanche, boutons noirs saillants, porte du four aux rebords arrondis. On est dans une cuisine mais la petite fille a un bonnet de laine sur la tête, bien noué sous le menton. Un bonnet tricoté au point de claie, barré d’une frise géométrique en jacquard et surmonté d’un drôle de pompon qui ressemble à un tambour avec la même frise en miniature. Elle porte une veste épaisse, tricotée au point de riz. De ses yeux baissés on ne voit que les paupières et les longs cils noirs. Elle a un léger sourire, l’une de ses mains est accrochée au berceau, l’autre s’approche du visage du bébé.
Au dos de la photo, une date, 1963.
240*180 – noir et blanc – format paysage.
C’est deux photos de classe prises à un an d’intervalle. 1964, 1965. Sur la première, la même fillette est assise à côté d’un petit garçon aux oreilles décollées. Elle est penchée en avant, les bras croisés sur le bureau, le menton posé sur les mains. Elle a les cheveux courts, les yeux brillants et le regard espiègle. Elle porte une veste de laine claire aux manches remontées jusqu’aux coudes. On ne voit qu’une partie de la salle, les bureaux sont accolés et disposés en U. Onze enfants tous souriants sauf le petit du fond, deux filles seulement. Des manteaux pendent sur le mur à côté de la porte, sur une étagère des plantes vertes, et derrière les plantes, un chevalet sur lequel sèchent des peintures.
Sur la deuxième photo, la fillette a la tête inclinée vers la droite et le regard triste. Sa blouse à double rangées de boutons est boutonnée jusque sous le menton. L’une de ses mains repose sur le chiffon qui permet d’effacer l’ardoise de carton noir qu’elle a devant elle. Son autre bras est masqué par la tête de sa voisine de devant. Elle est assise au troisième rang de la deuxième rangée. 23 filles, 4 rangées de pupitres séparés par une allée. Sur chaque pupitre, un crayon retenu dans une rainure, l’ardoise, une craie blanche, une éponge rangée dans une boite ronde, et, dans un trou percé à cet effet, un encrier de porcelaine blanche. Les murs sont nus. Toutes les petites filles sont vêtues d’une blouse à manches longues, sauf une, en robe vichy à manches courtes avec une large cravate unie.
90*90 – couleur – format carré.
Une autre photo. Une jeune fille assise sur un muret sur fond mer bleue et ciel d’azur. Derrière elle, les grandes mains couvertes de piquants d’un figuier de barbarie semblent la montrer du doigt. Rien ne permet de reconnaître en elle la petite fille des photos noir et blanc. De longs cheveux bruns dont une mèche est retenue par une barrette orange cachent partiellement le visage. Un sourire à peine esquissé glisse sur les lèvres. Elle ne regarde pas l’objectif. Les chevilles sont croisées, un des sabots à semelle compensée pend au bout de son pied. Une jupe jaune plissé soleil s’étale sur les genoux. Les épaules sont enroulées vers l’avant comme pour protéger les seins moulés dans un tee shirt orange.
Au dos, le stylo a bavé. Juillet 1974. Vue du jardin exotique sur la Méditerranée.
J’aime beaucoup la précision des descriptions, l’attention portée au corps.. L’émotion naît de la sobriété . La jeune fille en couleur après les photos en noir et blanc…déjà une histoire.
On sent que c’est la même qui se penche sur le berceau, qu’on retrouve en classe et qui finalement penche la tête et rentre les épaules assise sur le muret. Tout un parcours, tout un début de vie… Toute une personnalité qui a du mal à éclore… enfin, je m’imagine !