#P9 Il était une fois

C’est une photo sépia, bord blanc très fin, au format carte postale ancienne (13,5 x 8 cm), les lignes d’emplacement pour l’adresse du destinataire sont tracées à l’arrière. Un couple de jeunes mariés, très jeunes, en tenue sombre, décor quelconque, flou, sombre aussi, à l’arrière-plan, une sorte de colonne à chapiteau sur la droite, une tenture vaporeuse dans le coin supérieur gauche dont on ne sait si elle est peinte ou réelle. Lui, chapeau rond à large bord qui descend sur des oreilles un peu décollées, visage juvénile à l’extrême, pupilles très claires qui se fondent presque dans le blanc des yeux, nez proéminent, lèvres charnues qui hésitent à sourire, costume noir ou anthracite, chemise blanche et fine cravate, gilet qui monte très haut, œillet à la boutonnière du revers et pochette, sa main droite repose sur un guéridon de forme carrée aux pieds très ouvragés et tablette claire, peut-être en marbre, son bras gauche est plié au niveau de la taille et sa main refermée, pouce à l’horizontale. Elle, élégante, belle, chapeau cloche des années 1920, robe foncée jusqu’aux chevilles que je me plais à imaginer couleur prune, encolure rehaussée d’une fourrure noire à tête de renard, visage de porcelaine qui évoque plus la belle époque que les années folles, yeux clairs au maquillage discret, rêveurs qui semblent regarder au loin, elle sourit, une brassée de fleurs blanches dans son bras gauche replié, derrière sa main, la queue du renard, son bras droit passant sous son bras à lui, main posée sur la sienne. Au dos : Studio Monu, rue Marie-Christine 40, Bruxelles II.

Photo noir et blanc un peu jaunie, bord blanc, cliché aux quatre coins arrondis, collée sur carton 10 x 6 cm et encadrée d’un fin liseré doré, une femme à la mise très austère, visage anguleux, rectangulaire, masculin, cheveux noirs ou châtain foncé, plaqués, raie au milieu, probablement un chignon à l’arrière, yeux marrons en amande, presque bridés, regard profond, déterminé, qui m’emmènent vers les steppes de l’Oural, nez large, bouche fine, inexpressive, sa robe est sombre, même si plus claire que les cheveux, serrée, le buste probablement engoncé dans un corset, le col mandarin est orné d’une broche, impossible de distinguer le motif, une série de dix boutons métalliques descend jusqu’à la taille. Au bas du carton à gauche : E. Verhassel, à droite : Bruxelles. Au dos, un impression très stylisée réalisée, comme indiqué en très petit caractère dans le bas, au centre, par J.H. Nacivet, Paris, indique : Atelier de Photographie, Égide Verhassel, Bruxelles, 3, Chaussée de Gand, Spécialité d’agrandissements. Une rapide recherche montre que la Maison Verhassel était établie à cette adresse entre 1902 et 1905, ce qui permet de dater la photo de cette période.

Deux photos en noir et blanc d’une jeune femme. Sur la première (8 ,5 x 5,5 cm), bord blanc dentelé, une jeune femme est assise sur un muret de grosses pierres grises maçonnées, ses pieds ne touchent pas le sol, derrière elle, une plaine uniforme, un ciel plutôt clair traversé de cumulus, ses cheveux bouclés châtain volent, il y a du vent, elle rit, elle est joyeuse, un fin collier de perles souligne sa gorge, elle porte une veste claire à gros boutons ronds, une broche de faux fruits dans le haut du revers gauche, un chemisier blanc à encolure en V et une jupe peut-être jaune pâle, ornée de boutons ronds, elle porte des chaussures blanches attachées par une bride et donc ouvertes à l’arrière. Au dos, une date écrite à la main au stylo-bille bleu : le 2 juin 1952 et, imprimé à intervalles réguliers en travers du papier photo : Ridax. La seconde (6,5 x 4 cm), bord blanc dentelé, est une photo en buste, noir et blanc, de la même jeune femme, coiffure sage de dame, mise en plis, son œil gauche semble plus grand que le droit et le sourcil gauche est plus haut que le droit, ses yeux marrons regardent vers l’objectif mais ne le fixent pas, elle semble perdue dans ses pensées, son nez est petit, sa bouche joliment dessinée, on dirait qu’elle a envie de sourire, peut-être a-t-elle ri juste avant, sachant qu’elle devrait adopter une expression neutre pour la photo, c’est toujours dans ces moments-là qu’on a envie de rire, elle porte une robe à manches courtes, encolure ras de cou ornée d’une sorte de galon de passementerie, et un collier en ivoire. Au dos, une date écrite à la main au crayon, d’une autre écriture que celle de la première photo : mars 64.

A propos de Catherine K.

Mon nom complet est Catherine Koeckx (prononcer Kouks). Citadine depuis toujours mais avide de nature et de grands espaces que je partage par la photo ou l’aquarelle (www.catherinekoeckx.be), je suis aussi passionnée par la ville (@bruxelles_autrement). Bruxelles mais pas que... J’ai publié Le Guide lovecraftien de Providence en 2021 (disponible sur Amazon.fr ou sur commande privée). Je viens de lancer mon blog littéraire Itinéraires pluriels (https://itinerairespluriels.wordpress.com).