C’est une photographie qui n’est pas carrée mais l’image l’est, le cadre blanc d’un demi centimètre sur trois cotés est bien plus large à sa base, deux centimètres d’espace vide, c’était la place pour une légende possible et surtout la place des pouces ; alors même qu’à cette époque ni cette photo ni les autres d’ailleurs n’étaient destinées à passer de main en main à voir le nombre d’albums dans l’armoire. Elle a disparu au moment où on en avait le plus besoin, pratique et respectueuse cette esplanade nous auraient éviter les réprimandes des années qui suivirent « mets pas tes doigts dessus ! » Celle si donc est la première de l’album intitulé « mon premier album » on y voit une petite fille à l’équilibre incertain cheveux courts bruns chemisier blanc et robe salopette bleue marine, les socquettes blanches et les souliers vernis, dans sa chambre bien trop apprêtée pour y jouer à ses côtés un cygne aussi grand qu’elle, immaculé fauteuil à bascule pour chevauchées féeriques lui vole la vedette.
C’est une photographie des années 90, de ces photographies des années 90, rectangulaire tirage minimum pas de bord blanc pas de retouche, fallait marquer le coup mais une fois le cliché flashé il ne sera jamais classé, un de plus, de ceux qu’on retrouve dans une boite à chaussures et qui font un peu honte. Elle est terne comme le ciel de Normandie en Novembre, on y voit une fille à la fin de l’adolescence vêtue en marron et noir, un bouquet de fleurs dans les mains, au bras d’un jeune sapeur pompier monté en graine et maladroit d’être en avant, une Ste Cécile de plus.
C’est une photographie de 4 par 7 en papier Canson gros grain, quelque chose d’une carte de visite faite main avec un massicot net, très bien réalisée / c’est une photographie représentant un escalier en béton et carrelage, et son mur en perspective en béton et carrelage avec une rampe de fer, pas grossière mais pas compliquée, on suppose un lieu public qui nécessite de la sécurité et une grande robustesse, un escalier de piscine dont la prise de vue se serait faite en plein milieu donnant cependant nettement le sentiment de descendre, elle appartient à une série qui font l’objet d’une exposition elle a été sélectionnée pour la communication de cet événement, reproduite pour bristol de diffusion. contenant les coordonnées de l’artiste / Cette même photographie, l’original, exposé dans son cadre scintille et le côté salle d’eau du carrelage blanc prend un tout autre éclat.. Lieu de passage son escalier monumental vide et le mur constitués tous deux de centaines de carreaux qui reflètent et répercutent… regards de tous côtés, glissade assurée.
.Merci pour ce texte. J’apprécie particulièrement les remarques autour de l’objet lui même qui peuvent être une source de récit également.
merci Emmanuel.
Oui, détails des objets photographiques bien sûr
et on se demande bien qui est cette petite fille en socquettes blanches… beaucoup de mystère dans cette traversée du temps
les objets étaient le sujet me semble t’il vous lisez donc entre les lignes j’ai biffé ce qui la concernait directement, peut-être une autre fois.