Photo noir et blanc, à bords dentelés irréguliers, datée au dos et au crayon : 1930. La façade d’une petite maison en plein soleil avec l’ombre d’un arbre et devant, sept personnes, hommes, femmes et enfants. La femme plus à gauche est vêtue d’une robe claire et d’un tablier à carreaux. Ses cheveux sont coiffés en arrière, comme ceux de la femme située près d’elle, mais qui paraît plus âgée. Elle aussi est habillée d’une robe claire et d’un tablier à carreaux, mais dont les tissus ne semblent pas identiques à ceux que porte la première femme. Toutes les deux se tiennent debout, de face, près d’un homme. Mais la seconde femme regarde ailleurs, sur sa gauche. L’homme, lui, sourit, sa chemise blanche est boutonnée jusque sous le menton, il fixe l’objectif et ses deux bras pendent le long de son corps, semblant encadrer le jeune garçon en short devant lui et dont la tête est baissée. Une troisième femme, près du groupe évoqué, a un bras replié sur l’épaule d’un second homme, placé devant elle. Sa tête à lui est légèrement penchée sur le côté et il fronce les sourcils d’un air étonné ou bien comme s’il était ébloui. Les manches de sa chemise claire sont retroussées, il a dégrafé le bouton du col. Devant lui, un garçon à l’air sensiblement plus jeune que le premier. Sur son visage, on peut lire le même étonnement (ou éblouissement) que sur celui du second homme. Aux pieds des personnages, les recouvrant : une large ombre à forme humaine.
Photos année 1939. Noir et blanc, de mauvaise qualité. Une femme au visage rond. Le front descendu sous les cheveux tirés en deux parts inégales. Elle est assise de trois quart et son corps un peu fort n’est pas avantagé par la blouse qui le recouvre. Une ceinture entoure la taille, faisant gonfler le tissu autour de la poitrine. Derrière elle, à sa droite, la silhouette maigre d’un homme, comme cassée en deux. Son geste a été arrêté et, surpris, il tourne la tête vers l’objectif. La forte mâchoire, le nez un peu long et très droit entre les fentes sombres des yeux et les cheveux très courts qui apparaissent à peine au-dessus du front haut. Une autre femme, que l’on devine sur la gauche, Sa tête auréolée de cheveux fins, comme un halo de brume autour du visage aux pommettes hautes est restée légèrement floue. Elle a dû bouger, dans le geste involontaire de ramener ses cheveux afin d’être un peu plus présentable, peut-être, lorsque le photographe les surprend. Elle se trouve à moitié masquée par le buste penché de la femme au visage rond. On aperçoit la manche d’une robe, ou d’une blouse, taillée dans un tissu plutôt clair. La scène immortalisée a dû se situer un jour de semaine car les personnages présents ici ne sont pas vêtus des vêtements du « Dimanche », de même que les coiffures des femmes, leurs attitudes, tout indique la surprise, dans les gestes d’un quotidien suspendu.
Photo noir et blanc, de mauvaise qualité, non datée, mais très probablement de l’année 1946. Une très jeune enfant, coiffée de tresses en macaron derrière les oreilles. Elle sourit et apparait à mi-corps tout en bas du cliché. Elle est vêtue d’un gilet à carreaux, largement ouvert sur un chemisier sans col rentré dans la ceinture très haute d’une jupe de lainage épais. Un jeune adulte, ainsi qu’un homme — que l’on qualifierait de personne « dans la force de l’âge » — se tiennent de part et d’autre de la fillette. L’homme a un fort menton carré, mais ce qui frappe, ce sont ses cheveux bruns, qui n’apparaissent sur aucun autre cliché. Il porte une chemise sombre que l’on voit, au col et au poignet gauche, dépasser d’un pull clair à torsades. Il est souriant, les yeux plissés en deux fentes sombres. Le visage un peu long est penché vers l’avant. Le photographe a dû se placer à la hauteur de l’enfant. À la droite de l’enfant, le jeune adulte a passé sa main gauche — qui porte un pansement blanc à l’index — sur l’épaule de l’enfant. Il est plus grand que l’autre homme et un curieux foulard est noué autour de son cou, par-dessus le pull et la veste sombres. Il n’est pas particulièrement souriant, sa tête est légèrement penchée sur le côté et, lui aussi a dirigé son regard vers le bas.
Photo noir et blanc, à bords dentelés irréguliers, datée au dos et au crayon, d’une écriture légèrement tremblée : Décembre 48. Une enfant assise en tailleur. Son front dégagé par les cheveux que l’on a partagés en deux parties égales tressées puis tournées en petits chignons encadrant le visage souriant. De hautes chaussettes claires recouvrent ses jambes maigres. Elle occupe le premier plan et le centre de la photo. Entre ses bras, une poupée énorme masque son torse : Poupon vêtu de blanc, brassière et chaussons, la tête coiffée d’un bonnet à revers festonnés. La jeune enfant se trouve aux pieds d’un groupe de cinq personnes auxquelles elle tourne le dos. Parmi les adultes debout derrière l’enfant, une femme a passé son bras droit dans le bras gauche d’un jeune garçon. À leurs côtés, une seconde femme dont la coiffure — un très haut chignon — lui fait gagner quelques centimètres par rapport à sa voisine. Dépassant d’une bonne tête tout le groupe, placé juste derrière l’enfant, un homme jeune et svelte au visage allongé sourit. Le groupe pose dans un paysage de plaine, au bord d’un champ qui semble ne se terminer que très loin derrière eux. Sur leur gauche et à hauteur de leurs épaules, on devine, dans le lointain, l’arête aérienne d’une montagne. Une ombre, celle du — ou de la — photographe apparait sur la route, à droite des personnages dont tous les regards semblent être tournés vers lui ou elle.
Photo noir et blanc, ne comportant aucune date mais retrouvée dans le carton à chaussures marqué : années 50. L’enfant apparait de face tout en haut de la petite photo. Elle est la seule à y tenir en entier et elle se trouve au centre d’un pré dont la pente se dessine à sa droite. La bordure dentelée blanche frôle le sommet de son crâne. Ses cheveux longs sont retenus en queue de cheval et une longue frange cache son front. Le col très haut du chemisier clair s’arrête au bord du visage ovale et sans expression. Un gilet clair et cintré, dont la fermeture éclair à été remontée jusque sous le col, marque la taille d’une sorte de ceinture plus resserrée. Les mains se rejoignent sur un sac de toile retenu devant la jupe à larges plis qui s’arrête aux genoux. Les pieds sont cachés dans l’herbe, on ne que voit les chaussettes blanches roulées à la cheville, puis les jambes nues sous la jupe. Derrière elle, un homme, chemise claire, ouverte au col, large pantalon sombre, porte sa veste sur les épaules. Il sourit, bien de face mais le photographe a coupé le sommet de sa tête, et une femme près de lui, présentée de profil, vêtue de noir, sourit elle aussi. Son visage est coupé par le bord de la photo au ras des yeux qui ont l’air posés sous la marge blanche et le bord dentelé. Plus loin à l’arrière du groupe, une colline sombre et sur la gauche, le mur d’une construction contre lequel trois silhouettes d’hommes s’appuient : le premier se tient sur une longue canne, le second, tout proche, est adossé au mur de la construction (grange, étable ou maison ?) son bras gauche replié sur la hanche, il est à moitié caché par le troisième personnage, vu de profil, son ventre proéminent distend ant la chemise blanche dont il a retroussé les manches. Il porte un curieux chapeau qui évoque la toque d’un cuisinier. Une femme en robe claire, à droite du groupe central, est surprise, de dos, la main droite repliée dans le dos. Son corps dessine la forme sinueuse d’un S, comme si elle s’apprêtait à pivoter brusquement sur elle-même pour nous faire face.
La première photo est en noir et blanc. Elle montre un groupe de cinq personnes serrées sur la petite terrasse d’une maison. Il a dû pleuvoir car le sol est brillant. La courte bande d’un trottoir apparait en plus clair le long du mur de la maison. Dans le dos de l’homme le plus à droite, un volet est fermé, et une minuscule boite à lettres en fer est fixée sur un pan très court du mur blanc. Encore plus à droite, à l’angle de la construction, on aperçoit une barrière de piquets contre laquelle un jardin se contient. L’homme est en costume sombre, chemise blanche et nœud papillon. Il se tient bien droit et domine le groupe d’une tête. La femme âgée qui est la plus à gauche, tout au bord du rectangle de la photo — dont la bordure blanche et dentelée a mangé l’épaule droite — a l’air de poser, mais elle semble surprise, ses cheveux sont mal coiffés ou tout au moins, apparaissent indisciplinés. Près d’elle, une femme sensiblement plus jeune qu’elle, chez qui on note la même forme de physionomie : les pommettes hautes, la même coiffure — raie sur le côté et chignon —, ainsi que la même nature indisciplinée des cheveux entourant le visage d’un halo. La seconde femme est vêtue d’une curieuse veste noire, longue et croisée, que l’on prendrait volontiers pour un vêtement masculin un peu trop grand pour elle, et dans l’ouverture de laquelle elle a passé sa main gauche. À ses côtés, une troisième femme a posé sa main gauche sur le bras gauche d’une fillette placée au premier plan de la photo. Les jambes de la fillette sont longues et maigres, et semblent encore allongées par les hautes chaussettes blanches tirées jusque sous les genoux. Ses cheveux coiffés en arrière sont retenus par un énorme nœud blanc sur le dessus de la tête, couronnant le visage minuscule et triangulaire. Elle est vêtue d’un chemisier blanc, d’une jupe évasée à l’ourlet épais s’arrêtant au genou et d’un manteau taillé dans le même tissu que la jupe. Elle sourit timidement. La photo numéro deux, toujours en noir et blanc, a certainement été prise le même jour, cette fois devant la palissade du jardin dont on reconnait l’exubérance. Trois personnes posent : un jeune homme dont on ne voit que le visage au front très haut, visage penché, tenu tout près de celui de la femme à la curieuse veste de la photo précédente et qui se tient de trois-quarts. Ici, elle est vêtue d’un corsage blanc à manches longues et d’une longue jupe noire. Devant eux, l’enfant timide de la photo précédente, maintenant presque complètement cachée — et comme effacée — sous un immense voile blanc de communiante. Seul son visage, un peu flou, émerge du bouillonnement blanc. On ne peut pas deviner si elle sourit. Les deux photos sont datées au dos et au stylo noir (peut-être après coup) de l’année 1952.
Photo en noir et blanc, été 57. Une jeune femme, cheveux blonds coupés courts, est debout près d’un break garé le long d’un trottoir. Elle porte une robe claire à manches courtes. Le décolleté ovale met en valeur ses épaules. La robe est ceinturée à la taille et s’évase en plis minuscules sur les jambes jusqu’à mi-mollet. La main droite est levée et semble s’appuyer légèrement sur la portière avant-droite du véhicule. Son bras gauche pend le long de son corps et sa main esquisse un geste vers un chien, assis à ses pieds. Il lève la tête vers elle. Derrière la tête de la jeune femme, le porche d’entrée en bois clair d’une maison, avec une voiture massive garée devant. Plus loin, on distingue un autre porche, quelques marches de bois menant à une courte galerie. Au dos de la photo, on a écrit : Frances x Bonney devant la maison avec la voiture – le mot est tout recroquevillé contre le bord dentelé du cliché. La x et pour vous montrez ou Pat x June habitent. (faute d’orthographe non corrigée)
Photo de groupe en noir et blanc, année clairement affichée : 1958. Une très jeune femme souriante sous un voile blanc. Elle porte un bouquet clair contre son manteau droit assez long. Sa main droite, gantée de blanc, est glissée sous le bras gauche d’un homme qui, lui, a les mains jointes sur son costume sombre. Le couple se trouve sur l’une des marches enneigées d’un escalier assez vaste, vraisemblablement celui d’une église. En haut et à droite de la photo, trois colonnettes à chapiteaux apparaissent. L’homme (le jeune marié ?) ne regarde pas l’objectif mais plutôt quelque chose ou quelqu’un, placé hors-champ, qui semble le faire sourire. Deux rides ont creusé ses joues et encadrent la bouche d’une parenthèse. Une femme en manteau sombre, placée près de lui et à sa droite, regarde dans la même direction que lui et rit plus franchement. Une autre femme, sensiblement du même âge, est en manteau clair. À son bras gauche, un sac à main noir et dans sa main gauche, un gant noir. Ses cheveux sombres et ondulés sur le front sont retenus en chignon. Elle est de trois-quarts, tournée vers la jeune mariée et elle sourit. La jeune mariée et elle ont exactement la même taille et leurs deux visages encadrent le buste d’un homme souriant dans son costume sombre, la chemise blanche égayée d’une cravate claire. Tout comme celui de la jeune mariée, son regard nous fixe, bien en face.
Photo couleur. Au dos du cliché, une date portée au stylo rouge : 10/60 Une jeune femme assise. Elle porte une ample et élégante robe noire, ceinturée à la taille, des manches trois-quarts dénudent ses avant-bras. Les mains sont cachées par le genou droit. On voit apparaitre un bout de sa jambe droite, et ses pieds chaussés de mocassins noirs très fins. À son cou, cinq rangées de perles claires et très grosses. Elle tourne la tête vers le photographe d’un air interrogateur. Ses yeux sont cachés par des lunettes noires en forme de papillons. Ses cheveux blonds sont courts et bouclés. Sa bouche rouge est entrouverte. Au moment de la prise de vue, elle était sans doute en train de parler avec la femme placée à côté d’elle. Elles sont toutes deux assises sur la seconde marche d’un monument qui en comporte trois et on voit apparaitre, au sommet du cliché, les deux pieds d’une statue en bronze près d’un petit canon. Les deux jeunes femmes portent les mêmes escarpins mais les jambes de la seconde disparaissent sous une jupe plissée grise. Ses deux mains retiennent un sac à main à fermoir doré posé sur ses genoux. Son chemisier est blanc à manches trois-quarts, et le col ouvert en pointe dégage les épaules. Son visage est baissé, le regard dirigé vers le bas. Derrière le monument où elles se trouvent, on distingue un homme en costume noir, la tête baissée, le bras droit relevé comme pour essuyer son œil droit, la manche et le bras d’une femme blonde à cheveux courts, vêtue de bleu, son visage à lunettes de soleil tourné vers une troisième personne dont la prise de vue n’a retenu que le dos blanc, le reste étant masqué par le monument. De l’autre côté du monument, une femme en robe claire se retourne vers la droite, le bras droit replié, et l’ombre de son bras dessine un angle sur son vêtement clair. Le groupe se détache sur un fond de feuillage doré. À l’extrême gauche de la photo, de même qu’au bord droit, au plus près du spectateur et comme s’ils visaient les deux jeunes femmes assises, les fûts noirs de deux canons montés sur roues.
Photo couleur, datée après-coup, année 1963. Une jeune femme, assise sur la première marche d’un petit escalier devant la porte d’entrée d’une habitation portant le numéro 350. Ses cheveux bouclés sont assez courts. Son visage apparait un peu grave, rendu presque sévère par les lunettes de soleil. Elle est tournée vers celui qui prend la photo. La jeune femme ne sourit pas. Deux rides assez marquées se sont creusées de part et d’autre de l’arête du nez. Elle est vêtue d’un chemisier et d’une jupe droite assez longue, beige. Le haut de son corps se détache sur le soubassement de pierres jointoyées de la maison et le sommet de sa tête parvient juste sous le large appui d’une fenêtre rectangulaire, découpée en trois parties. Il semble que la maison n’ait pas d’étage car on distingue sur la droite et au-dessus de la fenêtre, la bordure d’un toit. À la gauche de la jeune femme, un buisson bas, puis une courte bande de pelouse et d’autres buissons ornementaux plantés contre le mur de la maison voisine — une autre habitation basse — , entre les toits, une portion de ciel bleu. Aux pieds de la femme, un journal encore plié dans sa bande de papier. Dans les bras de la femme, ou plutôt dans ses mains — car elle le soutient devant elle comme pour le montrer au photographe —, un enfant. Il semble n’avoir que quelques mois. Ses yeux sont fermés, sans doute à cause de la lumière et il est vêtu d’une grenouillère jaune pâle bien trop grande pour lui. De la même année, une photo noir et blanc sur fond d’arbres nus, un pan de mur clair sur lequel s’imprime l’ombre des branches. Une branche plus longue vient jusqu’au bord de la rambarde en fer, tout près de l’avant-bras droit de la jeune femme qui s’y appuie. On distingue derrière elle la pente herbue menant à une rivière que l’on devine en contrebas. La jeune femme souriante porte les cheveux courts et bouclés. Ses yeux sont abrités derrière des lunettes de vue. Elle est vêtue de noir et sa robe à manches courtes est simple, à peine resserrée à la taille. Son vêtement souligne ses formes et un large décolleté carré lui donne un certain chic. Elle a chaussé des escarpins noirs à petits talons. Son bras gauche est replié dans son dos. À son annulaire gauche, une alliance. On perçoit un fragment de la silhouette du ou de la photographe, à ses pieds, en ombre sur le goudron de la route.
Photo couleur, datée de l’été 1967. Une enfant et une jeune adulte courant sur une pelouse. Toutes deux vêtues — confondues —, dans le même T-shirt orange et les longs bermudas blancs et jumeaux. Et ensemble, stoppées net dans leur course. La jambe gauche repliée de la jeune adulte, est déviée sur le côté. Le visage de l’enfant est caché par l’une des feuilles des journaux éparpillés à travers tout l’espace ouvert de la pelouse et du ciel. La jeune adulte semble rire, la bouche grande ouverte et le visage rejeté en arrière. Ses bras sont chargés des feuilles des journaux, énorme brassée de fleurs froissées contre un ciel noir de l’avant tornade.
Ce pourrait être aussi mes photographies…
Cette proposition d’écrire à distance du cadre, sur un ton « neutre » rend finalement nos contemplations de nos albums de famille universelles…
Absolument ! Vous avez raison Françoise. Merci pour votre lecture.