Tu vas aux crêpes chez tes grand-parents bretons, elles sont bonnes au début de l’été après la route à pieds. Tu as reçu le premier prix d’honneur et tu es fière. Tu es l’ainée et tu guides tes 3 frères et sœurs sur les chemins. Tu as déjà le goût des couleurs qui te vont bien, le bleu gris met en valeur ta peau clair et tes yeux vairons, blonde aux yeux bleus d’un coté et brune aux yeux marrons de l’autre, poésie rapportée d’un admirateur de tes 17 ans. Tu es soupe au lait, tes cousines ont prévenu ton futur mari, tu changes de cap comme le temps breton, le vacarme des eaux et du vent habite en toi, l’hiver aussi. Tu aimes les étoffes que tu chines un peu partout, tu assembles les bouts de tissus entre eux et gagne le prix du public pour une composition que tu nommes « blé ». Tu n’as pas eu ton bac mais 18 en latin, et pourtant tu dis que tu ne sais ni parler ni écrire, tu as épousé un littéraire qui fait ça à ta place. Tu es joyeuse et généreuse, tes amis pensent à toi en ces termes, tu es drôle de ton caractère entier. Tu perds ton calme face aux insensibles, leurs regards secs pèsent lourds pour ton âme d’artiste, tu préfères les gens « intelligents » comme tu dis. Des marées hautes et des marées basses, la mer est ta thérapie et tu rêves d’une maison au bord de l’eau. Tu assumes des cheveux qui repoussent ras le dernier été et cela te va bien, tu retrouves une allure de jeune fille à longue jupe, séduisante et légère, la vie peut revenir. Un pèlerinage à Saint-Cado et une petite maison maintes fois photographiée, une dernière photographie de toi là-bas au coeur de l’hiver avec un sac d’une couleur à faire revenir le soleil dans ta vie, éloigner la maladie. Au retour tu peins à l’huile cette maison de tes rêves, les tons du temps breton calment tes nerfs restés fragiles. C’est un visage apaisé qui t’invite chaque matin à sa table, tant que tu peux, et ce jusqu’au dernier jour du printemps. Puis, tu es partie comme est venu l’été.
J’aime bien ce personnage décrit par petites touches. Il sent la mer.
Merci pour votre lecture !
J’ai beaucoup aimé ce texte doux et serein malgré une inquiétude que l’on sent poindre.
Merci, oui sûrement …
On retrouve l’apaisement et le bleu du texte P7, avec en plus un personnage sensible, passionné et qui porte des fêlures. Merci Marie.
Merci beaucoup, votre lecture me redonne un peu d’élan pour terminer la P9 !