Tu es là perdu, certainement perdu, on te regarde tous, près à te soutenir, comme un château de sable prêt à être dévorer par l’océan, tu ne nous regarde pas, tu souris en jouant, tu portes un jean, des basket, un sweet-shirt, pourtant tu sais, tu es grand maintenant, enfin presque, tu as compris, tu feras avec, on fait tous avec, toi tu l’as appris tôt, tu vois il n’y a pas de règle, les tziganes souhaitent à leurs enfants d’avoir le plus de malheurs possibles pendant leurs jeune âge, comme ça après ils n’auront que du bon, tu verras, toi aussi tu auras du bon, le regard des autres te gêne, il est différent, il est lourd, ils font attention à toi, ils te protègent, ce regard t’enfonce un peu dans le sol, tu grandis, tu te sens bancal, tu t’échappes dans tes rêves, là tu le sais, tout est à sa place, tu aimes, on t’aime, il t’arrive de quitter tes semelles de plomb, de les oublier un instant, de voler dans le ciel peut-être, mais cela ne dure jamais très longtemps, la gravité te rappelle à l’ordre, tu ne peux pas t’en extraire, tu te rebelles, tu as raison, après tout la vie ne t’a pas fait de cadeau, tu as le droit de lui en vouloir, tu prends des risques idiots, tu t’abîmes, tu joues avec la mort, tu joues avec la vie, tu crois que tu peux quitter la partie comme ça, tu n’en peux plus de ce poids, tu te débats comme un poisson au bout d’un ligne, tu lâche prise, tu avances en crabe, bancal, mais tu avances, tu es père, tu sais maintenant, déjà, tu pouvais attendre, tu veux prouvez quoi , tu pensais que ça effacerait tout, tu as un autre poids sur les épaules, tu oublies grâce à lui, tu t’inquiètes pour lui, et si c’était dans tes gênes, si le malheur se passait de père à fils, tu doutes, tu vas le voir, tu l’écoutes dormir, tu t’endors des fois au pied de son lit, il se réveille, il te voit entre les barreaux du lit, il est rassuré, tu es rassuré, tu arrêtes de te tromper, tu avances la tête basse, la tête haute c’est pour les autres, tu la redresseras tout doucement, t’es bancal encore, tu souris à cet autre tu, tu vas le protéger, trop, sûrement, mais toi t’as le droit, t’as tout les droits, t’as eu ta dose, tu sais que le malheur reviendra, tu le sais depuis longtemps, tu profites, qu’il prenne son temps le malheur, il arrivera en rafale, tu le reconnaîtras vite, tu ne l’as jamais oublié, il est là, tout près, toujours, tu tournes la tête et tu avances d’un pas maladroit.
ru es u humain, très humain donc simplement admirable, continues 🙂
Un grand merci.
Encore cette relation père/fils… J’avais déjà lu ce texte il y a longtemps et n’en avait rien dit mais voilà c’est fait. Merci pour ces écrits.
Merci