Tu étais sur le fil de ta vie. Sur le fil. Toujours tu avais l’air de croire que ce qui te reliait aux autres ne tenait qu’à un fil et comme une funambule tu avançais à petits pas prudents. Ta jupe plissée, ton corsage toujours sagement boutonné, tes cheveux toujours tenus comme pour dire tu vois je ne prends pas de place tu vois j’avance je grandis sans me retourner tu vois je ne tombe pas.
Tu tenais ta vie minuscule dans une main et de l’autre tu tenais ton sourire à portée de bouche. Des fois qu’on te demanderait si tu étais heureuse tu saurais quoi répondre. Tu vois je souris tu vois je suis douce.
Tu aurais voulu qu’on te parle d’Ulysse, de voyages, de retour dans la cité où quelqu’un l’attendait en cousant sans relâche le linge d’une vie, sans relâche à découdre, à recoudre, à retisser l’histoire de la vie. A broder sur son existence. A se constituer une existence. Beaucoup de fils dans ce linge blanc. Beaucoup de rouge à venir sur cette blancheur. Rouge carmin, rouge vermillon, rouge feu et pour finir rouge cardinal sur le linge alors que dans les champs alentour fleurissent coquelicots et chardons et que la barque ramenant le héros s’avance sous le ciel bleu dans une mer de jais.
Tu te sens si petite, toi. Si désireuse de bien faire. Sur ton fil à toi, tu t »enroules, te pelotonnes et reprends des forces. Comme une funambule à petits pas mesurés, tu avances vaillamment.
De ton enfance , tu ne te souviens que du vent. Il soulevait de terre les feuilles pourpre et les glissait sous la porte de la maisonnée. De ton enfance, tu n’en gardes seulement que l’odeur. Une odeur de jasmin et de doux consentement.
Très jolie phrase de fin et belle sensibilité
j’ai aimé me laisser porter par ce texte, ai aimé sa brièveté et sa simplicité
merci Louise
Merci Françoise. Ton comment
Merci Françoise. Ton commentaire me fait bien plaisir (tellement que ma réponse est partie trop vite).
Merci Louise pour ce texte très touchant, à la fois autonome et – j’ai l’impression – riche de pistes à suivre…
Merci beaucoup Emilie