Tu es nu, la tête penchée, les yeux ouverts, assis sur un sac poubelle, coincé entre deux containers.
Au début tu habites Bordeaux où tu y fais tes études de médecine. Tu te spécialises en chirurgie cardiaque. Pendant tes études tu es sérieux et relativement apprécié par tes confrères.
Tu déménages un jour, presque soudainement. Tu brouilles un peu les pistes. Tu vis un peu à l’étranger. Pourquoi ? et tu refais surface ici, pas dans l’impasse où tu te trouves mais dans la ville pas loin.
Pourtant tu avais une clinique avec des associés. Ils n’ont pas eu l’air d’être plus affectés que cela de ton départ. C’est l’héritage de tes parents qui t’a permis cette folie ou alors l’argent de ta femme ?
Tu as été marié. J’ai vu une photo de la sortie de la messe. Beaucoup de monde, tu étais déjà très reconnu pour ton excellence dans ton travail. Ta femme est belle à ton bras. Ton costume trois pièces te sied bien. On sent une fierté que tu ne souhaites pas dissimuler. Epouser l’héritière d’une si grande cave où les bouteilles valent de l’or. Tu devais en rêver d’un si beau mariage.
Tu as eu une fille, Pauline, qu’on voit sur une plage, à tes cotés en train de construire ces châteaux éphémères. Qu’as-tu fait d’autre avec elle ? Dès qu’elle a pu, après votre séparation, elle a cessé de te voir. Maintenant, elle est au bout du monde, loin de toi.
Ta femme, ou plutôt ton ex-femme, ne parle pas beaucoup. Elle habite Paris depuis votre divorce. Tu as bougé pendant cette séparation.
Et ton fils, que fait-il ? pas de photos de lui et ton ex n’a pas souhaité en dire plus et comme c’était une visite informelle…
Tu n’as plus tes parents, morts pendant que tu faisais l’Algérie, interrompant ton internat ou plutôt acceptant d’y faire ton stage en chirurgie d’urgence. Tu ne t’occupais que des blessés, dis ? Ou alors remettais -tu en état les interrogés, les torturés pour qu’ils durent encore un peu, jusqu’à ce qu’ils parlent ?
Ça donnerait un bon mobile pour ton meurtre.
Tu es là, devant ce corps nu et tu es fatigué. Tu ne comprends pas pourquoi cette affaire t’est échue.
Tu n’as pas voulu de cette mutation loin de la capitale mais on t’a fait comprendre que c’était bien comme ça. Tu étais pourtant sur une affaire en or mais tu as voulu jouer avec les grands et eux ils ne veulent pas perdre.
D’un autre côté, ça t’a éloigné de ton amour, toujours envahissant pour toi mais pas elle.
Tu es dans un commissariat de quartier, mis à l’écart par le divisionnaire qui n’apprécie pas les parachutés.
Tu n’as pas choisi ton logement en ville. Tu vis à la campagne loin de tous. La nuit tu peins pendant ces insomnies qui ne te lâchent pas.
Tu te méfis de ce collègue qui est arrivé sur la scène bien avant toi car tu trainais, encore à l’affut d’une preuve pour condamner ton supérieur.
A nouveau sans logique on t’a retiré cette enquête mais cela t’intrigue alors tu continues à chercher, à creuser dès que tu peux.
Tu as vomi le peu que tu avais dans le ventre quand la scientifique a ouvert le sac poubelle.
Tu veux comprendre avant qu’on étouffe l’affaire car tu pressens que le divisionnaire est parti pour ça.
On sent un état d’esprit d’enquête policière bien marqué. Merci pour ce texte.
Merci beaucoup pour votre commentaire
On a envie de savoir ce qui est arrivé à cet homme.
Merci Laurent. Oui moi aussi j’aimerai savoir !
Texte qui tient en haleine, qui en dit juste assez pour donner envie de lire la suite.
Merci Véronique cela m’encourage