Tu crois l’entendre. Bruits d’une foule — non pas sa voix — dans la foule, derrière la voix qui, annone tu crois entendre son pas. Tu crois, c’est tout. Tu dis, je crois. Puis je me suis trompée.
Tu portes toujours la même robe. Elle s’effiloche. Te montre dans ses jours ; que tu oublies de laver. Tu restes des jours sans l’ôter, ni toucher l’eau c’est ta façon de t’entêter. Qu’on te fuie.
Ta puanteur. Ton charnier à même la peau. C’est ta façon. On te fuit.
Tu dors au dessus de ton lit et parfois tu te vends : trois pommes de terre, trois galets pour le calorifère. Rien que tu échanges ou que tu donnes.
Tu n’écris plus. Tu te vends. On te prend comme tu t’offres. Pour rien.
Tu manges la terre. C’est ta façon de t’approcher.
Brûlés. Poussières. Cendres, dit-on. Arrivés disparus. On te dit.
Et tu l’entends. Derrière la voix. Derrière la liste. Ou dans la foule.
Tu l’entends. Son pas. Puis : Non, dis-tu. Je me suis trompée.
A la radio longtemps qu’on parle d’autre chose.
Toutes qui sont morts. Tous qui sont mortes. Les portes sont refermées. Des années.
On te met en maison. Ta robe a fondu sur ta peau, tu portes un chandail gris, un grand pantalon d’homme. Parfois tu écris des poèmes dans un cahier avec des lignes bleues. Quand tu fermes les yeux. Derrière la voix. Tu l’entends.
Codicille: exercice de « l’adresse » laisser venir des voix
Terribles ces voix que vous laissez venir. Terrible, au sens où Delacroix le dit à propos de Michel-Ange : « il met du grand et du terrible même dans un membre isolé ». Merci Nathalie Holt.
Cette citation de Delacroix est extraordinaire. Merci Ugo.
Terrible est aussi le qualificatif qui m’est venu à la lecture, terrible et magnifique
Merci Beaucoup Laure pour ce retour de lecture