#P7 (vers #P8) Au bois d’avril

C’est au bout d’un chemin après qu’on a quitté les pins — leurs fûts peignés de rose, d‘orange Fauve. Tu dépasses sur ta gauche le grand chêne scarifié. L’écorce brûlée vive comme un Soulage cylindrique. C’est après le grand chêne, que tu la vois enfoncée dans  le hallier— sa bécane avec son guidon en bélier—  et lui se perdre dans le bois : le fils des chevriers qui braconne.  Alors tu retrouves  le passage, tu le devines dans le fouillis de verts étoilé de baies, de boutons d’églantines. Il faudra te baisser pour reprendre chemin. Sous ton soulier la terre est boue. L’humide chante. Le bout de tes doigts fourmille au contact de l’air plus froid. Là, ce sont verts sombres en coiffes fabuleuses, racines  dénudées par les averses, troncs et branches  mus en bêtes mortes. Tu n’étais plus venue depuis l’hiver ; le silence émerveillait la neige.  
Et tocs du pic couleur de feuilles que tu effraies quand tu fraies le passage. Mirage d’oiseau à col rouge. Et chants. Soudain la forêt n’est plus aphone. Renée des pluies elle clame sa vie.

codicille: écrire malgré tout. Quand tu n’y arrives pas fais le quand même; chaque jour un peu.

A propos de Nathalie Holt

voilà ! ou pas

8 commentaires à propos de “#P7 (vers #P8) Au bois d’avril”

  1. C’est fou, « hallier ». Merci Nathalie Holt pour cette échappée dans « l’enchevêtrement de buissons serrés et touffus, d’un accès difficile ». Et merci également de votre codicille qui livre le meilleur des conseils : celui là même que Maupassant a toujours délivré. Et merci encore pour cette belle image qui donne l’envie d’un imaginaire musée : un Soulage cylindrique, oui, oui, oui.

    • Grand merci Ugo.
      Si Maupassant ( mots passants) le dit je vais pas arrêter. Et comme la peinture ça prend trop de place je vais persévérer en mots ( même mineurs)

  2. J’aurais aimé l’écrire ces « tocs du pic couleur de feuilles » et ce « Mirage d’oiseau à col rouge ». Merci pour l’humilité du codicille.

    • Merci beaucoup Cécile de me rappeler cette étape du travail. L’impression que tout va si vite( et vertige à venir de la L9)

  3. Grand plaisir de lire ton texte libre qui retient l’essentiel de la description. Des mots choisis et des ellipses qui apportent juste ce qu’il faut de mystère à ces lieux.