Dans l’Yonne, comme partout sur terre, au-dessus des toits, le ciel.
À Perrigny, mercredi 17h07, le ciel est chargé de nuages gris, on les dirait même sales. Quelques nuages sont légèrement plus blancs, il reste aussi de toutes petites portions de bleu, de ciel bleu. Au fait, est-ce que le bleu est la couleur initiale du ciel? D’où, la couleur bleue serait-elle la véritable couleur du ciel? Le temps d’écrire cette réflexion, je regarde par la fenêtre et je ne reconnais plus rien, sauf les toits, mais plus rien de cette immensité au-dessus des toits.
À Perrigny, mercredi 18h48, le ciel est encore plus gris. A force de trop de nuages, on ne distingue plus le contour des nuages, le ciel est uniforme, cotonneux et poussiéreux. Le ciel se densifie, ce n’est plus du tout le même ciel. Ciel? Comment peut-on utiliser un seul mot, composé d’aussi peu de lettres, quatre, pour évoquer cet espace infini au-dessus des toits, cette étendue toujours changeante, jamais semblable, si mouvante et peu palpable? « Va, va, le Ciel n’est pas si exact que tu penses » Don Juan l’avait bien dit à Sganarelle.
À Perrigny, jeudi 15h26, le ciel est toujours au-dessus des toits, je le regarde par la fenêtre ouverte. Le bleu et le blanc s’équilibrent, aujourd’hui le gris est en faible quantité, sensation de propreté. Le blanc des nuages dessine sur la toile de fond bleue, des formes apparaissent et s’animent. Je distingue la botte de l’Italie, un phoque affalé sur la banquise, le crash d’un Boeing, un rat dressé sur ses pattes arrière qui embrasse une marmotte, le profil d’un visage qui souffre à moins qu’il ne s’esclaffe et un rhinocéros qui tire la langue. 16h36 à la même place derrière la fenêtre, toutes les figures ont disparu. Le blanc a tout recouvert.
À Perrigny, vendredi 11h11, une percée de soleil. D’entre les nuages, le soleil se fraye un passage, est-ce la chaleur de ses puissants rayons qui fait fondre une portion des nuages? La réverbération de ce faisceau lumineux éblouit. A cet instant la luminosité est diffuse, très intense, presque saturée. 12h15: les hirondelles sont alignées sur le fil du téléphone, il pleut, pluie fine, pluie drue, crachin, il pleut. Dis-moi Dinos, c’est vrai que le ciel pleure?
À Perrigny, samedi 6h18, juste au-dessus des toits, à hauteur de l’horizon, une bande lumineuse orange-rosé-marron et des trainées foncées. À gauche, une surface pommelée de gris, de blanc, de cyan, d’ocre. Il n’y a pas de vert, pas de rouge. Les nuages avancent lentement, tous dans le même sens, de droite à gauche. Des pépiements d’oiseaux, des roucoulements de tourterelles retentissent dans la clarté du jour qui s’affirme. Le soleil se lève derrière les nuages. La course des nuages accélère et des trainées de bleu vif apparaissent. Peut-on parler du ciel sans évoquer le soleil, les nuages, le bleu? Mais aussi les étoiles, la dernière demeure, Dieu, le Père Noël et… mon mari. Quatre lettres pour cette multitude, cette immensité. Ciel!
Bonjour Cécile,
J’ai lu vos textes et je vous écris sur ce dernier – Quel bel exercice finalement ces variations – Variations du ciel, variations d’un gymnase, variations diverses comme une successions de petits films à regarder. J’aime votre écriture, directe, claire, fraîche et pleine d’humour (le truc de ouf, super ! ) J’aime que vous soyez partout, partout, partout…Sensible vos mots et votre regard – Au plaisir de continuer à vous lire et j’entends vos textes à voix haute – Peut être un jour, vous verrai-je jouer…
Merci et bon dimanche.
Bonsoir Clarence, samedi 2 octobre à 18h et à 18h30, à la Galerie Mémoire de l’avenir, au 47 rue Ramponneau 75020, je vais faire 2 fois la performance « Poèmes de rue et gestes du quotidiens », écrite à partir de textes et de mouvements que j’ai récoltés dans l’espace public. Bien à toi, au plaisir de se rencontrer. Bonne soirée dominicale.
Belles variations. J’aime l’interrogation sur la couleur du ciel, sur la forme les nuages, ce que l’œil y voit et y transforme.
C’est réussi. J’aime en particulier les divagations et les interrogations et ce moment du boeing et de la botte de l’Italie. Là ça me fait penser à Hebel que je n’ai jamais lu, mais dont Sebald parle dans ses carnets de campagne, il écrivait un almanach, avec un mélange de quotidien et d’interrogations sur le monde. Tu peux trouver ici un petit bout d’article qui en parle, peut-être que cela t’inspirera : https://www.universalis.fr/encyclopedie/johann-peter-hebel/
Hâte de découvrir Hebel, merci Marion, ah si si je suis chanceuse de recevoir tes commentaires si ciblés