# P6. voix en juillet

25.07.
Il fait très chaud. Comme d’habitude, pas un souffle d’air en ville. La chaleur est amplifiée par les pots d’échappement des voitures, par l’air dans les jambes qui sort des tuyaux des clim. à même les trottoirs. Je rentre. Une journée de fatigue indolente où, volets fermés, j’espère des cigales moins nombreuses et surtout moins vaillantes. Bruit constant. Ce mail de L. ce matin qui m’exaspère : elle accueille une jeune fille avec pitbull et boa. Par crainte, elle s’est enfermée avec sa chatte dans une moitié d’appartement. L’autre moitié est pour ses invités. Arrivée à la lecture où elle parle de vivre en harmonie, j’ai fermé le fichier sans lire plus.

24.07
Au marché ce matin, croisé un chien qui ressemble à un renard. Museau pointu, yeux bleus presque blancs et regard franc. Il appartient au boucher qui a mal au genou droit. Il y a quelques années, il se l’est fait plier à l’envers par son boeuf. Sa fille étudiante très jeune et très jolie tenait la caisse. Elle était très maquillée et portait de faux cils mais aucune vulgarité. Très mignonne vraiment.

23.07
Que s’est il passé ? Aucune idée. T. ne répond pas à mon SMS. Doit être occupé. C’est son premier travail d’été. Il est content. Valorisé. Indépendant. J’ai écouté l’émission sur les bébés et la naissance à la radio. Bien sûr, j’ai dû faire la cuisine/vaisselle, j’ai dû me laver, j’ai dû rêvasser et lire le soir dans mon lit. Mais pas sûr finalement pour T. que ce soit le 23.

22.07
En attendant l’heure de mon rendez-vous médical (2 h. d’avance), j’ai mangé un kebab/frites/crudités. Il était singulièrement bon. Un soupçon de culpabilité car une entorse faite à mon alimentation habituelle. Compensé par la lecture avec le café, de quelques pages de Jacques Réda. J’ai vite fait de me dédouaner ! A l’accueil du centre, un employé a fait mon dossier : carte sécu, n° de tél., etc. Il avait un timbre de voix chantant et plutôt dans les aigu pour un garçon. Mais ce qui intriguait, c’était sa chevelure sans savoir pourquoi. En regardant plus attentivement, mais en évitant de le fixer tout de même, le haut du front ne paraissait pas clair. Il semblait ne pas y avoir d’adhérence entre le front et le crâne. Bizarre comme impression jusqu’à ce que je comprenne : il portait une perruque et ça flottait.

21.07
Je n’ai rien fait ou vu de particulier. J’essaie pour l’exercice, de me remémorer quelque sortie, quelque coup de fil. Je ne me souviens pas. Ce qui me vient, c’est ce que je ne manque pas de croiser à chaque sortie : des gens obèses, des personnes sans domicile fixe avec leur chien, des corps bronzés mais avec des pieds et ongles abîmés dans les sandales. Quand je sors, il est impossible d’être serein et confiant. Penser qu’en traversant la rue, … Quelle indignité ! Et comme du dégoût quand j’entends discourir (discourir ?) nos politiques.

20.07
J’ai traversé la gare avec mon masque obligatoire sur le visage et tous les passants, presque tous, portaient aussi leur masque attaché aux oreilles. Je nous suis pensés comme chevaux endimanchés à cause de l’attache aux oreilles et aussi à cause des masques à motifs différents. Parade. En sortant de la gare, un tram qui tournait sur ses rails avait de dessiné sur toute la surface devant le parebrise (comment ça s’appelle le devant d’un tram?), un masque blanc. Donc, son corps cylindré articulé noir et bleu ciel avec un museau blanc. Solidarité de la machine à l’humain.

19.07
J’ai rendu visite à une ancienne collègue qui voulait me montrer sa peinture. Des tableaux partout sur les murs de l’appartement. Dans la cuisine, la chambre, le bureau-atelier, le salon, la salle à manger. Dans le couloir et dans les toilettes. Les murs sont tapissés de toiles où figurent des arbres nus ou des palmiers, la mer, le sable. Aucun personnage ou habitation. Quelquefois, des fleurs. Du vert, du bleu, de l’ocre. Dans sa pièce-atelier, les toiles sont rangées par format l’une sur l’autre. Il faut tout regarder. Je lui dis que, comme au musée au bout d’un moment, je ne peux plus regarder. Je sature. Nous retournons au salon pour manger une tartelette au citron. Là, tout est rouge : étagères, canapés, objets. Un peu plus loin, sur la grande table, sont disposés 6 sets de table. A part les plantes à profusion, qui vient boire ou manger ?





codicille : je me suis servie de mon agenda pr retrouver les rdv et reconstruire la semaine.

A propos de Louise George

Diverses professions et celles liées au "livre" comme constantes.

4 commentaires à propos de “# P6. voix en juillet”

  1. Entre deux trop-c’est-trop – celui du 19/07 à celui du 25/07, des détails singularisent le quotidien des autres jours – par ex. le doute sur le 23, le « vraiment » qui laisse à penser que l’on aurait pu douter, parade de l’humain et de la machine, la perception que l’on a ce jour-là pour une raison ou une autre… commencer et finir par ces 2 trop-c’est-trop, j’ai bien aimé !

    • Merci Christiane. Je n’ai pas fait exprès pour la chronologie et c’est frappant parce que j’ai respecté l’ordre des jours (je n’ai pas inventé). C’est drôle ce trop c’est trop d’après coup. Bonne soirée.

  2. A mon tour de venir te découvrir Louise ! C’est souvent très drôle : non seulement le regard croque, saisit des instants drôles (l’homme à la perruque / la jeune fille contrainte de se calfeutrer avec sa chatte / la vision de chevaux endimanchés…) mais l’écriture les restitue avec drôlerie. J’aime beaucoup ce regard sur le quotidien.