J-1/ Errance entre les stands d’une brocante. Je ne cherche rien mais aimerais bien trouver quelque chose. Besoin de l’insolite, du clin d’œil d’un objet, de quelque chose qui m’appelle, d’une échappatoire de l’esprit entre tasses ou verres ( il y en a vraiment beaucoup) vieux outils dont je n’ai aucune nécessité, portrait d’ancêtres inconnus ( mais qui achète ça?), bijoux sans patine, bandes dessinées ou livres qui n’ont pas mon intérêt… j’erre, fais le tour consciencieusement sans négliger aucun stand, mais ne trouve rien à rapporter : aucun plumier, lutrin ou boîte en fer décorée ne trouve son chemin vers mes yeux ( peut-être étaient-ils là et ne les ai-je pas vus…). Quand le regard est empli de vide, il est difficile de le nourrir.
J-2/ Journée solitaire où rattraper le temps de lecture et d’écriture perdus les jours de voyage qui précédent. Ne pas bouger ou presque du bureau, écouter les consignes d’écriture de l’atelier données dimanche dernier, se mettre à écrire, et s’immerger dans ce qui pourrait faire livre, et qui met à distance les soucis, le temps de l’écriture… Comprendre soudain que l’orage est là, qu’il faut fermer fenêtres et volets car la grêle s’est invitée . Regarder la terrasse emplie de billes blanches, puis très vite, plus rien.
J-3/ Conduire à tour de rôle, enfin moi quand même moins longtemps, afin de rentrer après une semaine de séjour en Bretagne. L’émotion au départ lorsqu’il faut laisser ceux qui sont chers. Ce moment tant redouté et qui finit toujours par arriver. Et les pensées qui tentent de reprendre le dessus mais ne rien voir du paysage qui s’étale. Ah si, l’immensité de ce champ de tournesols que je crois voir sourire.
J-4/ Pourquoi est-ce le repas pris à l’auberge de Paimpont qui subsistera de cette journée à Brocéliande ? Assis près de celui qui prépare les grillades, nous échangeons avec lui sur la chaleur et la pénibilité de son travail : nous bénéficions d’une côtelette d’agneau supplémentaire…puis le pass sanitaire est demandé pour entrer à l’office de tourisme ( 4 ou 5 personnes à l’intérieur). De la balade en forêt, si peu…
J-5/ Dans les rues de Dinan, à jouer au parfait touriste, mais quand même à ne pas suivre le circuit sur le plan… Arrêt devant une ménestrelle qui joue de plusieurs instruments de la bouche, des mains et des pieds. Je vérifie le nom de l’instrument sur le CD acheté : un psaltérion ; l’écrire pour la beauté du mot. Douceur et joie mêlées dans cet instant d’écoute.
J-6/ À Rennes : chercher à retrouver les traces d’un séjour déjà ancien, avoir quelques flashs. Et cet homme qui propose son aide pour nous orienter vers le bon chemin, puis qui nous rattrape en courant en bas de la rue : l’office de tourisme a changé de place, il n’est pas là où nous pensions ( il faut dire que notre plan a plus de dix ans!) et il nous indique son nouvel emplacement en haletant un peu ! Passer un long temps ensuite autour des stands des bouquinistes installés sur une place, en rapporter Le Pèse-nerfs…
J-7/ Là, dans ce cimetière de bateaux où je tenais à aller, circuler entre les épaves, prendre des photos des coques épuisées, choisir les angles d’approche, les couleurs, les inscriptions, tenter de garder quelque chose d’un passé, la rouille, les tags, les bois déchiquetés, les algues, les mousses, puis rester un long moment à regarder au loin sans savoir pourquoi… et penser Ne me secouez pas je suis plein de larmes…
J’ai beaucoup aimé votre journal des sept jours et cette belle définition de l’insatisfaction : « Quand le regard est empli de vide, il est difficile de le nourrir. »