Pensant « seule pour écrire » je joue l’effarement. Seule je n’ai pas grand mal à l’obtenir… mais qui est seule ? Seule je me parle, seule depuis longtemps Brigetoun fait des plaisanteries plus ou moins drôles. Brigitte cherche toujours l’envers de l’idée, et bataille contre pour retrouver l’endroit. Bri, agacée par son nom, joue les sérieuses appliquées. Brigitte trouve que Brigetoun donne dans l’eau de rose et le roman de gare. Brigetoun se vexe et lui sort quelques mots qui s’aiment en se rencontrant. Bri relit dit « oui pas si mal mais… » et toutes les trois, plus une autre, au fond, anonyme, cherchent à se souvenir de ce qu’elles voulaient dire, ne le trouvent pas, mais les mots continuent et leur imposent leur choix. Alors Brigetoun est contente et cherche à les suivre sans que ses doigts ne les déforment. Alors Brigitte est assez satisfaite, mais un peu inquiète, ça ne peut être aussi facilement satisfaisant. Alors Bri se tait un moment et puis dis « de toute façon suis mauvais juge ». Brigetoun corrige, Brigitte pense « vraiment ?», Bri se soucie de ceux qui liront s’il y en a. Brigitte dit « je m’en moque c’est pour moi » et Bri sourit, dubitative. Brigetoun, elle, continue à dialoguer avec les mots. Bri se souvient de quelque chose qu’elle n’aurait pas dû dire et se désintéresse des mots écrits, Brigitte pense « j’ai mal ou j’ai faim » . Brigetoun insiste « oui, mais la lumière là », Brigitte dit « tu es ennuyeuse avec ta lumière toujours », Bri parle d’un abricot. L’anonyme demande où vont ces phrases. Brigetoun, Brigitte et Bri pensent qu’on verra bien, que ce sont les mots qui comptent. Brigetoun dit « de toute façon je suis idiote », Brigitte dit « tu sais, ou tu crois, que non, pas vraiment » et va faire un tour sur internet, Bri sursaute « la casserole de patates ! » et les mots attendent en murissant ou surissant la décision.
Codicille. Je pensais que les moments de solitude dans le jardin de Toulon qui viennent toujours, plus ou moins brefs, ou les trajets en train, m’aideraient puisqu’on n’est jamais aussi seul que perdu dans un groupe ou lorsque les amis ou aimés sortent provisoirement de scène, mais il n’en a rien été… Il semble qu’en effet il faille la solitude (même si le résultat, là, hum… je me demande qui, de Brigitte, Bri ou Brigetoun était aux commandes)
image © Béatrice Clopès avec son aimable autorisation
J’aime beaucoup votre texte, je me retrouve dans votre jolie description des dialogues internes qui se croisent, des différentes Brigitte (s), merci.
trop gentille Isabelle… vraiment abandonnée par l’écriture ces jours ci… essaie de renouer à ma mesure