Aujourd’hui : lundi 30 Août. Ce matin ça a pris tout son sens, je veux dire ça a recommencé ça s’est reproduit ce que j’avais écrit ; j’ai ouvert les yeux et la lumière du couloir était bleue, je me suis levée comme une petite fille en cachette sans faire de bruit et j’ai allumé l’ordi, je me suis offert de regarder le zoom du 5 août d’ailleurs la tapisserie derrière Emmanuelle m’a perturbé, bref, et j’ai bu du petit lait… Avec mon café noir. Vos échanges sur la L#7, le temps consacré à l’atelier, le temps nécessaire de l’écriture, la question « J’ai le droit ? » la réponse d’Emmanuelle, à la Cordo « On va s’gêner ! » tout était raccord, le moment de l’écriture avec la vie les enfants… et puis le réveil de mon mari a sonné plus qu’une incursion, mais pas intrusion. je suis allée lui parlé j’ai fait réchauffé un café et suis revenue à vous, et vous m’avez attrapé à nouveau, un peu plus tard j’ai entendu « Ça chauffe, pause le café frémissait, je l’avais oublié, une habitude c’est moi, faire quelque chose me demande tellement que je me prépare un café une récompense avant l’effort bien plus qu’un accompagner un peu tromper puisque très souvent le café n’accompagne pas l’effort, mais le remplace tout simplement. Et Mehmet a eu cette phrase “Tu ne te connais pas ? Et je crois que c’est vrai, je ne me connais pas, je crois me connaitre, je crois avoir besoin de choses qui finalement me détourne de la priorité que je pourrais m’accorder. J’ai éteint le feu de la gazinière et j’ai senti que le feu était en moi. Il est parti et je vous ai rejoint et après la question de la P#6 est revenu j’ai relu la proposition et j’ai été saisi de la lire comme pour la première fois, je n’avais rien compris en fait ou j’y avais compris ce que je voulais plutôt et me revoilà à écrire…
Dimanche 29. Depuis un mois j’écris très régulièrement, je m’arrange pour écrire, je ne suis pas souvent seule et pourtant j’accède à un temps dédié à l’écriture, par exemple à l’heure où j’écris les enfants sont dans la pièce attenante, je le sais, je les entends, et si à la relecture je supprimais ce paragraphe je serais déçue et ça c’est nouveau pour moi. Pas la déception qui est une entité très prenante encore dans mon âme, mais le sentiment de ne pas être juste. Ce qui est constitutif de ce changement c’est la phrase de Blanchot citée par François ‘pour écrire il faut déjà écrire’, cette phrase est venue me prendre par la main doucement et puis ” tu écris avec ce que tu es, là où tu es » et j’y ai trouvé le même sésame qu’avec le jeu sur le plateau. Bien sûr on a les figures emblématiques d’actrices ayant interprété les rôles avant nous et si on se compare on renonce avant même de commencer. Voilà j’étais là avant l’atelier avec François, j’avais renoncé à l’écriture avant même de commencer à écrire. Aujourd’hui, j’écris et cela ne me fais plus peur et même je trouve l’exercice intriguant, j’ai envie d’aller voir, de faire le voyage, je n’ose pas dire ce travail. Je n’ai pas d’habitude, de rituel c’est trop tôt, c’est à l’ordi chez moi avec les bruits de la rue en bas et pendant le séjour en Turquie cet été c’était sur une tablette tactile (pas très pratique) avant que les autres ne se réveillent, et ça, pour une souche comme moi, c’est un signe fort, me réveiller sans raison particulière, sans réveil, pendant les vacances me réveiller pour avoir ce temps-là, d’avant la socialisation. Voilà, c’est peut-être seulement maintenant que je suis vraiment seule j’écris pour écrire, pour me confronter à ce que j’ai dans la tête, je sens que je choisis le moment de l’écriture et cela est nouveau pour moi, je choisis d’écrire plutôt que de faire autre chose et cela me plait. Je n’ai aucun recul sur ce que je produis et je me laisse faire tranquillement, vous me direz…
Samedi 28. Tourner autour du pot. Remettre à plus tard. Chercher des excuses. Sortir. Tricoter… je tricote et lorsque vient le moment de l’assemblage des pièces, je détricote, et je recommence dès que le danger se présente. Je me fais Pénélope, pas Cruz encore que je sois une vraie brune, ni Fillon car la fictivité de mon travail de plume ne me rapporte rien. Bref, seule je ne m’ennuie pas, j’invente, je fantasme. Mais ça, c’était avant. Avant cet atelier précisément. Je mentirais encore si je disais que je n’écrivais pas, que je n’ai jamais écrit puisque je suis allée à l’école, que j’ai eu mon bac, que j’ai rédigé une foultitude de courriers administratifs comme tout un chacun et aussi un seule en scène, mais ce n’était pas écrire cela. Noircir du papier, remplir des formulaires, gérer des difficultés, s’en sortir comme on peut, ce n’est pas écrire. Jusqu’à cet atelier, je n’écrivais pas parce que je me regardais comme quelqu’un n’écrivant pas. Il me reste de ce trauma de plusieurs décennies que la publication est encore une peu brutale, je veux dire qu’elle se fait encore avec un coup de reins, je m’en aperçois au moment de la relecture qui est encore ou complaisante ou superficielle quand parfois l’ampleur de la tâche me dépasse, parce que sinon je ne publierais pas, mais je me suis engagée auprès d’Emmanuelle et je l’ai verbalisé lors du premier zoom alors je le fais.
Vendredi 27. Je cuisine et si j’allume l’ordi c’est pour les affaires courantes, j’ai regardé la vidéo de présentation de la P#9 et le zoom attenant. Rien ne vient je n’ai pas fait la #8 et ça se télescope faire dans l’ordre ? Quel tu ? Je ne parviens pas à choisir parce que ma mère se pointe et je ne suis pas prête. Écrire comme Juliet un tu pour elle, je n’y arrive pas, mais écrire sur qui d’autre et une triche s’immisce et si j’écrivais sur moi en changeant le pronom ? Non, je choisis la voisine du dessous et c’est très peu alors je ne publie pas.
Jeudi 26. Je ne suis jamais seule. Je fais le travail d’intendance, mais j’arrive à prendre un temps pour mettre l’image que j’ai prise en Turquie au-dessus de la P#6 dont le titre me déplait, mais que je ne change toujours pas. Rétrospectivement je trouve péjoratif ce terme de brouillon, je n’en trouve pas d’autre encore, alors je le laisse.
Mercredi 25. Nous rentrons de Normandie, déjeunons chez le beau-frère pour lui rendre la voiture et récupérer la camionnette, se remettre en route dans la tenue de l’appart pas d’ordi pas d’écriture pas de place.
Mardi 24. Nous sommes à la cabine de plage et je me baigne avec les voisines, je culpabilise de n’avoir pas trouvé le temps d’aller voir l’expo de Marianne qui ne me demande rien/pas d’ordi, pas d’écriture.
Je l’ai l’u dans l’ordre chronologique. Avoir le courage d’un vrai journal. Brava. Et puis, dimanche, c’est en train de s’échapper, de devenir quelque chose entre ton quotidien et… David Lynch ?
Rétroliens : Écrire l’été V – Tiers Livre, explorations écriture