Allongée sur le lit, la lumière prête à décliner doucement, pas un mot de prononcé de la journée. Lire à voix haute ? Caler son cou dans la dépression au milieu de l’oreiller. A gauche la fenêtre entrebâillée, des voix d’hommes et parfois de la guitare. A droite la porte ouverte et des voix d’enfants qui jouent. Tout un monde qui se rencontre, qui échange à la fois près de moi mais tellement distant aussi. La perception variable de ces journées de solitude. Parfois la plénitude du silence, du temps rien que pour soi mais aussi le gouffre, l’impression de s’éloigner du monde vivant, avec les morts qui s’invitent dans la chambre. Une mouche se débat contre la vitre. Va-t-elle trouver la sortie dans la légère ouverture ? Le livre est posé à droite sur le matelas accompagné des lunettes indispensables.
Juste une housse de couette pour recouvrir. Relever les cheveux vers l’arrière afin qu’ils ne tirent pas. Imaginer une autre installation de la chambre. Déplacer le lit mentalement sur tous les murs, bouger les étagères, le semainier… et revenir à la disposition actuelle. Envie de fermer les fenêtres et la porte pour ne plus entendre le monde du dehors. S’imaginer le dernier humain, à l’aube de sa dernière nuit, plus de regrets puisque tout le monde est déjà disparu. Descendre le store pour faire la nuit dans ce lieu, rabattre au besoin le tissu sur la tête pour un noir plus dense, fermer les yeux et croire que le sommeil viendra.
Dégager la couverture, allumer la lumière, se lever, boire un verre d’eau, revenir s’allonger et prendre le livre toujours près de soi. Le sommeil ne viendra qu’au bord de l’épuisement, on le sait bien.
Vous avez magistralement décrit la solitude.
Merci Helena, votre commentaire me touche beaucoup.