lundi 26 juillet 2021
la place calme du matin, les petites feuilles transpercées d’une lumière vert tendre se balançant sur la cime d’un platane contre la plaque d’un bleu vivant qu’est notre ciel ce matin, les éclairs posés sur les plots métalliques et le plaisir de la jeunesse de ce souffle de l’air sur mon visage, le sourire qui monte réveiller les yeux, et le pas trop rapide qui me fait trébucher face à la poussette que j’ai failli heurter… les découpes tranchées que fait le soleil sur les rues de l’après-midi, la place des trois pilats entre ombre et lumière blanche, les accents mêlés des garçons.
dimanche 25 juillet 2021
en émergeant pour la troisième fois de cette sieste profonde qui est tout ce que peux vouloir, pousser les volets bleus, renverser la nuque vers le marbre bleu clair qu’est le ciel, ramasser quelques unes des crottes séchées des pigeons, et me tenir devant l’olivier fou, comptant et recomptant les olives qui semblent vouloir grossir sans pourrir, arriver à 14, recommencer, et recommencer jusqu’à ce que le sommeil remonte à l’assaut.
samedi 24 juillet 2021
place Pie, soleil devant la cyber-boutique, ai marché trop vite, ouvrir bec, chercher souffle, boire le vent, je suis en avance… un vélo qui dessine une courbe, s’arrête, le garçon l’accroche, se retourne, lumière dans les yeux et sur la face, il traverse la rue avec des mots qui se pressent, que je comprends presque tous, plein de la découverte des catastrophes naturelles, il m’explique, je surenchéris, si heureuse de le voir une fois encore s’intéresser, chercher à comprendre, se passionner, ouvert à tout ce qui le sort de ses difficultés, et puis, sur une question, un peu de la malice de son âge, légèrement protectrice… le soir la fusion entre la marionnette et la marionnettiste.
vendredi 23 juillet 2021
Je suis en avance, et pour le plaisir je prends le temps de parcourir deux des panneaux accrochés aux grilles du palais des papes en honneur à André Benedetto ; un grand bonhomme mince aux cheveux gris, qui se tient appuyé aux grilles devant quelques livres, s’approche une petite plaquette à la main, m’explique qu’il est poète et que Benedetto l’était… un petit échange quasi fraternel, j’écarte mes mains démunies et je pars vers le théâtre des Carmes
jeudi 22 juillet 2021
en belle chaleur je chemine à l’ombre, pleine du satané sentiment de mon peu, de mon trop long, de mon moi encombrant…. oublie en écoutant sous le tau du Cloître Saint-Louis une ex infirmière de nuit, militant pour le maintien des beautés de son métier et je m’emplie de souvenir reconnaissant envers une petit femme rousse, au nom de toutes les autres mais en avant d’elles, et puis je m’effondre en regardant les fleurs du square au retour.
mercredi 21 juillet 2021
chaleur blanche, lourde sur la ville, mais sur le côté, un peu à l’écart, dans le cloître, goûter l’ambiance ; une femme, négligeant comme moi les chaises regroupées, s’installe au dessus de moi sur le gradin de bois et quelques phrases d’une banalité bienveillante meublent l’attente de la lecture – mise en place davantage que lecture cette fois, avec une ébauche de mise en scène dans la manière dont les corps avancent, reculent, se regardent – d’un texte sur ceux qui travaillent, à divers niveaux, dans un hôtel de luxe.
mardi 20 juillet 2021
l’exaspération honteuse en voyant la foule des dîneurs pressés les uns contre les autres et frôlés par les passants, tous sans masque y compris les serveurs…. mêlée au plaisir par ricochet de leur liesse… quelque pas, une attente et la joie de retrouver les voûtes du cloître des Célestins, les yeux caressant chaque nervure, le grain des pierres comme des amies trop délaissées, le salut amoureux et silencieux aux platanes, l’attente détendue à côté d’un jeune homme en attente détendue et le bonheur, puissant, quand s’élève un chant rauque, d’autre part, d’autre pays, d’autre temps, primal, ventral, et la musique qui y répond, leur union telle que même les platanes musicaux modèrent leur chant, la danse sauvage et tendre des femmes, une petite houle qui me fait croire que par delà des années de plaisir mitigé je retrouve presque l’émerveillement de mes vingt et quelques années dans ce lieu.
image © Brigitte Célérier – Avignon
Que de lumière, de beauté, de grâce.
Merveilleux, Brigitte ! J’adore !
Merci 🙂
oui, enfin j’ai un peu « gazé », comme on disait au XVIIIe, les mauvaises journées
Oui, la lumière et la saveur. On goûte ces textes comme un fruit d’été. J’ai simplement aimé.
Goûter votre texte comme vous goûtez la vie, les sens en alerte, ouverte aux rencontres. Quant à la photo du ciel… cerise sur le gâteau. Merci
merci à toutes, me donnez du tonus 🙂
l’impression d’y être (ce qui console un peu de ne pas y être) avec ce regard « à la Brigitte »…merci pour ce texte!
vous airiez été plus à la hauteur que ne le suis maintenant
Un régal, cette promenade avignonnaise… merci !
merci Béatrice…
rien que tout ça ! la vie en foison !
Émerveillée par vos souvenirs du 20 juillet…
votre mémoire est bien meilleure que la mienne…
je triche j’ai mon journal