Jeudi journée perdue trop fatiguée par le manque de sommeil et la migraine renforcée par le bruit des machines du chantier d’en face la voiture du voisin a disparu il a dû partir en avance en vacances pour éviter les embouteillages
mercredi un banc au soleil enfin voir les fleurs que j’aime tant avoir le temps et plus tard quand le soleil aura laissé place à nouveau à la pluie les ouvriers viennent fumer à côté de moi mais me laissent le privilège de l’abri sous le porche
Mardi la nausée et la migraine au réveil à cause du manque de sommeil
lundi dans la salle d’attente à la fenêtre ouverte voir la fenêtre d’en face s’ouvrir sur un jeune homme et vouloir l’interpeller mais sans oser le faire la pluie tombe à verse dire que je vais ressortir dans pas longtemps marcher sous la pluie et observer le comportement de ses contemporains qui s’abrite dans un pas-de-porte qui chante sous la pluie sans parapluie qui essaie de marcher plus vite les voitures étrangement paralysées par quelques gouttes bien innocentes et une fois enlevée ne plus jamais pouvoir remettre cette veste trempée
dimanche essayer de rattraper le temps définitivement perdu et pourtant continuer à pourchasser des bribes de la vie des autres
Samedi couler à pic dans le sommeil sans retenue comme un poivrot avec sa bouteille ne pas vouloir sortir du lit et des rêveries…
Vendredi cet arbre duquel on a coupé la tête et les bras qui trône là au milieu de ses frères feuillus qui par solidarité perdent quelques feuilles à intervalles irréguliers la pelouse si verte avec ce soleil rad-i-eux les abeilles heureuses de butiner les fleurs qui s’égaient au milieu d’elle le ballet des jardiniers affairés à pas grand-chose apparemment opérant des allers-retours incessants dont je ne comprends pas le sens et sans aucun outil en main et tout à coup découvrir que je ne suis plus la seule lectrice sur cette pelouse encore déserte jusqu’à ce que je remarque un autre mouvement sur ma droite je n’ose pas le déranger pour savoir ce qui l’absorbe je remarque juste qu’il change de position régulièrement et quand je l’eu cru parti le revoilà revenu avec son déjeuner sur l’herbe mais il est parti avant moi sans que je ne sache finalement rien de lui
Je ne sais pas quoi dire sinon ‘j’aime’
Merci beaucoup Sybille !!!!
Mais oui c’est chouette, on aime être cette conne qui attend connement parmi les connes et cons (écriture inclusive incluant toute la sereine et douce connitude) qui attendent ou qui n’attendent pas ou qui vont bientôt attendre, merci 🙂
Merci Marion !
Ce titre fait écho comme une suite (plus ou moins imaginaire) au texte écrit lors de l’atelier de Sébastien Bailly avec Milène Tournier :
https://www.tierslivre.net/ateliers/eloge-de-la-betise-a-defaut-de-se-gaver-de-betises-de-cambrai/
😉
Rarement l’écriture sans ponctuation marche aussi bien que ça. Cela donne un tempo indolent qui colle à l’attente de cette conne si attachante
Merci Béatrice ! C’est une grand première pour moi : en fait, j’ai écrit ce texte à la main, et je l’ai ensuite dicté pour le taper et comme je n’ai pas vraiment paramétré le système de dictée vocale, j’ai juste lu sans indication de ponctuation, pensant l’ajouter après.. Et finalement en regardant l’ensemble j’ai trouvé que le manque de ponctuation donnait quelque chose d’intéressant 😉
attirée par ce super titre! et la suite..un régal!
Merci Marie-Caroline ! Ce n’est pas toujours facile « d’auto-évaluer » ce qu’on propose et j’ai failli ne pas le poster ce texte en le trouvant « pas assez » je sais pas quoi… et finalement je suis heureuse de l’avoir fait quand même 🙂
J’adore, accrochée par le titre et baladée par le texte dans cet entremêlement de faits et de sensations. Superbement mené et déroutant sans ponctuation. Bravo !
Merci George !