dimanche 25 juillet
Comme la veille, la lune se dévoile derrière les arbres, un halo très lumineux. Puis je la vois trop grosse, déformée et floue, cette vision me met mal à l’aise, je ne sais plus si c’est la lune ou une planète géante. Elle a pourtant une belle couleur orangée. Et à sa gauche très visible un point lumineux que je crois être Mars, s’avère être Jupiter. Ses contours sont nets maintenant, je cherche sans succès Saturne dans le même périmètre du ciel. Ma chienne me fait un signe furtif de la tête pour rentrer. Je quitte à regret mon poste d’observation du verger municipal.
samedi 24 juillet
Entendre des bribes de conversation, un homme parle trop fort, deviner ce que disent ces gens derrière la vitre, une femme de toute évidence me parle. Mon imaginaire galope pour unifier tous ces morceaux, coller les indices. La voix de cet homme qui s’écoute parler est désagréable.
Voir dans un film les aspects financiers dicter le scénario et ses ressorts, et quand même se laisser à aimer des passages. Mise en abîme, un couple de scénaristes à l’écran, le compagnon chevronné répond à sa femme en quête de conseils sur un blocage à l’écriture : « ne pas forcer si l’écriture ne vient pas… écrire sur un autre sujet ou faire tout à fait autre chose.»
Avoir la petite voix de Wittgenstein en tête…
vendredi 23 juillet
Trop fort, c’est beaucoup trop fort. J’étais averti par un petit mot. La mise à jour effectuée hier a déréglé l’intensité sonore. Avoir les oreilles partout. Baisser le son, être vigilant, écouter, vérifier, diminuer au cas par cas.
jeudi 22 juillet
Conversation qui commence comme une menace et qui finit sur un ton excédé pour me donner raison par : « et bien qu’est-ce que vous voulez que je vous dise… on va… o va en rester là! »
mercredi 21 juillet
Quatre heures vides, quatre heures sans personne, seul, quatre heures à attendre un signe, un appel, un email dans ce lieu dénaturé parce qu’étrangement désert, neutralisé, ayant perdu pendant ce laps de temps sa vocation.
J’entrevois plusieurs plan d’un film, bord cadre d’une diapositive, l’intérieur d’une masure aux murs délabrés avec un poële à bois antique à l’entrée, la porte ouverte sur une immensité de paysage, ciel bleu radieux, un jeune enfant casse un oeuf dur, mange un bout de pain et part en courant rejoindre à travers champs son grand-père allongé sous un arbre bonnet blanc de coton sur la tête, tout autour de lui son troupeau de moutons qui tintinnabulent et bêlent.
mardi 20 juillet
Et vous vous en pensez quoi? Qu’est-ce que vous feriez? Questions rares qu’on vient me poser. Est-ce purement réthorique? Appellent-elles réellement des réponses?
J’écoute ce réalisateur lésothien parler de décentrer la langue colonisée, de trouver et forger leur propre langue, du processus exténuant que cela représente. Décidément j’irai voir L’indomptable Feu du Printemps.
lundi 19 juillet
Filoselle, j’écris filoselle – mot que je n’avais pas entendu depuis l’enfance. Mais en suis-je certain? Est-ce que je ne me refabrique pas des souvenirs? Je rature le mot, pas assez ou trop incongru.
Mes mains rejoignent d’autres mains, elles s’enserrent chaudes, contentes de se retrouver, sans gants de filoselle.
dimanche 18 juillet
Jour de lassitude; tout mon corps se refuse à l’effort même celui d’écrire. Boltanski a rejoint son horloge parlante; vouloir visionner ce documentaire hommage sur Arte, et puis non.
S’impose lentement de revoir un film déjà visionné, à la manière de rendre visite à un parent pour l’écouter encore nous raconter sa meilleure histoire, dans l’espoir toujours déçu que ce sera un peu différent, puis dire à haute voix plusieurs répliques de suite, se faire la réflexion que cette scène anodine est loin de l’être. Apprécier ce film différemment cette fois comme à chaque visionnage.
A quoi ça sert tout ça ? Il ne faudrait pas en lire trop, tu communiques si bien cette émotion fréquente et délétère
Merci beaucoup Danièle!