C’était un lundi à faire des courses à Franprix. « J’ai bien le temps de mourir, mais je ne sais pas pourquoi je suis pressée » dit la dame aux cheveux clairs en entassant ses boites de conserves sur le tapis déroutant. Un lundi à payer par carte bancaire.
C’était un mardi à boire un café au Bel air en discutant du monde qui coule sous les averses de juillet. Un mardi à admirer la rivière déborder en gondoles entre la route et le trottoir. Un mardi à reconnaître qu’une cascade ressemble a une autre cascade sur un téléphone Samsung.
C’était un mercredi à se tromper de jour parce que les jours ne se ressemble pas dans les couloirs du quotidien. Un mercredi à demander quel jour on est pour savoir qui est le plus perdu, à se débattre avec l’angoisse d’être court-circuité.
C’était un jeudi à s’inquiéter de l’a-venir dans la fausse chambre du grand appartement pour Paris. Un jeudi à prendre un risque parce que la solitude est aussi confortable qu’une cellule de prison. Un jeudi à dire la volonté de sortir de l’enfermement. Un jeudi à mettre des a devant les mots pour s’échapper : apoplexie, anorexie, acesoir.
C’était un vendredi à retisser des liens à Gare du Nord. Un vendredi à prendre le temps de boire un chocolat chaud en mémoire de ce qu’on a été. Un vendredi à comprendre qu’on aime différemment quand le temps passe, saisir là au creux du ventre la chaleur de l’écartèlement.
C’était un samedi à rire de la lune en ictère au Parc de la Villette. Un samedi à chercher l’herbe de la grande pelouse, ne pas la trouver et s’amuser quand même.
C’était un dimanche à siffloter le long de l’a-venue Gambetta. Un dimanche à prendre le temps de respirer sans masque et sans filtre, le temps d’aimer le monde sans a, le temps de coller les mots sur des murs.
C’était un lundi à organiser un enterrement un peu loin de Paris. Un lundi à écrire la nostalgie des croissants : de lune dans la nuit et au beurre juste après. Un lundi à se rappeler aussi des siestes sur le vif entre les rires en berceuses et des chants revisités.
J’aime bien cette belle simplicité qui laisse passer les états de l’âme.