samedi
Le rideau gris entre-ouvert devant moi, de l’autre côté de la pièce, en face, un autre rideau gris, lui aussi entre-ouvert. Entre eux, l’espace de la salle. Et dans l’ouverture du rideau, il y a la moitié d’un visage et d’un corps qui m’observe et qui voit certainement la même chose : une moitié de visage et de corps qui l’observe.
vendredi
Elle a fait silence après avoir dit ça. Et puis elle a reposé une autre question, doucement, presque comme si elle n’existait pas. Après cette deuxième question, elle est descendue du tramway.
jeudi
Le chat du jardin a fait une tentative d’intrusion dans le bureau. Corps presque aplati sur le plancher oreilles basses il s’arrête dès qu’il se rend compte que je le vois.
mercredi
Le grand mec a des dessins pleins le corps, et sur le visage. Une goutte d’encre sous l’œil et d’autres formes que l’on identifie mal. Il est debout au centre de la rame. Il sourit au bébé
mardi
Au bout de trente minutes je quitte le canapé pour rejoindre la chaise, comme à chaque fois. Mais alors que je fixe l’angle de la pièce, celui où est installé le canapé, avec ces trois tableaux au-dessus, il me semble que je l’observe pour la toute première fois.
lundi
Les feuilles atteintes déjà se recroquevillent, virent de couleur et sèchent sans que l’on n’y puisse rien faire.
dimanche
Il y a un homme au sourire figé dans le rétroviseur. Qu’est ce qui le fait sourire comme ça…la douleur ?
Merci pour ces textes incisifs et denses dans leur agilité à montrer.
J’aime beaucoup l’idée d’une goutte d’encre sous l’oeil (une larme naissante?) et de l’hypothèse de la douleur comme raison de sourire. Bravo.
J’aime cet univers légèrement angoissant et absurde.