Inspirer, expirer. Se décaler, se décoller.
Pulsation d’un canon subi qui visse au déchirement.
Rester immobile. Bander les muscles des bras, oublier le reste du corps. Inspirer : premier décalage. Expirer : premier regard. Inspirer encore : pulsation. Expirer encore : confusion. Chaque inspiration requiert toute l’attention, toute l’intention disponibles. Chaque expiration tire un cri sans soulager. Seul mouvement : les poumons et la larme qui coule au coin des yeux qui s’ouvrent, se referment, souffrent. Ça monte, c’est pire. Poing qui se crispe, qui tape pour montrer. Répit. Reprise. Inspiration. Expiration. Décalage encore. Plus aucun décodage. Effusion corporelle.
C’est fini, tout va bien. Sauf dedans. Ça continue. Le décalage continue à faire vivre ce que la tête n’a pas compris. Tous les souvenirs se rejouent dans les neurones, recollent les morceaux de sensations inconnues vécues dans un temps désincarné. Ça réactive la douleur, ça se rejoue en moi pour mettre de l’ordre. Cette fois l’air est pur. Le temps me revient, je reviens au temps. La vibration de mes pleurs traverse tout mon corps, lui redonne consistance. Le desserrement se diffuse jusqu’à l’inespéré sommeil.
du mouvement et de la puissance dans ce texte! On est au plus près des sensations.
Merci beaucoup et contente que cela vous ai plu.