Ça tombe dessus, marteau-comète qui brise le crâne et fait perdre pied. Oscillations sables mouvants ventouse à ténèbres ou lévitation forceps arrache-pieds-sur-terre : ce contact douce voûte plantaire. Ça égratigne la patience, bouillonne le sang froid, nourrit le cri de la chorale des rejetons enfouis, couleuvres avalées, frustrations refoulées, colères enterrées sous la chape du plomb de la bienséance et autres braillards couvés au silence angoissant de leur mère maquerelle l’hystérie. Ça gratte aux entournures de l’empesage du savoir-vivre, fissure la carapace carcan des bons sentiments. Quand même les apaisantes respirations ne peuvent ventiler la surchauffe, délier le serre-gorge, l’oppresse-poumons, le contracte cage-thoracique. Cette bouffée de grossières paroles qui déchiquette le tamis social des paroles acceptables, ce crochet crampe d’estomac qui foule pour les enfouir tout concept
humanaménité. Le coup de bélier des mots remâchés, remarques acerbes, attaques frontales ou coups de poignards dans le dos que l’on croyait pourtant digérés et qui foncent et dans leur ruée renversent le poste frontière des bonnes mœurs et font dérailler le self-control. Impossible de résister, s’accrocher au bastingage pour ne pas chavirer. Céder : se laisser emporter par ce ras de marée de colère… Sombrer pour espérer se délester de la noirceur.
J’aime beaucoup ce texte, Sophie. La glu des mots-valises, la mère maquerelle l’hystérie, c’est fort et ça envoie, juste là où ça doit poindre. Ecrit avec les tripes, pas de doute.
Merci Bruno, ça chauffe-coeur et délie les doigts… Se mesurer au pèse-nerfs d’Artaud c’était un sacré mur à franchir ou à renverser.( souvenirs de bouleversement de lecture de vingt ans) J’ai longtemps pensé passer le chemin ( parfois François le conseille) , effleuré P6 P8 et P9, et en filigrane, ce texte qui germait comme une bizarre évidence…