Dévorée de l’intérieur par une force inconnue, une disparition de l’être. Quelque chose meurt, s’éteint quelque part. Les yeux restés ouverts renvoient la vision d’un autour inatteignable comme dématérialisé. Je suis un résidu, à peine plus qu’un avatar fait de pixels, le reste est ailleurs.
Décollement de l’enveloppe, dissolution de ce qui entoure et devient un reste impalpable, l’immensité de l’espace, l’inconcevable absence de limites, ce vide sans fond à l’extérieur de la Terre, l’infini de la noirceur et des astres grandissent entre les cloisons de mon crâne, l’infini est à l’intérieur de moi, rétrécissement de l’être, jusqu’à devenir minuscule, une tête d’épingle, je m’agrippe aux parois de mon corps car submergée par ce vide qui l’habite, y prend place, matière impalpable qui crée la distance, la peau est déjà loin, si loin, griffer, mordre la peau pour la ressentir, crée le lien, regagner du terrain à l’intérieur, ne pas y disparaître pour ne laisser qu’une enveloppe, fine pellicule, qui sépare de l’extérieur, l’enferme, les yeux trompent, ils ne voient plus, ne reçoivent que des signaux qui n’accrochent pas les choses, glissent seulement, ils sont des écrans reliés par des câbles invisibles à ce qui était moi, ce qui constituait cet intérieur, et se trouve hors de portée, en perdition, abandonné à une dérive dans un vide lointain où il n’y a plus de son ni d’oxygène, on ne sait comment l’intérieur à réussit à s’échapper par l’intérieur, tombé, glissé dans un trou noir, en dedans, comme un couloir menant directement à l’espace dans une toute petite cabine aux verres épais, au fond de galaxies effrayantes, il faut retrouver la matérialité du vrai, s’accrocher, qu’y a t-il là, une chaise, les cuisses sont assises sur une chaise, faite de paille et de bois, du bois des arbres, de la paille, poussés sur la Terre, sciés, poncés, assemblés, tressée par des mains, serrer les jointures sur le bois, il faut des choses petites et très simples, superficielles, pour fuir l’immensité de ce qui est sans limites, celles du temps et des distances, retrouver l’échelle, la sienne, de sa respiration, du corps, des membres reliés en un corps, celles des objets et des bâtiments, des arbres, de tout ce qui a un début et une fin, un extérieur, un intérieur, ce qui existe sous la lumière et dans l’oxygène, là où on peut crier, attraper, griffer et mordre.
J’aime cette thématique de la chute inéluctable vers… et les effets lancinants que vous déployez.
Merci beaucoup pour ce retour sensible, au plaisir !
Un texte puissant… on s’accroche à son rythme, à sa matière, et en s’accrochant on se sent tomber…
Je vous remercie chaleureusement pour ce touchant partage d’expérience de lecture, bien à vous
Belle noyade de l’intérieur, du corps résidu qui s’accroche et de son reste ailleurs.
Merci beaucoup Marion !