qui de moi va là ventre en apnée le sol se tasse yeux raidis vers le ciel nuage coton des bribes de pensées qui s’effilent en nuées ouate en cuisses comme s’envoler nuage coton
il y avait une litanie pour le vertige essaie de diriger les jambes vers la place là-bas nuage coton le monde se retourne comme un verre devient rêve on ne peut pas en sortir essaie d’avancer quand les pieds s’enfoncent froid dedans sueur au front nuage coton si froid sang glacé irrigue les membres les rues étaient infranchissables le non-sens dévisse les jambes d’apesanteur nuage coton perspectives de ville en oblique du front accélération en travelling arrière la ville soudain pendait à mes bras devenue grise où respirer nuage coton l’air tourbillonne autour du nez rien n’entre dans les poumons les immeubles tournaient aussi des filaments de balustrade la ville précipitée comme un poisson hors de l’eau il y avait des accélérations et des ralentissements corps et ville mêlés dans une chair étrange des mots grésillaient contre les tempes
nuage coton
pieds si lentement
déposés
ville oblique
les rues inutiles
assourdissement
du sol
s’enfonce
sang glacé
l’air rétrécit
travelling arrière
mots qui grésillent
J’ai beaucoup aimé ce texte, son imaginaire, sa poétique, sa construction formel. J’ai envie de le relire plusieurs fois, je me le mets dans mes favoris. D’habitude, j’ai un peu de mal avec les formes non linéaires, mais là, ça marche.
Très heureuse Aurélien que mon texte vous ait plu, ce n’est pas évident de partager son imaginaire (toute ressemblance avec des faits vécus n’étant pas fortuite). La construction formelle doit beaucoup à L’infini turbulent d’Henri Michaux. A bientôt de vous lire et de découvrir votre univers !
La ville, le corps, tout ça intimement mêlé, s’entremêlant, l’un agissant sur l’autre – j’aime beaucoup ; la forme, les espaces fonctionnent parfaitement pour rendre l’inconnu, l’incertitude, l’attente de ce qui est à venir de cette rencontre.