#P5 | goulot d’étranglement

Ça dézoome, je m’entends parler. Devant moi les gueules de l’entonnoir tricéphale ; derrière elles, l’avenir.

Mon cerveau se sait affûté (il ne le sera qu’une autre fois autant). Il a intégré, après tous ces exercices, qu’il se tient sur un point d’inflexion de la courbe. Il ne s’agit pas de faire de double-lecture éthérée, ni de se focaliser sur des sensations primaires qui, assez ironiquement, seraient pourtant analysables : sueur, rythmes cardiaque et respiratoire, glycémie, concentrations hormonales… Je dois me contenter de régurgiter avec élégance les miettes mâchées par mes synapses. Sensation de freinage plus que de chute, on regarde le ravin. Puis on raccroche avec cet endroit d’entre deux mondes où ce qui a été étudié se transforme en objets tangibles et manipulables qui, on s’en persuade, empêcheront l’accident.

A propos de François Tastet

J’ai trente-deux ans et j’enseigne les sciences naturelles à Paris. J’ai grandi dans la région bordelaise, près de l’océan. C’est la discipline de fer dont j’ai habillé ma pratique de l’écriture qui apaise mes démons, règle mes journées et me fait voir le beau. Pour écrire, il me faut : lire, aller au cinéma, marcher seul loin de la ville et savoir mon corps capable de mouvements compliqués. Certains de mes textes ont été édités dans des revues à très petit tirage. Je brouillonne dans des cahiers d’écoliers dont on peut consulter certaines pages sur https://cahierdetravauxpratiques.fr/.

Un commentaire à propos de “#P5 | goulot d’étranglement”

  1. Ça dézoome. L’accidentel a du bon ! Et le goulot d’étranglement laisse passer un objet qui me plaît.