Le cri est silencieux. Qu’y a t’il de plus sonore que ce cri silencieux?
Je . Est ce moi? Je ne sais pas … l’ai je jamais su? Ce cri me larsen, me strie, me vibre, me déchire. Feuille de papier saisie entre le pouce et l’index que deux mains imprudentes ont écartelée. Pas plus bruyant qu’un bruissement de cellulose. Pourtant étourdissant, insupportable. Dresse les poils à angle droit . Quatre vingt dix degré, angulaire, douloureux, intenable. Ma peau? Quelle peau? La peau craquèle jusqu’à se crever. Trou. Néant. Trou. Béant de la bouche ou les dents fracassées jaillissent puis roulent inertes en un jeu d’osselet sanguinolent. Trou. Vertigineux. Milliards de millions de milliers de trous suant. Les pores transpirent abondamment les muscles, le sang, la lymphe de ce corps. Quel corps? Les humeurs jaillissent soumises sous la pression insoutenable. Vomique purulente. Geysers vermillons qui salissent par pans entiers les murs trop haut de ce monde blanc. Spectateur de ce spectacle grandiose et muet. Le cri ne se propage pas en vibrations mécaniques perforant le tympan dans le fluide blanc. Il aspire le monde. L’avale. Invagine l’enveloppe charnelle .Dépèce les chairs. Jusqu’à la rupture.Le bruit ne fait pas violence. Pourtant l’implosion est sublime. Silencieuse. C’est le silence qui succède au silence.Enfin je m’autorise à être. L’atmosphère brûlante assèche mes cordes vocales. Douleur exquise.Et je ne peux me détourner de l’image des restes que je piétine en une flaque immonde d’éclaboussures écarlates et d’ossements fracassés.
Organique et sonore mais d’une façon particulière, comme un bruit blanc, une sonorité sans son, un assourdissement.
Merci Marion!
Ce cri silencieux tellement présent. Merci Geraldine
Merci à toi Marie!
Du corps à corps dans cette lecture qui ranime le souvenir de cauchemars : cris muets, dents qui s’effritent dans la bouche. Du corps dans ces phrases. Éprouvant et jubilatoire .
Merci Nathalie!
« Qu’y a t-il de plus sonore que ce cri silencieux? « . Très belle phrase d’introduction. Merci pour ce texte Géraldine.
Merci Elisabeth!