Le nœud ne se desserre pas, trop serré le nœud, ici, dans la gorge, au carrefour des respirations, affole les sens, excite les fêlures.
Pas de main à saisir, pas de rampe, pas de filet, aucun accessoire estampillé sécurité, aucune issue de secours, parcours obligé, piste noire savonnée, savonnée en noir, je prends de la vitesse, l’ivresse me cajole, pas de main, de parachute, de protection, rien d’autre que ce vide à mains nues, qui happe, qui me happe, qui me prend, me vole, me dérobe, je me dérobe, les parois sont lisses, pas de paroi, descente verticale, un puits, à pic, oiseau sans aile, carlingue explosée avant même de toucher le sol, le vertige arrive avant la nausée, pas de pilote, lâché les manettes le pilote, moi, menottée par quelle emprise, menottée, impossible de redresser, je glisse, ma raison s’est détachée de l’appareil, mon cerveau l’a crachée dans ce nulle-part colossal, elle flotte dans ce grand rien, ce mât de cocagne qui valdingue, pas de main pour la saisir et la remettre dans son logement, ma boîte crânienne largement percée par des mirages, des illusions indénombrables, des trompe-l’œil qui me fracassent, personne, solitude choisie, pas de témoin, la conscience s’effiloche, se rétrécit, se limite à multiplier les feux verts et à ouvrir les trappes pour dévaler encore, le temps s’étire, la dégringolade n’en finit pas. Un frein est là, impossible à atteindre, il suffirait pourtant de. Pour stopper net. Pour que tout s’arrête. Pas de rampe, glisser encore, voir défiler devant soi les illusions qui s’échouent, les espoirs qui se tordent, difformes, perdre, se perdre jusqu’à l’épuisement, jusqu’à l’abandon de soi jusqu’à rendre les armes, me rendre, vaincue, insecte aux élytres troués, aux pattes éparpillées, sonnée, cernée, le diable aux trousses, et ce nœud, qui tient le ventre maintenant. La nausée est là.
on y est complètement dans cette chute libre vertigineuse ; bravo, merci
Merci à vous Béatrice. Vertigineuse, oui. Et sans doute pas si libre que cela …
D’accord avec Béatrice. Je connais ce cauchemar, rare, mais qui se termine par un brusque réveil … ouf ! Merci pour la précision de ton écriture.
Bonjour, Martine, le problème avec ce cauchemar, qui n’en est pas vraiment un, est sa répétition…. Cela me donne une idée de prolongement éventuel … Merci.
La solitude de cette plongée traduite tellement fort par l’image de cette main amie que l’on cherche mais qui ne vient pas…
Merci Géraldine pour ce commentaire. Non, la main amie ne vient pas. Peut-être, sur le moment, ne la souhaite-t-on pas, aveuglé que l’on est …