Un vide dans cette chair – je dis moi – et un flot qui monte
n’être rien à nouveau après un temps d’illusions, et qu’importe sa longueur, n’être que quelque chose où se perce un trou, une fontaine par laquelle monte on ne sait quoi, des mots qui savent encore se refouler, des poisons crispant muscles ou des larmes qui restent au ras, en remous étouffant, faute de savoir à quoi s’accrocher dans le vide.
Mains crispées, yeux sur but, maintenir jambes et aller vers un abri hors de la rue
sentir que cela vient sans pouvoir l’empêcher, sucer frénétiquement une pastille Vichy, mêler sa fraîcheur au goût métallique de la salive, suivre la montée de l’angoisse noire, enfouir un poing dans une poche, cacher l’autre comme on peut, admonester jambes, aller plus vite que la crispation totale, le cœur se serre, dresser tête, respectable.
image © Brigitte Célérier – Avignon
« n’être que quelque chose où se perce un trou » Les mots justes tout en nuances. Particulièrement touché par le premier fragment.
en quelques mots dire le sensible, le troublant du corps intérieur
grand merci à vous deux (tiens la connexion se maintient !)
sucer frénétiquement une pastille Vichy, ça me parle. l’alliance du frénétique et de la pastille Vichy a quelque chose de dérisoire et de troublant.
Fulgurance de ces sensations qui nous envahissent à notre corps défendant et nous font chavirer l’espace d’un instant.
Subtil et sensible. Et rester debout malgré le vide, malgré les jambes. Joli.
merci Madame, Messieurs
si fort en quelques mots ! et la chute « dresser tête, respectable », merci
Le plus vertigineux c’est « je dis moi ». Tautologie incertaine de l’incertitude d’être en dehors de ce qui souffre.
Disons plutôt « tautologie improbable »
🙂
Tenir. Aller…Entêtement.. Ce redressement de tête et le poing dans la poche ( arme – pierre ) ce goût de pastille vichy ( Frénétique) contre le vertige . Ces lignes touchent.
en fait dans mon idée (on. a dit pas autobio… mais disons quelques notions et rencontres) c’est pour cacher la crispation le poing
cacher sûrement Brigitte (avec ma petite tête j’interprète ) La chance ici c’est d’être redressée par l’autrice
un très grand merci à vous tous (me rendent peps)
Nathalie ! pardon …
Écrire un commentaire c’est parfois difficile, on lit un texte, on est ému, et on ne trouve pas les mots à la hauteur de ce qu’on vient de ressentir.
oh que oui… je ne sais pas commenter – merci !
Très touchée par vos textes Brigitte, où le sensible nous prend dès les premiers mots.
très touchée Alice… merci
Touchée par ce texte qui fait écho et par sa fin: « dresser tête , respectable ».
merci Solange
Beaucoup aimé aussi. Surtout cette phrase « n’être que quelque chose où se perce un trou » par laquelle j’ai vu remonter non des poisons mais des poissons (écho du « ma mère est un poisson » de Faulkner et vu dans l’atelier « Faire un livre »?). Le reste du texte aussi est beau, précis, juste.
merci (dit celle qui bataille avec le #L8 qu’elle pensait facile ou presque)