Je suis resté là, près de lui, j’ai pas bougé, j’avais froid, je voulais bouger aller chercher un truc une palette, quelque chose pour me poser dessus, je suis resté là, j’ai pas bougé, c’est con j’avais peur que… qu’il se barre, je voulais pas rester … je… ma tête sur mes genoux, je voulais rien voir, plus rien voir, je voulais bouger, y a bien un bar ouvert pas loin d’ici, le bar du Cheval à Bascule…je voulais y aller je pensais qu’à ça… je voulais rien voir, je suis resté là… j’entends encore la voix de l’autre hurler, toi tu ne parles plus tu ne parles plus tu ne parles plus… tu entends sa voix tu vois sa bouche se déformer et… toi t’es resté là t’es resté là…le type est sous tes yeux , le type ne bouge pas , il est peut-être dans les vapes, et… je sais c’est pas possible c’est… je te raconte n’importe quoi … je voulais rien voir, depuis le début…quand toi quand vous êtes arrivés… tu sais rien… c’était une super fête… quand je ferme les yeux je vois… quand je ferme les yeux je vois… , – ouvre les yeux, ouvre les yeux les yeux bordel, dis-moi ce que t’as vu dis-le moi… je suis resté là, j’ai pas bougé, j ’ai froid… y a plein de neige et au fond du bleu , c’est beau, y a rien d’autre …
codicille : La proposition 4 relative à Nathalie Sarraute m’a permis d’explorer une conversation possible entre deux personnages de mon début d’histoire. Je sais que je tourne avec cette conversation autour d’un moment, d’un événement, que je ne veux pas écrire de manière frontale. Je cherche, je voudrais maintenir une tension entre réalité et non réalité. Je crois que j’ai compris, qu’au travers de cette conversation, je pouvais jouer avec le temps, la perception du temps, être dans le maintenant, et puis dans ailleurs que maintenant.
L’intention que vous décrivez dans le codicille est très perceptible dans le texte, à mon avis. Et ça résonne très fort !