D’amour où le « quelle » s’accroche à « histoire » pour toujours. Une histoire poignante par exemple, ou insolite, surprenante. Une histoire de stalagmites et stalactites, sans nul doute, où l’eau se transforme en pierre. Non, pas question, ce serait trop long ! Peut-être l’histoire d’un oiseau de proie, ou d’un homme las, un homme entre deux eaux, voilà, un homme pas du tout pressé. Quoi, trop banal, trop normal ? Quelle histoire ? Il n’y pas d’histoire. Il faut disperser. Ce n’est qu’un fait-divers. Pour les histoires, c’est la porte à côté. Les gens s’attendent toujours au pire, coup de couteau dans le dos, un mari ou une femme qui rentrent trop tôt. Ici, c’est juste un chien qui a mordu son maitre, le traitre ! Quelle histoire ? C’est quoi cette petite intonation qui a changé le point d’interrogation ? Une moquerie, une ironie ? On doute de sa vraisemblance ? On n’a pas confiance ? Tant pis ! Ou alors on est pris par le souffle de la stupéfaction et on n’en revient pas encore ? Quelle histoire ? Celle qui est morte de solitude au fond d’un tiroir qui l’a privée de lumière, où les pages serrées les unes contre les autres sont devenues livides. De quoi parlait-elle ? D’un vieux tiroir vide. Quelle histoire ? Ah, c’est vraiment trop fort ! L’histoire de quelqu’un qui n’écoutait jamais rien de ce qu’on lui disait. Et qui en est mort. Inutile ici de la répéter. Quelle histoire ? Le mot ou la chose ? N’importe quoi ! Est-ce la question se pose ? Le mot bien-sûr. Puisque la chose aussitôt qu’on la tient devient tout autre chose. Quelle histoire ? Avec un grand H, l’Histoire grandiose, ou la plus petite, celle qui se cache ? La vraie ou la fausse, celle qui n’est ni l’un ni l’autre, celle que l’on vend, pour satisfaire les clients avides pour qui les détails sordides sont des mets très appétissants. Quelle histoire ? Oh, une idée folle, complètement saugrenue. Une histoire où les mots deviendraient superflus. Par exemple ? Un silence, un long regard dans l’attente, une absence, une promenade, une vie scandée par les battements cœur, un air de musique, un sourire apaisant la douleur. Rien d’autre ?
Quelles histoires ! À lire toutes ces variations, on serait ravi qu’elles soient nous soient racontées plus en détails, toutes ces histoires.
Merci, Vincent ! Il y en a au moins une que je voudrais reprendre. Mais, pour le reste, ce n’est vraiment qu’un amusement.
Bravo pour vos balbutiements d’histoires sous forme de « Quelle histoire ? »; j’ai bien aimé votre texte. Mais je me disais, avec l’expression suivie d’un point d’exclamation « Quelle histoire ! » que ça orienterait le sens vers l’étonnement, la surprise, voire l’admiration…
Merci Rose-Marie. J’y ai pensé à cette possibilité, c’est vrai ! Mais l’autre me donnait plus de choix.
Il me semblait évident de ponctuer l’expression avec une exclamation. Comme quoi ponctuation et intonation changent un texte – ah l’oralité ! On y revient !
Merci de votre commentaire, Cécile ! J’ai juste pensé que le point d’interrogation introduisait une dose de curiosité et commérage, mais tout compte fait, l’exclamation aussi.
ah ça fait remonter un souvenir précis, de non écoute, d’une grande à qui je voulais raconter un truc important, mais visiblement pas pour elle, un quelle histoire plein d’ironie et d’impatience, mais ne suis pas sûre de la ponctuation alors… j’ai un faible pour la petite histoire
La même chose m’est arrivée, parler et l’autre qui a la tête ailleurs ! C’est pour cela que j’ai écrit cette petite histoire. Merci, Caroline, d’être passée !