À la base, j’étais partie pour parler les yeux dans la peinture blanche. Et puis la peinture est tombée à l’eau, ça a fait du Picasso. Du Picasso ou du pique-assiette, on sait plus vraiment où on en est quand même. On en perdrait un peu la tête comme se retrouver au milieu de la ligne et ne plus savoir dans quel sens se tourner. La ligne d’écriture, la ligne d’eau, la ligne de production, la ligne de métro.
À la base, j’étais partie pour prendre mon temps. Et puis, désormais, c’est plutôt le temps qui me prend à écrire bêtement des textes et des mots. Des maux qu’on m’a dit à demi, des maux qu’on a soupiré en tirets. Des mots qui voulaient se tirer aussi loin de ces endroits où l’on confond les maux. On confond, on fait avec le fond parce qu’au fond, on n’est pas méchant. Le fond, la page, la couleur de l’encre : c’est aussi la mise en italique, c’est « insérer », c’est le choix de la colonne. Comme Colone, mais sans Œdipe. Sans Œdipe, mais avec Antigone quand même.
À la base, j’étais partie, gone. Pas trop vite, pas trop loin. Il ne faudrait pas se fatiguer avant de commencer. Et puis, maintenant, ça part dans tous les sens et vous vous dites peut-être : « De quoi elle parle celle-là ? Elle a la parlotte la dame. C’est carrément une logorrhée d’ailleurs, un drôle de mélange quand même. Comprenez-moi bien: je n’ai aucun problème avec le compost. Mais il s’agirait de faire attention de ce avec quoi on compose. »
À la base, d’ailleurs, je ne sais pas écrire ni trop parler. Je préfère écouter et écourter. Et puis, les compositions de musiques et les rythmes qui ne déballent pas trop vite, les voix qui prennent l’air. L’air de rien avec beaucoup. « Des coûts, on en parle vraiment ? Parce qu’on sait où elle veut en venir aussi avec son blé somnifère et ses nappes rouges quand même. »
À la base, j’étais partie en me disant que j’aurais des choses à dire, forcément. Et puis pas vraiment. Ça manque de mine comme un crayon à papier troué cette histoire. « Y’a pas de soucis, je veux dire, c’est original, un peu bizarre quand même, mais il faudrait rester poli». Les pierres des torrents polies par l’eau, c’est la pression sociale d’être bien lisse. Et voilà que ça recommence.
À la base, j’étais partie pour faire des jeux de mots et puis, finalement, je dis « je » avec des mots. C’est plus du parlêtre que de la parlotte. On est barré pour ne pas être mal-barré quand même.
et au final, t’en penses quoi du coup ? :°))
Et au final, j’ai arrêté de penser, je commences à écrire sans avoir peur. Merci pour la lecture. 🙂
Ouh que ça sent la liberté! Ouh que ça fait envie d’écrire avec ces mots qui filent, qui semblent s’inventer les uns les autres au fil du stylo (du clavier?) et fabriquer leur « parlêtre ». Bravo.