TOUT COMPRIS
- Les menus tout compris (vin, café, TVA). 59frs NET : Assiette de crudités ou charcuterie du pays + Diots au vin blanc, Gratin Dauphinois ou Cailles Farcies, Ratatouille + Plateau de fromages ou Fromage blanc ou Crème Caramel. Casse d’origine.
- Les petits gâteaux de monsieur Rimboo. Jamais secs. Une assiette de petits gâteaux.
- Va chercher la viande chez le boucher, il t’attend. (Les doigts entaillés tout contre les biftecks).
- J’ai faim. Mange ta main et garde l’autre pour demain.
- Le guerrier taille sa cuisse pour nourrir le griot.
- Va chercher le pain. Le pain chez Qui T’es ? Le pain blanc, le pain sec, le pain pour les lapins de Dédé, le lapin de Dédé en paiement du pain sec, le lapin chasseur et sa confusion à la Chantal Goya, le lapin au menu qui paye le pain frais.
- Le pain rassis, le pain trempé, la forêt noire, la maison en gâteaux…
- Les miettes à la sauce cailloux…
- Tu fais le pain ? Tu as fait la croix ?
- Tu fais l’eau aussi. Laisse bien couler. Elle est fraîche, hein ? Elle vient de la source. (Le robinet à un jet aussi gros que l’écoulement des bassins en pierre sous l’église)
- Qu’est-ce que nous allons faire à manger ce midi ?
- Elle a appris à faire la cuisine. Elle apprend des choses. Elle a appris à respirer pour accoucher sans douleur (les cours organisés pour toutes au siège du PCF). Elle sait cuisiner. Elle sait accoucher sans douleur.
- Les restes. Pas de restes. L’avant-goût du lendemain…
- La soupe infinie. Faire une soupe : eau, légumes, une patate pour épaissir (idéalement un reste de gratin, ou de purée). Passer la soupe. Manger la soupe. Conserver un demi-bol, un fond de casserole. Un autre soir, faire une soupe : eau, légumes, le reste de la veille pour épaissir. Passer la soupe. Manger la soupe. Conserver un demi-bol, un fond de casserole. Et ainsi de suite. La soupe infinie supporte la congélation. Un étiquetage clair est alors essentiel.
- Je donnerais ma soupe d’aujourd’hui pour pouvoir trouver la jonction entre « non ne avevo alcuna » et la fin.
- La première farce. Entre indécence et hilarité.
- La farce infinie : se référer à 10. La soupe infinie… Accommoder à son goût.
- Arrêter d’essayer de fourrer un petit pois avec une dinde
- Un animal dans un animal dans un animal…
- Un soldat caché dans un cheval mort.
- Un plongeur avalé par une baleine puis recraché.
- C’est pas la petite bête qui va manger la grosse.
- La crème en plus dans la machine à glaces à l’italienne.
- Bien sûr que c’est raté : tu ne mets pas assez de gras. Si tu ne veux pas de gras, alors ne veux pas non plus des tiefers à la poêle.
- Les mangues de beurre à Hanoï, elle les aurait aimées, mais elle n’a jamais voulu y croire. Croire en Dieu, oui, aux mangues, non.
- Tu en mets… tu vois. (Ce n’est même pas une question, je dois voir, je dois savoir d’avoir vu, mais la tarte, la tarte à venir, elle m’a toujours brouillé la vue). Non, je ne vois pas.
- La femme-mesure à farine. L’objet mesure à farine, la mesure à thé, totems de ma grand-mère.
- La pâte de la tarte aux pommes : crème, Astra, œufs, farine, lait. Je l’ai fait faire par Valentine. Sans toucher un seul ingrédient. La tarte aux pommes exemplaire, comme celle de Madame Amet chez Sautet, comme le bifteck aux pommes de la grand-mère du petit Marcel. Valentine sait faire la tarte aux pommes d’une grand-mère qu’elle n’a jamais vue. Je mâche longuement l’extraordinaire ressemblance.
- Cuire et faire des galettes.
- Le travail au royaume de la cuisine clonée. On y mâche de l’esseulement maquillé comme une pute.
- S’il n’y a pas assez, tu fais des pâtes.
- Ils en mangent autant qu’on leur en donne.
- Une histoire dans une histoire dans une histoire…
arrêter de vouloir fourrer le petit pois avec une dinde.
Oui ?
J’en suis tout étourdi !
Quelle richesse dans ce texte, dans ces rallongis, dans ces raccourcis, sans ces strates superposées d’expressions, de sensations, de souvenirs, tous ces ingrédients qui font prendre la sauce, bravo !
Merci ! Oui c’est l’aspect rythmique de l’affaire qui m’a emporté. Avec le Journal d’un mot, je me suis habituée à ne plus chercher les « rallongis » (love) systématiques. À laisser agir un ensemble (qui me dépasse en l’occurrence puisque ça va faire trois années que je le tiens). Ici, ce mille feuilles inégales amènent aussi des épiphanies toutes personnelles, probablement invisibles à l’œil neuf, force des associations libres, mais tributaires toujours d’une belle écoute flottante comme la vôtre, les vôtres.
J’adore ce mille-feuilles, un peu comme un nougat avec diverses sortes de moelleux et des parties plus consistantes. Mais les mangues de beurre d’Hanoï, j’aimerais bien les gouter, pour voir.
C’est extraordinaire ce pot-pourri pot-au-feu d’expressions si souvent entendues, puis totalement oubliées, et d’un coup grâce à cet ardent bouillon, ressurgissent avec toutes les saveurs et l’humour plein le ventre… Un peu comme un patois d’enfance qui refait surface… Délicieux !
Et quel rythme…
Le rythme doit beaucoup à la numérotation, mais c’est vrai que j’ai pas mal déplacé mes legos avant de m’en tenir à cette version. Tu me dirais quelles expressionsparticulièrement te sonnent aux oreilles ?