Le tonnerre gronde, roule et se répète, roule et se répète dans la vallée de chênes verts, rebondit sur la colline d’en face. L’ancienne magnanerie ne bouge pas d’une pierre, dehors ça claque. Une alarme s’allume, siffle en pointillés, se tait. Depuis la terrasse couverte, en retrait, protégée, des bruits de voix font clameur, un chien aboie, la pluie descend, la pluie bat, le battement de la pluie sur les tuiles et la terre, sur les graviers, le sable de l’allée, la pluie tellement tombe, le tonnerre gronde. Un cri. Les voix s’embrouillent, les conversations se croisent, la pluie les recouvre, des rires sur la terrasse. Le grondement décroît, le battement des gouttes sur la terre, sur le gravier s’acroît, à devenir de la grêle, des voix s’exclament : de la grêle ! la clochette du chien tinte et scintille à l’oreille entre deux éclats de voix, encore il aboie. Très fort on entend : couché ! Un timbre grave en continu, une voix de femme à l’accent arrondi, une autre haut perchée, les voix se distinguent les unes des autres, mais les paroles se confondent. Un rire de gorge. Un enfant crie : non merci ! Des tongues tapent le carrelage, sortent sur la terrasse. Un « maman ! » puis un autre, une autre voix, le grondement revient, le bois du cadre de la vieille fenêtre craque, le tonnerre à nouveau se rapproche. La voix d’homme sort sur la terrasse, les voix de femmes parlent plus fort. La clochette du chien sonne. Il aboie. Tonnerre.