C’était la seule pièce fermée de la caravane, avec la mini-salle de bains et les toilettes. La caravane ? Une Dragoner des années 80 pour cinq personnes, blanche avec un liséré marron, jaune, orange. Cinq personnes, cinq couchages dont une chambrette réservée. Une toute petite chambre, un petit rectangle à l’arrière de la Dragoner dont l’immense fenêtre se refermait toujours sur la nuit. Des fois, on songeait qu’on y voyait la neige sur les sapins dans le camping de Châtel ou qu’on y avait vue sur la haie qui sépare les deux emplacements du camping de Nauzan. Une toute petite chambre avec une porte coulissante et une mince paroi qui permettait d’entendre ceux qui ronflaient et ceux qui respiraient fort. Le noir se refermait sur la grande fenêtre, et la nuit s’ouvrait sur le petit lit qui remplissait entièrement cette chambrette aux rideaux orange. Pour s’appuyer contre la paroi, en guise d’oreiller, un coussin Sarah Kay aux tons orange qui n’était pas très moelleux. Ca faisait très début des années 80. La nuque était raidie par la position inconfortable empruntée avant de dormir à la lecture des dernières aventures de Sissi la Sauvageonne. De 10 ans à 16 ans, cette chambrette dans la Dragoner a été le lieu de tous les assoupissements, de jour comme de nuit. Un lieu où l’on a cherché le sommeil sans trop y parvenir. Ca sentait le plastique et le bois composite, la poussière aussi dans les rideaux orange. Ce n’était pas vraiment une chambre, mais un petit coin pour dormir un peu, trois semaines par an, à la mer l’été et à la montagne l’hiver. Une petite chambre qui, malgré sa grande fenêtre, n’avait une vue sur presque rien, en tout cas pas sur l’essentiel et sur le reste de la famille, trop éloignée avec la mince paroi et la porte coulissante qui ne refermait même pas sur de beaux rêves de vacances au bord de la plage ou au ski.