Ouvrir les yeux …
sur un papillon en plâtre aux couleurs vives accroché au mur vert-d’eau de la chambre, ligne d’horizon de mon réveil, point final d’une nuit emplie de cauchemars.
sur mille petits pois blancs qui flottent au-dessus du papier peint bleu-ciel et qui refusent d’y adhérer tant que je ne louche pas suffisamment pour le leur imposer.
sur l’ombre d’une branche d’acacia qui glisse le long de la toile tendue d’une vieille canadienne, heureux prémisses d’une journée ensoleillée
sur un décor inconnu dont je ne sais que faire pendant deux secondes, le temps de faire surgir quelques réponses de ma mémoire engourdie
sur le tadelakt ocre des murs de la kasbah au cœur de la vallée des roses, plaisir des yeux, plaisir du toucher, éveil des sens
Ouvrir les yeux …
sur le portrait coloré d’un clown triste qui a veillé toute la nuit sur mon sommeil et le remercier, pleine de gratitude
sur le voile de la moustiquaire bleue à l’abri de laquelle nous avons dormi nus, en toute tranquillité
sur les bouteilles vides qui jonchent le sol du salon au milieu d’un bazar qui n’a d’égal que celui de mes pensées
sur le silence noir d’une nuit sans lune et sans chaleur – la prégnance d’une absence
Ouvrir les yeux …
puis les fermer pour arrêter la fuite des images sous mon regard brûlant de fièvre
Je découvre ce matin votre texte dans la rubrique au hasard. Quelle bonne idée « ouvrir les yeux… » pour cette liste des lieux où on a dormi.
J’aime beaucoup. Merci Claudine