Du dehors Tonton Odilon faisait preuve de cruauté. Le chaton miaulait de terreur dans les tiges d’Atoumo. Guylaine était allée chercher un sabre pour couper l’entrelacs de branches et libérer le chaton apeuré de la prison où il s’était réfugié par peur du chien qui gardait la maison. Tonton Odilon lui avait hurlé : personne ne touche mon sabre. On était samedi. Rosine était partie vendre ses légumes sur le marché. Tonton Odilon avait attaché ses bœufs depuis le beau matin. Il avait planté les piquets et le son métallique avait résonné dans la campagne de Bergette. Félicité était la première à avoir entendu les miaulements. Elle avait porté dans une boîte de sardine récupérée dans la poubelle un peu d’eau. Elle avait fini par prévenir sa mère affolée à l’idée que le chat avait peut-être déjà passé 3 jours coincé dans l’Atoumo sans boire ni manger. Il allait mourir là si personne ne lui venait en aide. Tonton Odilon était revenu de sa tournée matinale pour nourrir et donner à boire aux bêtes. Guylaine et Félicité n’avaient pas osé lui demander son aide. Il avait vaqué à ses occupations indifférent aux tentatives de la mère et la fille à porter secours au chaton. Quand Guylaine avait pris le sabre pour couper les branches d’Atoumo et ainsi mettre fin au chagrin de sa fille, il avait hurlé: “ personne ne touche à mon sabre”. Personne ne bravait les injonctions de Tonton Odilon, ni sa sœur, Rosine, ni sa nièce Guylaine et si Félicité en avait eu les velléités du haut de ses 9 ans, sa mère l’en aurait empêché. Le chaton a miaulé toute la matinée. Dig, le chien qui gardait la maison a été battu pour arrêter d’aboyer après lui. Quand Rosine est rentrée du marché, Tonton Odilon était allé boire du rhum dans le bourg. Le chaton avait fui dans les champs de cannes et celui que Tonton Odilon a ramené à Félicité quelque jours plus tard ne l’a pas consolé de la mort certaine du chaton prisonnier de l’Atoumo qu’elle avait baptisé Féfé.