Il s’ennuie, il se promène, le parc est beau, il court derrière les pigeons, essaie de les prendre au vol avec l’appareil qu’il trimballe avec lui. Il voit une femme, il la suit, c’est un rendez-vous, c’est un couple. Il prend des photos, de plus en plus de photos en se cachant, mais la femme le voit et veut lui arracher l’appareil. Il lui échappe. Rentré chez lui, il développe, il boit, il agrandit, il agrandit encore, encore, il boit, examine à la loupe les tirages suspendus qui sèchent. C’est un meurtre qu’il a saisi. De nuit, il retourne au parc et voit le cadavre.
Il vient de s’acheter une caméra, mais n’a pas envie de filmer le cortège, n’y a pas pensé. C’est sa secrétaire qui insiste. Il n’a pas envie, doit retourner chez lui, en plus il risque de pleuvoir. Y va quand même, le temps se lève, il y a trop de monde à l’endroit où il voulait se placer et de la fenêtre de son bureau c’est trop loin. Il monte sur un muret en béton, la vue est parfaite, sa secrétaire le tient par la veste pour le stabiliser. La voiture s’avance, il filme. Un pétard éclate, le président porte la main à son cou, il filme toujours, il suit la voiture en travelling. Un deuxième coup de feu. La tête du président éclate. Il crie. Un reporter de presse est déjà sur lui et tente de s’emparer du film.
L’enquête ne fait que commencer.
La photographie est un voyeurisme. Un voyeurisme addictif.
On serait tenté de connaître la suite…
Pour le voyeurisme addictif, je suis d’accord mille fois (sympa ton texte sur le mariage !). Dans mon texte pas très travaillé, j’ai voulu raconter le début de Blow up d’Antonioni (film culte pour moi) et l’histoire de l’amateur qui a filmé par hasard l’assassinat de JFK https://www.schooltube.com/media/Zapruder+FilmA+JFK+Assassination+%5BHD%5D/1_3pmydxgt. Les suites sont très connues.
Je pensais à une suite fictive… Celui de ton personnage.
Bonjour Danièle, On oublie « Blow up » à travers ces micro – récits qui donnent un tempo. Un tempo qu’on a envie de poursuivre, qui sait dans d’autres endroits de la ville, d’autres villes, à d’autres instants, par rapport à d’autres événements. Merci pour ce texte.
Perle et Nolwenn vous me donnez l’idée d’écrire un autre texte qui dirait mieux mon addiction au voyeurisme et au hasard.