avoir été avalé dans le matelas de laine et bercé par les sonneries de la grosse pendule à balancier qui résonne chaque heure dans le grand hall
s’être endormi enfin au sein d’une maison vigneronne languedocienne après le supplice du vieux traitement de grand-mère contre la bronchite — le cataplasme brûlant à l’odeur douceâtre de farine de lin et aux piqures de feu dues aux graines de moutarde qui le recouvrent sous la gaze protectrice
par une nuit d’orage, un réveil en sursaut, le claquement d’une porte, des pas dans le couloir, le grand triangle de lumière illuminant la chambre, une vision fantomatique
ouvrir la fenêtre, humer le parfum subtil d’herbes fraîches et les effluves de l’étable juste en-dessous de la chambre, entendre le stridulement des grillons, savourer un sommeil intermittent sous la lumière de la lune et de la poussière d’étoiles
chambre d’hôpital, lit dur, angoisse du lendemain, la petite veilleuse bleue rassure
concevoir sans le savoir, dans un grand lit près d’Avignon et dormir d’un sommeil plein et étoilé
chambre à Venise, endormissement impossible, un remugle s’amplifiant jusqu’à donner la nausée
dortoir paisible dans un refuge de montagne, réveil brutal, des chasseurs ivres et repus veulent faire un coup, la violence se déchaîne.
une odeur spéciale reniflée au coucher à Pondichéry, un cri poussé au réveil, face à un écureuil géant sorti du fond du lit à une vitesse fulgurante, drôle de compagnon nocturne
sur un backwater à Allepey dans le Kerala, nuit chaude, bercements rythmés par le murmure de l’eau et le chant des grenouilles, douce plongée dans le mystère de la nuit.
Bonjour Huguette,
il y a comme une accélération au fil des chambres et des couchages,
bonne suite,
Cath
Merci Catherine, la liste pourrait se poursuivre.
Au prochain échange
Complètement embarquée dans tes mystères pour finir avec des odeurs d’épices indiennes et le chant des grenouilles…
Tu as raison, mes mystères ne sont pas loin, chaque chambre est comme une balise
Merci, Huguette, pour ce vivant qui se fait ou surgit dans les lits (« concevoir sans le savoir.. » puis le cri face à « l’écureuil géant » – on est autant surpris que la dormeuse) malgré/avec/en ayant traversé (?)/ sans ignorer la « chambre d’hôpital, lit dur, angoisse du lendemain… ». Sentiment que » la vision fantomatique » d' »une nuit d’orage » est peut-être ce qui permet de traverser. Merci.
Merci Agathe de votre lecture.
Je n’ai pas encore le plaisir de vous connaître. Vais m’empresser d’aller vous lire aussi.