/Après avoir bouclé ma liste de 14 choses perdues, il m’en est revenu au moins deux dont je voudrais parler ici.
S’agissant de livres, je pourrais tenter de raconter leurs contenus respectifs ; je préfère décrire leur apparence, ceci à des fins totalement intéressées. Ce texte s’adresse à un cercle réduit de lecteurs mais je les soupçonne d’être de gros dévoreurs de ces livres qu’il faut parfois chercher longtemps avant de les découvrir. Mes livres perdus appartiennent à cette famille et qui peut savoir si l’une ou l’un d’entre ces lecteurs a en sa possession l’un de « mes » livres, qu’il ou elle serait prêt(e) à me céder moyennant honnête défraiement ou troc prétexte à faire plus ample connaissance, voire, rêvons un peu, don d’un lecteur adepte de Marcel Mauss attendant l’incontournable contre-don. Ce texte s’adresse donc aux lecteurs généreux, désintéressés, acceptant de donner un coup de pouce à mon enquête, à ma quête, il prendra donc la forme de rapports tels qu’on en lit, précisément, dans les livres policiers.
Le premier concerne l’écrivain Arthur Cravan : œuvres éparses ; édition Gérard Lebovici ° ; couverture entre gris et bleu ornée d’une photo du poète-journaliste-boxeur en plan américain sur fond noir, vêtu d’un pull blanc ; dandy dada avant l’heure ; léger strabisme affectant peu son regard ; traits réguliers ; titre en capitales «ARTHUR CRAVAN ŒUVRES » ; pas de souvenir de la 4è de couverture ; format in 8° (14×21) ; dédicace de l’auteur JP Begot « à Michel Fardoulis Lagrange et à Laure »°° ; papier de très belle qualité ; livre probablement volé par Y. Diaz lors d’un séjour chez moi, vers 1986.
° L’assassinat de ce sulfureux mécène n’est toujours pas élucidé
°° Je tiens autant à cette dédicace qu’au livre lui-même
Le deuxième rapport concerne Lettrines II, de Julien Gracq.
Achat d’occasion sur livre.rare.book ; édition Corti °; couverture couleur purée de pois cassés (vert insolé) ou vert pomme, ou rose (variable en fonction du stock, des rééditions ??) ; titre dont la première lettre est une lettrine alambiquée ; pas d’inscription en quatrième de couverture ; format 11×18, environ 200 pages ; liste des ouvrages chez Corti en page de garde ; présentation semble faite pour décourager l’acheteur, habituel chez Corti. Livre probablement égaré dans un train Paris-Troyes, ou dans le car entre Valence et Die avec une paire de lunettes de soleil de marque Vuarnet.
° Quand j’ai besoin d’un livre de chez Corti, je vais l’acheter dans sa librairie. Pour Lettrine II, j’étais bloqué en province et en trop basses eaux pour voyager ; que de là-haut, le Condottière me pardonne.
Très belles descriptions de livres. De mémoire vraiment ? Étonnantes de précision. E-bay Books. 🙂 Ne puis rien pour vous ni pour les lunettes de soleil…