#nouvelles I boucle 2 Clarence M.

Un rai de lumière,

éclairant avec peine le sombre de la pièce.

Lumière obstruée par le velours d’un rideau, est-ce véritablement du velours ?

Vous avais-je attendu dans une salle d’attente ou dans le couloir ? Avais-je attendu ?

Debout, vous me faites m’asseoir. Murs blancs, pas de tableau, pas de peinture, rien.

Seul, un bouquet de fleurs blanches dans un vase transparent.

Votre crâne, sans cheveux, malgré une jeunesse encore présente. Vous, assis.

Je n’ose vous regarder ou de biais en me cachant en tentant de ne pas me dévoiler.

Savez-vous lire dans mes pensées, connaissez-vous déjà les gens lorsqu’ils entrent dans votre cabinet ? Je me dis ne pas penser mais comment ?

Comment me connaissez-vous ? Je suis la petite amie de… Ah !

Un sourire amusé se dessine sur vos lèvres, un vrai comme une vague de chaleur qui jaillit, une évidence, une complicité, toute une histoire que je ne connais pas encore.

Et que vous arrive t-il ? J’ai mal au dos, au cou, partout, tout le temps.

Vous ne dites plus rien. La lumière se pose sur vos mains. Il n’y a pas de table entre nous, seulement le vide, le sol, vos genoux, vos pieds et les miens en face qui bougent. Tout est calme, on ne devine plus les bruits de la ville, malgré leurs proximités. Vous me regardez si peu et pourtant vous êtes totalement là avec moi, je sens chaque parcelle de votre présence qui s’étire dans cette petite pièce neutre, vous m’envahissez ? Non, vous m’enveloppez d’un je ne sais quoi mais je n’ai pas peur, juste curieuse, en attente. Vos yeux et les miens se ferment, fermez les yeux, vous ne me touchez pas, l’air se remplit de douceur, d’apaisement, je lutte pour ne pas regarder, me laisser aller vers… avoir les yeux fermés devant l’inconnu, se fier à ce que l’on m’a dit. Plus un son. Seules nos respirations et mes pensées que je tente d’arrêter mais comment ? Je les laisse filer dedans dehors, le temps se dissout puis disparaît. Quelques minutes et pourtant la sensation d’un voyage immense mais où sommes-nous allés ? La lumière nous a quitté.

Vous êtes comme un papillon, vous voletez sans savoir où vous poser.

Sans savoir où, oui, les mots percutent là où ça fait mal, sans savoir, c’est cela.

Vous me proposez une date et combien je vous dois, je m’exécute, encore sonnée.

Mes jambes tremblent un peu, vous me serrez la main et vous refermez la porte.

A propos de Clarence Massiani

J'entre au théâtre dès l'adolescence afin de me donner la parole et dire celle des autres. Je m'aventure au cinéma et à la télévision puis explore l'art de la narration et du collectage de la parole- Depuis 25 ans, je donne corps et voix à tous ces mots à travers des performances, spectacles et écritures littéraires. Publie dans la revue Nectart N°11 en juin 2020 : "l'art de collecter la parole et de rendre visible les invisibles" voir : Cairn, Nectart et son site clarencemassiani.com.

Un commentaire à propos de “#nouvelles I boucle 2 Clarence M.”

  1. là aussi beaucoup de douceur, une rencontre comme dans un rêve agréable et calme
    beaucoup aimé ça :  » Vous ne dites plus rien. La lumière se pose sur vos mains. Il n’y a pas de table entre nous, seulement le vide, le sol, vos genoux… »
    et ça va continuer….