#versuneécopoétique #01 | Silencieuse

La maison de pécheur avait été rénovée, les fenêtres agrandies, isolées du froid et, d’après leur fabricant, du bruit. Cela me paraissait une bonne idée cette promesse de silence dû au double vitrage.

J’emménageais au début de l’automne pour la rentrée scolaire. Le premier soir, je constatais qu’isoler les fenêtres dans une vieille maison ne suffisait pas à la rendre silencieuse. Des bourrasques se chargèrent de me souhaiter la bienvenue. Quelques craquements dans la toiture me firent craindre le pire. Postée devant la seule fenêtre sans volets j’observais inquiète les pins de la maison voisine suivrent docilement le sens du vent. La tourmente se calma avec la marée montante. Lorsque les sifflements stridents cessèrent, j’ouvris la fenêtre pour laisser entrer le silence revenu. Seul restait le rythme des vagues se fracassant sur la grève et le roulement des galets avec lesquels elles jouaient. 

Pendant cette année-là, chaque soir, j’attendais ce moment où le silence s’installait au bord de cette plage. Lorsque le chant de la mer se déployait, lointain à marée basse, éclatant à marée haute. Jamais le même, toujours mélodieux. Une berceuse de mer calme, un opéra furioso de tempête d’équinoxe.       

A propos de Noëlle Baillon-Bachoc

Lectrice compulsive, attirée depuis le plus jeune âge par la littérature de l’imaginaire avec une prédilection pour le fantastique. Je me consacre à présent totalement à l’écriture. J’anime des ateliers d’écriture et des stages dédiées à la littérature de l’imaginaire.

2 commentaires à propos de “#versuneécopoétique #01 | Silencieuse”

  1. Se laisser aller aux bruits de la maison qui deviennent silence. On y est. Merci.