01 – aube depuis chambre
02 – ça a commencé par les oiseaux
03 – la restanque
04 – respirer
05 – l’immeuble rose du 22 boulevard Raspail
06 – pluies
07 – ni seule ni avec
08 – sur une branche feuillue
09 – exploration
10 – maquillage qui s’efface
#01 – aube depuis chambre
Je me suis levée trop tôt dans la chambre pendue au dessus du jardin sous les combles de la maison endormie. De la fenêtre ne voyais que des nuances de noir dans le bruissement, la sensation infime du crissement de l’air veillant sur le monde, avec juste la tache banche comme une grosse étoile tombée d’un lampadaire un peu plus loin au tournant de la route sortant du bourg au delà du profond enclos. Me suis recouchée, la joue posée sur le drap. Quelque chose comme une idée de luminosité se glisse sous mes paupières et je me redresse sans être certaine d’émerger du sommeil. C’est une modification de l’obscurité sur les lattes du parquet où je pose les pieds dans ce qui me semble une négation du moindre son ; un silence si intégral qu’impossible enveloppe l’absence de paysage que découpe le carreau de la lucarne. La nuit retient son souffle et les noirs se sont dégradés en une clarté qui est manque de lumière comme un passage au blanc peuplé de formes vagues que seul le souvenir renaissant de ce que j’ai vu hier en prenant possession de la chambre identifie vaguement. Je reste là. Dans la même attente que l’air, le son, la lumière, la terre et les arbres. Je reste là. Pour une fois ma solitude se noie dans la même fragilité, la même vacance que le son, la lumière, la vie, dans cette attente. Est-ce que je tremble ? je frissonne comme la taupe blottie dans son terrier, comme les oiseaux invisibles qui n’osent chanter. Il y a le froid, la chaleur des draps qui s’enfuit. Il y a la pensée qui me vient et un frémissement dans les branches de l’olivier, le pin qui dessine son dôme et le timide bleu qui s’éveille lentement… le miracle survient encore une fois, nous, taupe, air, oiseau, branches, nous retrouvons chacun notre je et c’est la défaite de la nuit. Je vais boire une gorgée d’eau en penchant la tête sous le robinet de la salle de bain, je laisse entrouverte la porte de ma chambre, je me rallonge en attendant que s’éveillent les bruits de la vie dans le navire qu’est cette maison sous moi, je me prépare à remettre mon jour à leur suite.
#02 – ça a commencé par les oiseaux
Jambes allongées, pensant à tout ce que dois et veux évacuer : un vieux petit four à poser, une chaine de radio inutilisable, des pots de plantes, des vêtements indignes d’être donnés à une friperie… et découragée par les difficultés de la chose je remets une fois encore à un plus tard de plus en plus vague la recherche de l’entreprise qui viendrait chercher l’ensemble en haut de mon escalier pour le charger dans un camion devant le public oisif et curieux du café et l’emporter dans une déchèterie sans me faire payer le coût du débarras de gravats d’un chantier important…, je secoue mentalement mes épaules avec précaution pour ne pas éveiller l’idée d’une douleur et pour renouer avec l’immédiat me vient mon petit mantra « ça a commencé par les oiseaux ». Oui, ça a commencé ainsi, les assiettes de faïence ou porcelaine ornées d’oiseaux dont je faisais collection et qui posées verticales sur les rayonnages devant des livres n’ont pas supporté le contact avec les carreaux de terre cuite… chacune était chargée d’un souvenir, d’un sentiment, d’un coin de rue, du sourire du donateur et il m’en reste des tessons utilisés pour coincer une porte, un dessin posé au fond d’une niche ou pour faire rempart aux feuilles voltigeant vers l’évacuation de la cour… Mais cette fois encore le mantra ne me relance pas dans le jour mais me ramène à lui, à sa caverne comme nous appelions la grande pièce à l’arrière de sa villa de si belle et classique apparence, à ma surprise joyeuse et ahurie en la découvrant, guidée par lui et l’amie qui nous avait présentés, après l’austérité chic, la nudité de métal, bois sombre et étoffes grèges du salon, à sa voix où revenaient peu à peu les cailloux des gaves des Pyrénées disant « oui c’est ainsi, n’y peux rien ou ne le veux pas… » et puis « ça a commencé par les oiseaux… », racontant la découverte par hasard dans une brocante d’un faîtage surmonté d’un oiseau en plomb portant trace d’un siècle ou plus d’intempéries | celui devant lequel je m’étais arrêtée souriante |, la décision de prendre l’oiseau, sous toutes ses formes, en tout matériau, qu’il soit beau ou minable, charmant, ridicule ou agressif… comme objet de sa collection d’adulte, pour renouer avec la passion de sa quête, enfant, des buvards décorés. Et comme l’amie tournoyait en tendant un bras, s’interrompant de temps en temps pour montrer l’un ou l’autre des objets entreposés en ce qui n’était pas vraiment un fouillis désordonné comme on l’aurait pensé au premier coup d’oeil mais un agencement surprenant derrière lequel semblait régner un soin mélangeant un souci esthétique et le plaisir de l’absurde, il a reconnu que bien sûr il n’en était pas resté là, à ses trouvailles | et il montrait le gigantesque faucon de pierre au cou duquel était noué un vieux foulard d’Hermès orné d’oiseaux rose et or | ou à ceux qu’il avait reçus | au dessus d’une petite cuvette emplie de gravier dans lequel étaient plantées des tiges de fer portant des oiseaux ou des fleurs de céramique peinte joliment ridicules | mais que le pli étant pris, il avait pris l’habitude de céder à toutes ses envies passagères, sans trop se soucier de leur utilité ni de savoir si le charme trouvé ou l’intérêt porté à sa trouvaille serait durable, et nous avons continué à circuler, à nous faufiler entre les hautes hottes de rotin au tressage si savant qu’il s’apparente à une dentelle en relief que je saluais comme des dérives abâtardies de celles avec lesquelles je jouais chez mes grands-parents (leur manquait le couvercle conique coulissant sur des cordelières et il m’a confirmé que dans le village vietnamien d’où elles venaient il en avait vues de semblables dans les maisons) et les nasses de bambou, nous arrêtant devant une clairière sur le sol de laquelle était posées sur des nattes colorées en tiges de souchet ou des paréos des plateaux d’osier tressé, de cuivre ciselé ou de grandes plaques de bois océaniennes sculptées avec une gaucherie qui sentait la fabrication pour touriste, nous penchant sur un panier contenant des sonnettes de vélo pour tenter de tirer une musique à même de nous séduire du petit orchestre que nous improvisions en les manipulant. Et ce fut le début d’une amitié qui dura quelques mois, jusqu’à ce que l’amie déménage, que je n’ai plus de prétexte pour revenir dans la région et que je les perde de vue tous deux.
#3 | la restanque
Lui, le colonel comme ils l’appelaient, le Vivien dit Vincent, il est arrivé l’autre soir sur la terrasse des Bernier par le jardin comme le familier de lieux qu’il semble être, larges épaules, gros cou ridé et face non moins, teint de brique et grand sourire au dessus d’un grand couffin d’où dépassaient un bouquet de camélias et une gerbe d’herbes sèches , cachant pour les faire accepter comme un cadeau baroque les petits artichauts violets « je ne sais plus qu’en faire, le Joseph a fermé boutique un peu trop tôt… ». Il a une maison là haut pas loin du sommet du mont à laquelle on grimpe par un chemin caillouteux | il descend dans le faubourg de la ville avec une ânesse pour ses courses parait-il, mais là il était venu dans la camionnette 2 cv qu’il abrite chez un garagiste au bas du raidillon | il a une maison donc avec une terrasse d’où l’on a une vue merveilleuse sur le port et la côte plus loin, la découpe des caps, des anses, et même en cherchant bien nos toits, et il aime en faire profiter dans des goûters-cocktails détendus en apparence, assez raffinés en fait grâce à sa gouvernante ; il est veuf, à la retraite depuis longtemps et partage sa vie entre quelques amis, les connaissances de ceux-ci conviés à quelques dates choisies on ne sait pourquoi, la rédaction de ses mémoires comme il se doit et l’entretien d’un jardin créé par lui à mi-flanc qu’il m’a invitée à venir voir, accompagnée par Mimi Bernier.
Après le vin de citron, les croquets et les petits sandwichs au concombre qui détonnaient un peu il nous a guidé vers les quelques marches conduisant, à droite de la terrasse à la première des restanques. J’avoue que là me suis attardée, pour sa plus grande joie et fierté, et pour l’agacement de Mimi, devant la beauté du mur de soutènement de pierres sèches, « c’est un vieux qui m’a appris, le jardinier d’amis ou plutôt comme on disait de connaissances qui m’avaient prêté leur maison de vacances, un peu plus loin, en dessous de moi, pendant qu’on finissait de retaper la mienne et avec lequel me suis si bien entendu pendant un petit mois qu’à la fin l’ami c’était lui et non plus ses patrons dont il parlait avec un peu de dépit pour leur manque d’attention à leur terre, nous avons refait ensemble le soubassement de la terrasse, le terrassement et le mur de cette restanque c’est moi, suis devenu expert » | avec un petit sourire de fausse ironie | et nous nous attardions, il m’expliquait le choix des pierres, je les touchais, j’admirais la diversité des tailles, des couleurs, la justesse de l’agencement, il revivait son travail… et puis nous avons avancé le long de la petite haie d’arbousiers, interrompue pour le plaisir par un genévrier, qui voulait protéger les quatre carrés de plantations, celui planté d’ail, d’oignons blancs et pailles, de cébettes à différents stades de maturité limité par une rangée d’échalotes avant un buisson de ciste, et là il m’a montré gisant sur la terre près de ces soeurs enterrées une oya en m’expliquant son utilité, le second voué aux tomates simples avec la coquetterie de plants de tomates vertes zébrées, de deux plants de tomates ananas et d’une rangée de tomates tonnelet, puis après une petite allée le domaine des petits artichauts violets accompagnés de quelques salades, des laitues d’assez piètre apparence, laissant un coin biné pour du mesclum qu’il n’avait pas planté, avant le dernier carré réservé aux herbes borné par deux rosiers sans fleur er le grand laurier jaune côtoyant l’escalier montant à la restanque supérieure, en fait une terrasse existant depuis longtemps, assez profonde pour abriter deux bancs, une table, un grand agave face à l’escalier, un vieil olivier veillant sur l’ensemble, deux amandiers dont l’un, le plus ancien m’a ravie par l’éloquence torturée de ses branches et son tronc torsadé et deux buissons de camélias tout au fond à l’ombre. Sommes restés là un moment tous les trois en contemplation, Mimi et moi chacune sur un banc, lui planté devant la table, les jambes un peu écartées, caressant d’un regard fier de propriétaire, de terrien installé regardant la mer, son bout terrain en friche au dessous et la vue.
#4 – respirer
Second jour dans la maison du bord de mer, la marche le long du littoral, la petite brise sur le visage qui caresse la peu et fait palpiter les narines, soudain cette impression de liberté, de respiration si aisée qu’oubliée est l’oppression constante, la nécessité de toussoter, de se racler la gorge, de dire pour s’amuser de cette gêne « vais retrouver ma voix ». D’où ce miracle ?
Chercher : trouver que sur les bords de cette vallée et plus encore dans la partie ouest quand on se rapproche du lit du fleuve, pour ceux qui y sont sensibles | âge, fragilité, ceux qu’on nomme « les personnes à risque » | selon ce que disent les scientifiques, selon ce que constate le site d’ Atmo-Sud, marcher dans la gloire, dans la lumière, dans la beauté de la campagne environnante, et plus encore dans les rues des villes ou gros villages, c’est avaler dans l’air qui est vie entre quatre ou cinq fois plus de dioxyde d’azote et autres joyeusetés que ne le recommande l’Organisation Mondiale de la Santé, et, pour atteindre secrètement, invisiblement, insensiblement le sang et le coeur, de belles rations de minuscules, microscopiques particules fines.
Matin dans les bourrasques du vent, au jardin de l’ami, agrippée au tronc du petit amandier, le regarder ramasser des pommes tombées et se redresser en chancelant un peu sous une claque de l’air, échanger nos rires de grand coeur, grande joie et grande liberté.
Un responsable d’Atmo-Sud : « ces derniers jours offrent un peu de répit… C’est une caractéristique du département : cette présence du mistral, qui permet de disperser un peu, voire parfois beaucoup, la pollution. » mais il ajoute que par contre le vent nous amène des restes de la pollution plus au nord, en moindre quantité.
Le vieil homme assis les deux mains sur sa canne me regardant retrouver mon souffle une main sur ma canne : « on a fait des efforts, bon on est pire qu’ailleurs mais ça s’est bien amélioré, y a plus guère que l’ozone et les particules, tu n’as qu’à ne pas être fragile ». Et je lui réponds que nous n’avons qu’à…
#5 – L’immeuble rose du 22 boulevard Raspail
Passer pendant des années devant cet immeuble rose où ne suis jamais entrée, qui marquait une étape du trajet, attirant l’oeil, le plus grand de la rue, en retrait sur l’alignement derrière une petite barrière basse et ce qu’une agence aurait appelé un grand espace arboré, avec places de parking. Longue bâtisse de style art déco, d’un rose vieilli, cinq étages de treize portes-fenêtres sauf le dernier qui n’en comportait que sept au centre, ouvrant sur de petits balcons arrondis individuels, dessinant ainsi un corps central encadré par deux ailes — les balcons rectilignes des premier, deuxième et troisième étages tels une petite partition musicale soit : un balcon pour quatre porte-fenêtres, deux porte-fenêtres ouvrant sur un garde-corps, un balcon pour trois porte-fenêtres, deux garde-corps, un balcon pour quatre — au rez-de-chaussée des portes cintrées sauf les trois centrales rectilignes ouvrant sur un petit perron à colonnes. Une impression d’aisance, avec cet étonnement : pas de rideau, pas de fleur et pas de mouvement sauf une fois une silhouette montant dans une voiture… impression d’abandon, de vide, mais l’entretien indiquait qu’il était toujours en fonction. Interrogation paresseuse quant à la nature de son occupation jusqu’au jour où, arrêtée pour me reposer sur un des bancs entre les platanes qui bordent le trottoir, faisant attention aux panneaux installés à côté de l’entrée du parking/jardin et surtout au plus haut où une silhouette courant, bleue sur fond blanc, dit « sécurité sociale », je réalise qu’ils s’agit de bureaux installés dans un bâtiment qui ne leur était manifestement pas destiné à l’origine.
2020, un grillage surmonte la balustrade, auquel sont accrochés quelques écriteaux disant accès interdit ou des textes expliquant sans doute en quoi consistent les travaux qui vont être entrepris. Quelques mois plus tard|je ne sais plus combien|les travaux commencent… janvier ou février 2022, un grand panneau vante les appartement bientôt disponibles, on soigne le jardin après creusements, canalisations, rebouchements et j’ai la curiosité de chercher l’adresse sur internet — je découvre le site du promoteur, je lis Ce projet de réhabilitation d’un ancien hôtel de luxe des années 30, situé 22, boulevard Raspail à Avignon, s’adresse avant tout à ceux qui recherchent une solution d’investissement en immobilier locatif à fort pouvoir défiscalisant. Éligible au dispositif Malraux, il s’agit en effet d’un programme qui cumule l’opportunité d’investir dans un bien remarquable du patrimoine et de réaliser des économies d’impôts substantielles. En plein cœur de la cité des Papes, ce bâtiment doit faire l’objet d’une restauration minutieuse ayant pour finalité de lui restituer aspect d’origine et de créer 21 appartements, du T1 au T5, livrables lors du 4 ème trimestre 2022. — fin 2023, l’immeuble vit avec une réserve de bon ton et les balcons sont fleuris.
#6 – pluies
Vous pluies soyez reines, venues du souvenir de nos dos courbés sous les pèlerines, nos galoches glissant sur la rive et nos rires d’enfants sous votre déversement sur la terre et la mer au Conquet.
Vous pluies soyez reines, faites monter des cours une odeur d’humus pour accompagner celle des pommes brûlées sur la fonte du poêle dans l’ennui du couvent.
Vous pluies soyez reines, exauçant nos voix aigües et fausses cheminant dans le jardin de Soeur Marie Berthe pour les Rogations.
Vous pluies soyez reines, vous moquant de la mauvaise humeur des humbles citadins sur le chemin du travail.
Vous pluies soyez reines, jouant avec nos chemins de terre poussiéreuse et de cailloux en gardant une gente réserve pour ne pas en faire des torrents.
Vous pluies soyez reines, et faites vous lentes et douces sur les petites tentes installées faute de mieux dans les rues et recoins de nos villes.
Vous pluies soyez reines, pleines de bienveillance et de fantaisie et contre toute vraisemblance, contre toute règle, contre votre mère nature, arrosez les coins de désert où on abandonne des voyageurs indésirables.
#7 – ni seule ni avec
ni seule ni avec eux les aimés les rencontrés les indifférents les devinés les imposés les lurons les fâcheux ni attachée à leur mots ni insensible à ce qui ne disent pas ni oublieuse de la lumière sur une épaule une joue un coin de lèvre un sourcil dansant ni s’envolant avec l’oiseau qui s’élève au dessus d’un buisson ni chèvre au maquis ni pigeon sur la place ni lavoir au village ni vaguelette caressant la laisse argent ni chouette de l’Acropole ni alouette lancée avec des rêves et légendes au-dessus du lit d’un ruisseau ni vieille ânesse sage résignée et compréhensive mâchonnant un chardon ni désireuse d’entendre ni lasse d’écouter ni souriante ni tragique ni proche ni en allée ni fière ni généreuse ni intuitive ni rationnelle ni raisonneuse ni gracieusement inconsidérément égoïstement résignée à ne rien comprendre ni intelligente…
#8 – sur une branche feuillue
Assise sur une pierre blanche sous le pont jeté au ras de l’eau sur un des bras enserrant l’île, nuque, bras, jambes tendues et pieds sur les galets ardant sous le poids du soleil dardé sur moi et l’entourage, yeux sur les taches scintillantes de l’eau verte qui file, entre buissons et arbres, vers une large courbe en aval et appelle mon désir, mon hésitation, ma certitude que ne puis… Une branche feuillue, arrachée par le vent de la nuit dernière, est coincée entre deux pierres, j’y pose mes yeux, mon esprit, la force de mon désir, je la dégage, elle tourne un peu, prend le courant et nous filons (nous filerions mais je bannis le réalisme de ce conditionnel) voyant s’ouvrir devant nous, entre les deux haies, l’espace large du fleuve. Les buissons de la rive gauche que je longe tombent directement dans le courant, deux voix rieuses me dépassent, sans doute des cyclistes sur le chemin qui s’est rapproché, caché derrière la verdure. Un peu plus loin une rampe de mise à l’eau descend de la rive droite moins boisée mais tout aussi déserte, et pendant que je la regarde nous sommes prises, la branche et mon désir, dans la petite écume d’un remous… la force de la rivière qui vient se jeter dans le fleuve et nous écarte de la rive avant que nous reprenions notre sereine avancée… une petite plage, l’herbe, la petite route qui remplace le chemin de halage s’est rapprochée, les buissons reviennent mais plus espacés qu’ils ne l’étaient avant le confluent, une camionnette arrêtée sur le chemin devant le grillage entourant des remparts de parpaings entassés, en attente, aucune présence humaine, nous glissons, un trou dans la verdure en face d’un portail fermé sur l’allée d’une usine endormie à cette heure du mitan du jour, le fleuve, ou plutôt notre bras du fleuve, devient un peu plus étroit, un nouveau trou dans la verdure pour dégager la vue sur deux villas jumelles peintes de roses différents, une camionnette rouge au hayon ouvert garée à côté de la première, ni humain, ni silhouette… une bâtisse en ciment derrière des roseaux sur la rive droite, en retrait derrière un espace d’herbe rase borné par des peupliers… à gauche, au dessus des buissons, la tour et la goulette d’une usine de granulats, des arbres espacés aux troncs tourmentés couverts de lierre, un camion dont la bâche blanche faseille un peu roule vers l’amont… nous dépassons une camionnette bleue le passager a posé son coude sur la route ouverte et la radio lance brièvement l’éclat d’une voix criarde… la vue dégagée sur le terrain d’un marchand de petites vedettes blanches soigneusement alignées… un jardin potager entre la petite route et notre courant, juste avant qu’annoncée par le familier bruit de la circulation, une route importante vienne longer la rive, la dominant un peu et bordée d’un muret de béton ce qui me cache les éventuelles maisons la bordant… le long de la rive droite les voix aigües et les coques colorées d’une série de petits kayaks menés par des paires de pré-adolescents sous la garde d’un canot… le bruit d’une file de véhicules redémarrant après un feu… le fleuve fait lentement, largement, un coude… des ajoncs entre les troncs… un banc d’herbes et de plantes entre notre coulée et la route, un buisson de laurier dans le large virage du fleuve, une carcasse de péniche abandonnée et la petite vedette blanche d’un vieil anglais | du moins je le pense | penché arrosoir en main sur les pots de géranium installés sur la plage avant… un peu plus loin la rive se transforme en quai dominé par la route.. la longue péniche transformée en hôtel éternellement inoccupé et juste après, sous le cordage d’amarrage un pécheur assis incarnation d’une patience devenue absence… un joli voilier au mat replié, la rampe bordée de lauriers s’élevant jusqu’au niveau du chemin de halage qui rejoint le niveau de la route et s’élargit là où vient s’implanter le ponton de la navette fluviale, ponton contre un poteau duquel ma branche se cogne avant de tournoyer et de reprendre sa descente vers le pont qui apparait maintenant, dominé par le rocher. Des voix venues de l’île, les silhouettes s’agrandissant des piétons arpentant le pont, une femme penchée vers le fleuve à côté de la chapelle au moment où nous glissons le long de la première pile, les rires d’un enfant, le murmure des voix… le pré descendant depuis les remparts, deux coureuses en short et débardeur, un cycliste poussant son vélo, un tente fermée à coté de deux gars discutant sous le grand pont traversant… ma légère crainte en voyant arriver les proues des péniches de promenade amarrées mais le flux nous en éloigne et nous continuons notre course presque au centre du fleuve…
#9 – exploration
Au centre disiez vous… mais au centre de quoi ? De la terre ne saurais c’est bien trop loin pour moi bien trop chaud aussi infiniment plus que mon futur brasier | ne serais plus même en pensée en y arrivant… Des océans ? l’imprécision de son emplacement et les interminables colloques à organiser pour le déterminer j’aimerais assez mais je ne me souhaite pas d’en avoir le temps et puis il y a la pression… quoique le centre ne signifie pas le point le plus bas le tréfonds des abysses (autres conférences à réunir). Du silence ? séduisant un rien vertigineux finalement assez effrayant… mais le peut-on ? je crois qu’on a conçu des espaces à cette expérience dédiés mais je m’interroge ou plutôt je doute : ne resterait-il pas le son des acouphènes et le bruit de mon sang dans mes veines ? Du crâne… non du mien j’en aurais petite crainte… de celui qui a eu cette idée ? je ne voudrais le lui imposer… de ceux qui refusent condamnent craignent injurient tous ceux qui n’ont pas la chance d’être comme eux ? l’envie perverse m’en vient. Oui mais comment.. il serait plus facile peut-être mais hors sujet de chercher à aller au centre de leurs idées trompeur également parce que ma tendance serait de m’arrêter à une catégorie | la mauvaise | en ignorant leur gout éventuel pour les chats les boutons de rose le majong ou leur petite fille… non il s’agit de pénétrer et voir l’intérieur de leur crâne ce qui le constitue et tant pis s’il est plus que probable que cela ne donnera aucune lumière sur leurs pensées… de pénétrer la barrière du crâne proprement dit les os en choisissant le point de pénétration sans doute en m’appuyant sur le souvenir que les plaques ont de la fontanelle pour qu’elles acceptent de me laisser passer en m’insinuant entre la partie frontale la selle turcique du sphénoïde et l’os occipital avec même respect que j’ai pour la fragilité cachée | ai cassé en tombant de tout mon haut le large et épais bracelet de bébé de ma mère qui ne se laissait pénétrer que par mon seul poignet | la matité la masse de l’ivoire puis en franchissant sans causer trop de dommages | il importe de conserver une éthique | les méninges en barbotant une seconde dans le liquide céphalo-rachidien pour gagner un des ventricules et atteindre le cerveau. Faute d’être une lilliputienne je tente de me persuader qu’une échographie cérébrale me permettrait de faire cette promenade au moins visuellement si ce n’est que je n’y ai pas accès et que je serais bien en peine de lire le film obtenu qui ressemblerait davantage à l’image floue d’un balayage qu’à celle de l’objet observé mais je pourrais me faire assister d’un guide en la personne d’un spécialiste… faudrait le convaincre et plus malaisé encore obtenir la coopération du méchant choisi… d’autre part je ne pourrais prétendre parcourir ce trajet uniquement par une image peu lisible, manquerait le toucher… je peux l’imaginer avec assez de force pour croire au contact avec l’os mais les risques d’erreur sont plus nombreux pour le tissu de la dure-mer de l’arachnide et de la pie mère et ça se corse avec les volutes gélatineuses rosâtres du cervelet la matière grise du pallium et toutes ces régions du cerveau que les images d’écorchés me présentent de couleurs variées. C’est décidé, perdue et vaguement dégoutée | souvenir des cervelles rissolées que me servait ma grand mère | j’abandonne cette idée et comme j’ai ainsi perdu beaucoup de temps je décide d’aller au plus simple et puisque l’idée de centre n’entraine pas celle d’une profondeur quelconque d’aller poser mes pieds sur les grandes dalles blanches et carrées de pierre| ne sais quelle est leur provenance | au centre de la place voisine entre les tables et chaises de deux restaurants. Il y a une jolie petite feuille rouge sur les feuilles mortes blafardes des plantes qui n’ont pas encore été balayées, on dirait qu’elle marque le centre.
#10 – maquillage qui s’efface
— pas vraiment une pierre, on devait dire un caillou
— un caillou ou un galet, il n’a pas d’arrête, pas de trace de casse
— un ovale étiré qui n’est pas symétrique et régulier comme l’est celui d’un oeuf
— trop peu épais pour ressembler à un oeuf, ou aplati si cela se pouvait…en fait un galet
— un galet qu’une eau vive aurait fait rouler, aurait usé pour une main, un peu trop épais cependant pour faire des ricochets
— une surface qui semble lisse mais a un grain sous le doigt même là où il est nu
— parce que ce galet trouvé sur le sol d’une cour, reste sans doute d’une décoration antérieure, a été maquillé par une peinture d’un ocre jaune
— une peinture ocre jaune que les années d’abandon sur les dalles de la cour, roulant sous le souffle du vent qui se déchaine parfois, heurtant un pot de plante ou un mur, ont écaillée
— peinture écaillée jusqu’à révéler par places la matière du galet, sa teinte d’un brun légèrement roux, deux veines plus claires traversant en biais le plus grand manque de ce maquillage, des variations presque imperceptibles juste pour montrer que c’est vraie surface
— petit mais juste lourd comme il faut dans la main.
Si tendre si doux si léger un silence habité de toute part, merci infiniment Brigitte
merci
Trop de belles choses pour que j’arrive à sélectionner des passages. Quelle richesse, quelle sensibilité… On est au mieux de ce que j’imagine que peut être l’ecopoétique
…le dégradés des noirs, le passage au blanc ; les bruits et leur absence, belle description d’un passage au jour.
merci… et désolée ai pas le tempsces jurs ci ni la force de lire (me rattraperai)
« le miracle survient encore une fois, nous, taupe, air, oiseau, branches, nous retrouvons chacun notre je et c’est la défaite de la nuit. « Malicieuse synthèse de votre solitude habitée et si inspirée.
mercii Marie-Thérèse
il y a deux moments dans la niuit :quad on travaille le coup de pompe vers trois heures du matin
et à l’aube cette sidération d’un instant avant le début de la lumière diurne
Je connais déjà ces sommeils hachés qui nous font vivre en décalage réglé avec l’horloge des autres. Néanmoins, vos nuits vous permettent une belle écriture ou vos souvenirs s’éclairent de vos mots si bien choisis. Et j’aime en particulier cette visite de maison aux oiseaux et aux sonnettes de vélo… « un agencement surprenant derrière lequel semblait régner un soin mélangeant un souci esthétique et le plaisir de l’absurde, « . C’est ce qu’on peut appeler un « cabinet de curiosités »… inépuisable source d’émerveillements.
oh que c’est gentil Marie Thérèse… oui « cabinet de curiosité » mon rêve depuis toujours qui ne sera pas réalisé (mais ce n’est pas grave, on peut imaginer) … un peu peur simplement que cela soit à côté de ce qui était prévu
Dense et fluide…comme toujours!
Et j’aime beaucoup cette phrase: »le miracle survient encore une fois, nous, taupe, air, oiseau, branches, nous retrouvons chacun notre je et c’est la défaite de la nuit. »
merci Solange…vais peit être avoir du temps aujourd’hui pour lire un peu (si lente suis)
Moi aussi, cette accroche est géniale.
Charmant, délicat, vécu, tout ce que j’aime. Merci Brigitte.
merci Danièle
« Je reste là. Dans la même attente que l’air, le son, la lumière, la terre et les arbres. Je reste là. Pour une fois ma solitude se noie dans la même fragilité, la même vacance que le son, la lumière, la vie, dans cette attente. Est-ce que je tremble ? je frissonne comme la taupe blottie dans son terrier, comme les oiseaux invisibles qui n’osent chanter. Il y a le froid, la chaleur des draps qui s’enfuit. Il y a la pensée qui me vient et un frémissement dans les branches de l’olivier, le pin qui dessine son dôme et le timide bleu qui s’éveille lentement… » quelle chance de pouvoir , toucher, sentir et dire ainsi, si juste : être pierre , taupe, ciel, être avec, être comme. Merci Brigitte !
grand merci à vous Nathalie – me requinque
je suis fascinée par ce que chacun explore dans cet exercice…
ici chez toi, c’est l’aube, le moment du passage entre nuit et jour
et je retiens : « La nuit retient son souffle et les noirs se sont dégradés en une clarté qui est manque de lumière comme un passage au blanc peuplé de formes vagues »
merci Françoise
Ça a commencé par les oiseaux ( et le titre emporte) les oiseaux en assiettes brisées. Cette collection d’adulte qui n’a pas résisté au temps ( me souviens des buvards et de leurs potentialités plastiques) et vos phrases font vibrer cette folie de plumes en effigie; tout un art de nous faire voir Brigitte . Merci .
grand merci Nathalie… vais soigner mes yeux pour aller lire tout le monde cet après-midi… j’étais intriguée par ce que vous aviez tiré de ce thème (me refusait un peu, mon idée lancinante étant de trouver au contraire comment évacuer… l’antre n’ayant pas la taille d’un entrepos, sinon suis assez entasseuse)
là, la belle idée et le drôle de souvenir de cette collection d’oiseaux qui me ramène d’ailleurs à mes propres oiseaux flottants et autres petites figurines ailées achetées elles aussi dans les brocantes
et surtout surtout, ce titre litanie : « ça a commencé par les oiseaux » et on doit relire une deuxième fois pour faire plus ample connaissance avec le collectionneur avant de le perdre de vue
merci pour ce petit voyage…
merci Françoise
» Nous retrouvons chacun notre je, c’est la défaite de la nuit », vos façons de dire l’immédiateté m’enchantent avec ces formulations inédites. « je me rallonge en attendant que s’éveillent les bruits de la vie dans le navire qu’est cette maison sous moi, je me prépare à remettre mon jour à leur suite », ceci aussi.
Dans le second texte, on poursuit la visite du lieu avec vos yeux et cela pourrait ne jamais finir. Et tout cela depuis ce seul bout de phrase si bien mis en scène » ça a commencé par les oiseaux ».
merci à vois
‘et ça a commencé/.// » venu sous la douche comme toujours 🙂
Merci, Brigitte.
Merci d’avoir si joliment déroulé le fil d’une histoire et d’une rencontre qui semble inoubliable.
Natacha, Elise me voilà un peu ahurie et je vous en remercie 🙂
Oh Brigitte, que j’aime à vous lire… je suis sous le charme poétique de vos textes.
J’ai moi aussi une attention particulière dans la bascule de la nuit au jour. J’attends attentive les premiers piaillements d’oiseaux, ceux de 6h du matin, puis viendront le roucoulement des pigeons de 7h pour enfin conclure ce réveil par les coassements de 8h.
Dans un sourire, je me joins à vous pour dire « ça a commencé par les oiseaux… »
si gentille… suis confuse
« le miracle survient encore une fois, nous, taupe, air, oiseau, branches, nous retrouvons chacun notre je et c’est la défaite de la nuit. »
Quelle belle phrase pour finir la nuit. bravo pour votre texte.
merci
Deux beaux textes, un faible pour le premier et moi aussi cette phrase « le miracle survient encore une fois, nous, taupe, air, oiseau, branches, nous retrouvons chacun notre je et c’est la défaite de la nuit »
merci Perle
#05 j’aime beaucoup ce « l’immeuble vit avec une réserve de bon ton », douce ironie. Merci Brigitte pour ce morceau d’Avignon. Je suis allée sur Google Maps pour voir comment il était et effectivement, vous l’avez bien décrit.
merci il m’a longtemps intriguée et puis j’au suivi les travaux (chemin médecin)
Des textes beaux et forts. Une pensée émue pour la pluie du Conquet que je reconnais bien. Merci Brigitte.
Cette pluie que vous voulez voir tomber dans le désert m’a fait penser à une information que j’ai vue cet été. Le désert d’Atacama au Chili a été en fleurs après des pluies inhabituelles. Les photos sont magnifiques. Espérons que la pluie tombe alors un peu dans le désert et plus sur nous en ce moment. Je n’en peux plus de la pluie !
là c’était pour les migrants que l’on refoule et abandonne dans le désert
Si enchanteur de tant de justesse dès ce début de la #7 : « ni seule ni avec eux les aimés les rencontrés les indifférents les devinés les imposés les lurons les fâcheux ni attachée à leur mots ni insensible à ce qu’ils ne disent pas… » Quel œil et les mots qu’il faut pour traduire telles pensées. Merci, Brigitte.
oh que vous êtes gentille !
Merci pour la reines des pluies et la façon dont vous retresser le cantique, la pluie mérite bien cette invocation.
oh merci à vous
Du #8, ce défilement d’images au rythme de l’eau, si disparates, si pleines de vie, si réelles. Une exacte expression de ce que le fleuve tient à nous dire. Merci Brigitte.
grand merci à vous
j’avoue que je n’étais pas sure de moi – m’étais amusée, avais dû freiner et c’est généralement mauvais signe 🙂
et désolée d’être si piètre lectrice… tendance à me noyer dans une petite cuillère à café
#8 – on commence avec un je qui se transforme vite en « nous », un « nous » qui désignerait donc la narratrice et la branche feuillue (vraiment originale, cette idée du nous » qui réunit le regard et le bois flottant) s’entame alors un délicieux voyage qui nous fait renouer une fois au « je » avec une sensation de crainte
on a navigué donc en « nous » et en mode présent, mais j’aurais tout aussi bien navigué en mode conditionnel !!
je ne l’ai pas osé… voulais faire semblant de respecter la demande, mais nager même en suivant le courant n’a plus la force (en supposant que l’ai eu un jour… bon il suffit de se lasser porter mais avec tout ce que les humains lui font à ce fleuve je me méfie un peu)
« la branche et mon désir, dans la petite écume d’un remous… « emportée par les images
MERCI
J’avais relevé ce petit délice en passant aussi, comme Nathalie, « la branche et mon désir, dans la petite écume d’un remous ». Sinon j’ai aussi aimé le départ depuis la petite feuille coincée et tout le reste suit. Quelle présence à ce qui entoure dans votre texte, photo ou écriture, des images et des présences sont offertes, merci. Et aussi admirative de la présentation de l’ensemble, chez Françoise aussi, avec cette table des matières, tout comme François nous l’avait appris. Mais bien sûr je ne sais plus du tout comment faire et il me faudrait reprendre les vidéos explicatives, retrouver mes notes. Vous êtes d’une efficacité remarquable, chère Brigitte. Seul bémol à la présentation, il faut dérouler longtemps pour aller lire ou laisser un commentaire. Clin d’oeil.
Anne : https://www.youtube.com/watch?v=sPhlWxV8aAU&list=WL&index=1&t=473s (après avoir recherché dix fois l’ai mis en « à regarder plus tard » sur YouTube)
C’est une évocation très bucolique. Ce qui intrigue est cette île, en avancée, Piot ou Barthelasse ?, la seconde tellement gigantesque, un territoire étonnant qui cisaille le fleuve en deux.
merci Perle: la première (pas très visible l’île d’Oiselay (Sorgues)
Merci Brigitte, j’irai.
vertigineux le centre du slence, oui. C’est très beau cette simplicité sur centre de la place et sa feuille rouge qui en marque l’empreinte.
merci Perle (voulais lire quelques textes maintenant que suis délivrée de cette idée de cerveau mais pas forme d tout provisoirelent et obligations ce matin… tenterai ce soir avant de lire proposition #10
C’est plus qu’un voyage, un embarquement que votre texte vers le centre via le silence. Pour atteindre cette délicieuse fin et la feuille rouge. Et merci beaucoup pour le lien sur la présentation recommandée par François.
merci Anne (une libération de ce truc qui restait coincé cette feuille 🙂
Ce caillou peint avait un destin.
Quelqu’un.e l’a maquillé
Et vous l’avez mis en scène
Longtemps après
Il se souvient
Il avait un rôle
Il ne s’en souvient plus
Dans votre main
Il attend le prochain
J’adore les cailloux déguisés en histoires;
Ton commentaire prolonge si bien son histoire, Marie-Thérèse.
10 – Un petit caillou qui pèse finalement, et qui trouve sa place dans la main. Un texte bien pesé.
Marie Thérèse, Elise : trop gentilles êtes
Quelle bellel idée que celle du maquillage et on voit si bien ce genre de caillou, galet, pierre, j’aime aussi l’hésitation sur la dénomination. Merci, Brigitte.
merci (n’en dirai et taperai pas davantage, me suis coupée et tape avec un doigt 🙂
Juste là comme il faut pour le lire. Comme ce galet choisi par le manchot en amour déposé aux pieds de sa belle. Merci Brigitte.
merci (me fait rêver ce commentaire)