#nouvelles, boucle 2#03# Il y aura les familles …#

Il y aura les Nathan et  les Leheu. Il y aura  aussi la famille du père inconnu. 

Avant de parler des Nathan, c’est à dire de Soizic Le Goff épouse Nathan et de Isabelle Nathan. Il ne faut pas oublier de parler de Yves Le Goff, le père de Soizic et de Marie Le Goff la mère de Soizic. 

Peut-être aurons-nous le temps de parler des Le Goff, peut-être pas. Ce n’est probablement pas important car Marie Le Goff s’est fâchée avec sa fille Soizic qui avait tout juste dix sept ans et elles ne se sont plus jamais parlé après. Elles ont été fâchées  jusqu’à la mort de Marie Le Goff. Marie Le Goff s’est fâchée, car Soizic Le Goff était indépendante de caractère et a refusé de rester vivre à la ferme  de Kernon dans les monts d’Arrée pour s’occuper de ses parents qui étaient âgés de cinquante ans à l’époque. Plus précisément  Jean Le Goff avait cinquante ans et Marie Le Goff quarante huit ans. Ils avaient déjà eu cinq enfants avant la naissance de Soizic. L’aîné Yvon a repris la ferme quand le moment est venu, la deuxième Yvonne s’est mariée avec le fils aîné de la ferme voisine de celle des Le Goff, le troisième Jean et le quatrième Jeannot-le petit sont devenus soldats, la cinquième Jeanette est partie travailler à Paris et n’a plus jamais donné de nouvelles. Soizic Le Goff était la dernière, elle était née pour rester à la ferme et s’occuper de ses parents lorsqu’ils seraient âgés. Mais à dix-sept ans, Soizic a décidé de partir. C’était un esprit indépendant. Soizic est allée vivre à Rennes. 

Nous n’en dirons pas plus sur la famille Le Goff, Soizic est partie vivre à la ville et n’a plus jamais donné de nouvelles non plus. De la guerre, seul Jeannot-le petit est revenu. A cause des vapeurs de gaz, il ne pouvait plus travailler à la ferme. Il restait toute la journée dans son fauteuil à roulette près de la cheminée, Soizic avait trois ans et lui apportait sa soupe dans un grand bol. Elle riait beaucoup quand il l’aspirait avec une paille en faisant de grands bruits. Elle riait beaucoup jusqu’à ce que Marie Le Goff la gifle et la traite de mauvaise fille. Soizic avait cinq ans lorsque Jeannot-le petit est mort. Elle a pleuré. C’était la seule de la famille à le faire car elle était encore une enfant. 

C’est tout pour la famille Le Goff. D’ailleurs Yves Le Goff et sa soeur Yvonne Le Goff n’ont jamais cherché à retrouver Soizic Le Goff.

Avant de parler des Nathan, il faudrait parler des Leheu. Le père Mathieu Leheu, la mère Joséphine Leheu et le fils Yann Leheu. Ils ne font que passer dans cette histoire, est-ce nécessaire de les présenter ? Les Leheu venaient de Rennes, en dix neuf cent trente neuf ils sont venus s’installer à Longaulnay. Les Leheu étaient des citadins. Joséphine Leheu trouvait le hameau de Langaulnay trop petit. Elle partait pendant de longues semaines rejoindre sa soeur Paulette Traon épouse Nathan qui était restée vivre à Rennes malgré les bombardements. Mathieu Leheu le père avait repris le bar du village et s’était intégré à la vie locale. Leur fils Yann Leheu a surtout été élevé par son père. Il passait ses journées dans le bar Leheu. Yann Leheu s’est engagé dans la marine à dix-sept ans, il a fait le tour du monde. Il avait vingt quatre ans lorsqu’il est revenu. Il a repris le bar du père Leheu pour le transformer en magasin de journaux. Yann Leheu était un beau parleur, il avait toujours une histoire à raconter. 

Il faudrait maintenant parler des Nathan. Paulette Nathan était la soeur de Joséphine Leheu. Leurs parents Honoré Nathan et Victorine Severan épouse Nathan possédaient des immeubles à Rennes et une usine à papier sur la Rance. Honoré Nathan avaient hérités les immeubles de son père, le père de Victorine possédait l’usine à papier.    

#nouvelles, boucle 2#02# Séverine Plumier#

Séverine Plumier

Isabelle Séverine Béatrice Nathan, pseudonyme Séverine Plumier,  née le 14 mai 1946 à Bécherel et morte le 13 juin 2010 à Longaulnay, est une bouquiniste et une activiste du livre 

Biographie

Famille et vie privée

Isabelle Séverine Béatrice Nathan est la fille d’un éditeur rennais dont le nom ne sera jamais révélé par sa mère Soizic Nathan, employée dans une maison d’édition à Rennes.  En mai 1968, elle épouse Yann Leheu, marchand de journaux à Longaulnay. Ce mariage sera annulé un an plus tard pour cause bigamie de Yann Leheu. Cet événement ne perturbe pas la vie d’Isabelle Nathan qui s’était séparée de son époux le lendemain du mariage et s’était installée dans la commune voisine de Bécherel. Elle prend alors le pseudonyme de Séverine Plumier. 

Bouquinisme

C’est à l’occasion de son déménagement à Bécherel qu’elle fait l’acquisition d’une grange au lieu-dit Les saules à Longaulnay. Il n’est pas démontré que l’argent de cette acquisition provient de sa séparation d’avec Yann Leheu. Elle découvre dans la grange une camionnette Citroën Type H grise délabrée. En 1970, elle décide de la transformer en librairie de livres d’occasion et parcourt les routes pour intervenir sur les marchés des villages du département d’Ille et Vilaine. Elle parvient rapidement à remplir sa camionnette de livres usagés récupérés pour la plupart lors de successions ou de vide-maisons. Dès cette époque, elle a beaucoup de difficulté à se séparer des ouvrages accumulés dans son véhicule. 

Elle élabore alors une première méthode de rangement et mets en place la technique de l’aération des oe1uvres consistant à placer les derniers ouvrages récupérés au fond de la camionnette en repoussant vers le hayon arrière les plus anciens. Ceux-ci tombent alors dans une panière à roulette, déplacée devant le véhicule  et directement accessible aux clients pendant la vente sur les marchés. 

Toutefois, cette technique ne donne pas les résultats escomptés, Séverine Plumier refusant souvent de vendre les ouvrages entassés dans la panière à roulette. 

Dès janvier 1971, elle aménage la grange des Saules pour accueillir un premier fonds de trois cent quatre vingt mille deux livres d’occasion ainsi que quelques dizaines de bandes dessinées. Dans un premier temps n’étant pas satisfaite de leurs classement, elle n’envisage pas d’ouvrir cet espace au public. Elle changera d’avis en juin 1981. Pendant quelques mois, les six cent quatre vingt habitants de Bécherel pourront admirer les six cent quatre mille cent vingt deux références entassées sur les étagères occupant toute la surface de la grange ainsi que le grenier à foin. L’expérience prend malheureusement fin lors de l’effondrement du plancher du grenier. Personne ne sera blessé lors de cet accident. Certains ouvrages seront toutefois fortement endommagés. Séverine Plumier sera durablement traumatisée par cette mésaventure et renoncera définitivement au métier de bouquiniste en 1988. Elle refusera également d’être la marraine de la première fête du livre de Bécherel organisée à Pâques, en 1989. Lorsque Bécherel deviendra le premier village du livre de France, Séverine Plumier ne sera pas invitée à la cérémonie, ni même citée.   

Activiste du livre

A partir de décembre 1989, Séverine Plumier bascule dans un activisme intransigeant de la protection du livre. Sa première action d’éclat fût son enchaînement sur les grilles d’une maison d’édition rennaise pour empêcher la destruction des exemplaires invendus. Elle organisa également des opérations de récupération de pilons2 pour les redistribuer dans des lieux publics. Ces différentes actions ont fait l’objet d’un reportage dans le journal du livre. 

En 1993, elle mets en place la première boite à livre de Longaulnay et place en dépôt quelques unes de ses références possédées en triple.  Plusieurs mois après, elle découvre la transformation de ces ouvrages en sculptures sur livres par le club d’art plastique du village. Elle décide alors de détruire sa boite à livre et publie une protestation3 dans le journal de la commune. Incomprise par ses concitoyens, elle s’isole dans sa grange rafistolée et n’en sort que pour écumer les boites à livres d’Ille et Vilaine afin de sauver un maximum d’ouvrage. Les enfants du village la surnomme alors La mémére aux livres 

Elle s’éteint en juin 2010 entourée de ses livres aimés. Sans descendance, ses biens seront distribués dans les librairies de livres d’occasion du département. 

Bibliographie

  • Séverine Plumier, L’aération des oeuvres, Plumier éditeur, Bécherel, 1979 (ISBN à préciser)
  • Non aux pilons de Séverine Plumier, Journal du livre, août 1989
  • Livres en souffrance de Séverine Plumier, Journal de Langaulnay, semestriel 1994
  1. Séverine Plumier, L’aération des oeuvres, Plumier éditeur, Bécherel, 1979 (ISBN à préciser) ↩︎
  2. Non aux pilons de Séverine Plumier, Journal du livre, août 1989 ↩︎
  3. Livres en souffrance de Séverine Plumier, Journal de Langaulnay, semestriel 1994 ↩︎

A propos de Noëlle Baillon-Bachoc

Lectrice compulsive, attirée depuis le plus jeune âge par la littérature de l’imaginaire avec une prédilection pour le fantastique. Je me consacre à présent totalement à l’écriture. J’anime des ateliers d’écriture et des stages dédiées à la littérature de l’imaginaire.

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