Avoir une bibliothèque m’a toujours semblé évident. Je ne comprends pas les gens qui demandent sur les réseaux sociaux tel classique qui ne coûte rien parce que le petit l’a au programme. Avoir une bibliothèque, c’est comme garder des traces de vie, d’émotion, de moments. Je me retrouvais très bien dans cette stratification chronologique, allégée par ce qu’on perd, égare, prête, donne. Le temps passant et les livres non essentiels pullulant (qu’on achète quand même pour voir) cela devient ingérable. Mon mari a créé le classement alphabétique par noms d’auteur et les étagères adéquates pour les formes romanesques et thématique pour les essais, les BD et autres formes (les livres photo). C’était encore trop : j’ai vendu un temps les nouveautés sans intérêt (trop lourd à gérer), fréquenté la bibliothèque, donné mes achats compulsifs en bibliothèque, consommé des e-books (trop chers et non partageables).
J’ai rêvé de la bibliothèque numérique universelle. Quand Google a commencé à passer des accords avec les grandes bibliothèques… et puis de désaveux de directeurs en procès des éditeurs, on n’en a plus parlé. J’aime Gallica, Manioc et Numélyo. Je lis Balzac, Maupassant et Chateaubriand sur Kindle. Je rêverais d’habiter à la porte d’une très grande bibliothèque publique où je trouverai tout. Pas de ces bibliothèques de prêts consacrés à la lecture publique qui désherbent chaque année ce qui ne sort pas, une vraie bibliothèque. La place, le livre prend de la place.
Le livre papier, c’est irremplaçable, commode, solide. Tous ces arbres qu’on coupe ! la dépense énergétique et en eau des serveurs ! la place, le coût, le temps ! j’achète des livres d’occasion, j’en prends dans les boites à livres. Je ne pourrais pas vivre sans livres.
Ma bibliothèque m’encombre, ce n’est pas une bibliothèque de travail, juste des jalons de vie, une bibliothèque très datée, dans laquelle je déniche parfois une pépite oubliée.Une mémoire, mais une mémoire morte car je relis peu. Pourtant j’y tiens et je ne suis pas capable de m’en séparer. Quand je serai morte, que deviendront mes livres ? C’est un souci. On garde peu de choses des absents, souvent seulement les plus utilitaires : un couteau, un vase, un bol, des cuillères. Le reste part chez Emmaüs. De la bibliothèque de mes parents, je n’ai gardé que quelques ouvrages, Sartre peut-être et « la navigation sur la Dore et L’Allier ». Mon frère a pris les « beaux livres » qu’il n’a sans doute jamais ouverts depuis : un Rabelais illustré par Dubout dont je me souviens parce qu’un autre frère en avait reproduit les dessins sur les murs de sa chambre. Lesquels de mes livres seront jugés utilitaires, nécessaires, indispensables ? Aucun sans doute !
Je me bats aujourd’hui pour la bibliothèque publique de mon village. La culture gratuite, c’est passé de mode. On veut du spectacle vivant. Vous pouvez lire, c’est sur mon blog https://www.lesmotsjustes.org/post/cent-ans-de-biblioth%C3%A8que-%C3%A0-lissieu-et-m%C3%AAme-plus
Tellement intéressant le contenu de ton #01, Danièle. Je partage ton avis sur tous ces points que tu exposes si bien. Que deviendront nos livres, qu’en conserveront nos enfants, qu’a-t-on sauvé de la bibliothèque de nos parents, le désherbage des bibliothèques en fonction de ce qui n’est pas sorti ? Grand merci.
Merci Anne. Des propos décousus et contradictoires à l’image de ma perplexité devant les bibliothèques, indispensables et complexes.
Bibliothèque jalon de vie (dont on s’encombre ) ces livres jamais relus mémoire pas forcément réactivée dont on ne peut se séparer . Avoir une grande bibliothèque à quelques pas me plairait aussi . Se battre pour une bibliothèque c’est beau !
merci Nathalie