Depuis le mois de janvier, j’ai envie d’une bibliothèque. Janvier, c’est quand j’ai commencé à animer des ateliers d’écriture.
Avant, comme tout le monde, j’avais des livres
Maintenant je veux une bibliothèque.
Différence entre « des livres » et « une bibliothèque » : outre l’utilisation d’un mobilier ad hoc, ce qui distingue pour moi la bibliothèque, c’est qu’elle fait signe. Une bibliothèque expose des livres. Que le public ne soit constitué que de ma seule personne est secondaire.
Quand j’imagine ma bibliothèque, je ressens quelque chose comme ceci :
Ma bibliothèque aura pour mission de me compléter comme mon doudou Balou le faisait. Elle devra aussi, comme Balou, me rassurer, et c’est là que les choses deviennent moins cute : pour me rassurer, Balou me racontait que je n’étais pas seule puisque je l’aimais. Pour me rassurer, ma bibliothèque me racontera que je ne suis pas seule puisque je suis digne d’être aimée.
Le contenant (le meuble) de ma future bibliothèque ne rentrant pas dans les 8 m2 de ma cabane, j’en constitue peu à peu le contenu, que j’accumule où je peux:
On le constate, rien que de l’édifiant: de la poésie, les éditions de minuit, Kafka, Sarraute, Kundera, etc… Exit les petits romans piochés au hasard des boîtes à livre.
Ce que je lis désormais est chargé de mission:
– Légitimer ma position face à mes écrivants
– Faire de moi une écrivante acceptable
– Faire de moi un être à l’épaisseur intellectuelle indiscutable
– Faire du volume (pas de pire faute de goût qu’une étagère à moitié vide)
En fait, ce n’est pas drôle. Il paraît que Clarice Lispector n’avait à peu près rien lu. Je crois que je vais brûler tous mes livres.
La chute est délicieuse après une tentative d’utiliser les livres comme un ascenseur vers la vie adulte. Bravo ! Lispector ou rien… c’est pas banal…
« ce qui distingue pour moi la bibliothèque (des livres en vrac ?) , c’est qu’elle fait signe. Une bibliothèque expose des livres »
« Ma bibliothèque aura pour mission de me compléter comme mon doudou Balou le faisait. »
« Ce que je lis désormais est chargé de mission:
– Légitimer ma position face à mes écrivants
– Faire de moi une écrivante acceptable
– Faire de moi un être à l’épaisseur intellectuelle indiscutable
– Faire du volume (pas de pire faute de goût qu’une étagère à moitié vide)
En fait, ce n’est pas drôle. Il paraît que Clarice Lispector n’avait à peu près rien lu. Je crois que je vais brûler tous mes livres. »